
Du coup, Amar Ghoul : il possède une autoroute, beaucoup d'argent, des fils, des liens et des relations et peut passer comme une bonne solution pour récupérer les islamistes urbains des classes moyennes ascendantes et reposer l'angoisse des tenants du pouvoir qui veulent prouver leur islamité. Le bonhomme se comportait déjà comme un élu du pouvoir, ces derniers temps : il devinait que le MSP de Soltani est une version morte et que l'avenir c'est lui et qu'il y a volonté de mise à jour. Est-il islamiste ? Ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel est qu'il est un bon produit qui comprend ce que l'on veut. Il a gravi les échelles du levant en jouant la carte du barbu intello, technocrate, cadre et sans barbe. Il a grandi dans le MSP, est sorti de la cuisse du MSP mais quand il s'agit de pouvoir, il est Ghoul, l'homme de lui-même, l'employé qui n'a pas de couleur ou seulement celle d'un reflet.
Les islamistes pour le régime ? Il s'agit de les convertir et de doucement les tamiser : du FIS à Nahnah, puis de Nahnah à Soltani l'obéissant floué, puis de Soltani à Ghoul. Et de Ghoul ? On va voir. Il s'agit de doucement canaliser ce front et de jeter les feuilles mortes vers Gao et les plus utiles vers le nouveau parti.
Et encore une fois la preuve que la vie n'existe pas chez ces gens-là. Le politique est un jeu de courtisans fabriqués à la main, que l'on gonfle et dégonfle, selon les besoins. Cela tout le monde le sait ou presque. Donc que faire face à Ghoul ou les siens ou leurs maîtres ? Rappeler sans cesse que l'islamisme est un larbinisme ou une violence contre les autres. Répéter qu'un islamiste a un prix, s'achète, se vend et se monnaie quand il devient important. Que c'est un coureur de chaises et un opportuniste. Voyez la Tunisie, Voyez l'Egypte, voyez le reste du monde « arabe ». Que faire contre ces gens là ? Lutter, dire, écrire, ne pas reculer, frapper quand ils frappent et collectionner leurs mensonges et leurs livres de comptes et leur interdire l'accès à nos âmes, nos enfants, nos convictions et nos certitudes et nos espaces et ne jamais se sentir coupable d'être ce que l'on est, car nous, on n'a tué personne.
Ce ne sont que des mortels, la preuve est qu'ils ont un prix et le régime le connaît et le fixe. Tous. Emir de l'AIS repenti avec commerce, ou ministre de service ou docteur en Rokia. Parole de « démocrate » à l'algérienne ? Non. Seulement bon sens paysan et prudence face à la rouille qui monte et face aux vendeurs de tapis : ils ont tous le front marqué comme une semelle.