Le spectre du blocage
Il ne suffit pas d’arriver en tête dans une commune quelconque pour avoir les mains libres pour l’exercice d’un mandat électif local. Pour cela, il faut disposer de la majorité absolue. Dans les 1 541 communes que compte le pays, on ne dénombre que 391 majorités écrasantes permettant aux listes plébiscitées, d’entamer leur exercice sans encombre. Dans les 1 150 localités restantes, le scrutin a débouché sur des majorités relatives où le risque de blocage sera omniprésent. Des alliances entre les différents groupes politiques en présence doivent impérativement se constituer pour ne pas pénaliser, encore une fois, les populations qui avaient déjà souffert de ce type de difficultés. L’installation des exécutifs communaux et, ultérieurement, les délibérations se font à la majorité absolue. Lors du mandat précédent (2007-2012), de nombreuses communes ont été longtemps paralysées faute de cette cohabitation tant souhaitée. Des projets de développement de première urgence ont été conséquemment laissés en suspens, au grand dam des citoyens qui en attendaient la concrétisation avec impatience. Les élus de couleurs différentes boycottaient les sessions des assemblées et s’affrontaient à coups de motions de défiance, ajournant ainsi le traitement des nombreux problèmes des administrés. Chaque équipe s’entêtait à vouloir contrôler, à elle seule, tous les rouages de la décision même si sa représentativité partielle ne le lui permet pas. Dans certains cas, l’Administration a été amenée à s’en mêler pour éviter le pourrissement. Des communes ont été ainsi mises directement sous tutelle des chefs de daïra. Faute d’une connaissance suffisante des réalités locales, la gestion de ces derniers a souvent été dénoncée par les comités de villages et divers autres acteurs de la vie associative. Parfois, ce sont les élus congédiés qui alimentent le mécontentement pour compliquer davantage les situations. Afin de réduire ce type de dysfonctionnements, la nouvelle législation fixe un seuil de 35% de sièges pour pouvoir postuler à la présidence. Mais au cas où les 65% restants refusent toute cohabitation, on aboutira, quand même, au blocage. Aucun autre arbitrage n’est possible. Aussi, dans la situation où aucune formation n’a eu les 35% requis pour prétendre à la présidence, toutes les listes peuvent présenter un candidat. Cela peut conduire à des situations de gel d’activité. C’est pourquoi les nouveaux élus doivent absolument prendre conscience de ce vide juridique pour mettre l’intérêt public au-dessus de considérations partisanes, voire personnelles. La maturité politique et la clairvoyance doivent donc prévaloir afin de ne pas perdre de vue l’essentiel : le service public, les intérêts vitaux de la population et ses aspirations légitimes au développement et au bien-être. Espérons que nos élus n’oublieront pas si vite tous les dommages causés, pour ces mêmes attitudes, lors des mandats antérieurs.
Source La Tribune Kamel Amghar
Le Pèlerin