Une visite très attendue
Du côté d'Alger, on ne parle plus de repentance et la balle reste dans le camp de Paris pour afficher des «positions claires» sur l'étape coloniale, car nul ne peut oublier ce passé très douloureux pour le peuple algérien.
C’est officiel, le président français, François Hollande, effectuera une visite d’Etat en Algérie les 19 et 20 du mois en cours. Une visite très attendue, car il s’agit de passer à une nouvelle étape dans les relations algéro-françaises qui n’arrivent pas à trouver une stabilité à long terme en raison, notamment, de l’obstacle de la mémoire. Ce qui ne veut pas dire que cette fois-ci Paris reconnaîtra enfin les crimes coloniaux commis en Algérie, mais du moins affichera une certaine volonté d’avancer sur la question de la coopération, en particulier économique, qui reste à la traîne.
Du côté d’Alger, on ne parle plus de repentance et la balle reste dans le camp de Paris pour afficher des «positions claires» sur l’étape coloniale, car nul ne peut oublier ce passé très douloureux pour le peuple algérien. En France, la repentance est écartée même si les questions mémorielles seront évoquées par le Président Bouteflika et son homologue français, sans être inscrites officiellement dans l’agenda de travail de cette visite.
Dans une précédente déclaration, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a qualifié la visite de M. Hollande en Algérie de «politique». Il est donc question avant tout d’effacer les séquelles laissées par Nicolas Sarkozy et l’adoption, par l’Assemblée française, le 23 février 2005 de la loi portant glorification de l’époque coloniale. L’adoption de cette loi a enterré à jamais le traité d’amitié souhaité à l’époque de l’ancien précédent français, Jacque Chirac. A l’époque, cette loi n’a pas provoqué de séisme au Parlement algérien, et il a fallu attendre cinq ans pour qu’un groupe de députés propose un projet de loi incriminant le colonialisme français en Algérie de 1830 à 1962. Cependant, ce texte n’a jamais vu le jour mais ses initiateurs comptent le relancer avec notamment de déplacement du président français en Algérie. Le Conseil de la nation vient de rendre public un communiqué dans lequel il est annoncé que le président français, François Hollande, prononcera le
19 décembre prochain un discours devant les deux chambres du Parlement dans le cadre de sa visite en Algérie, alors que l’Elysée a annoncé ce discours pour le jeudi 20 décembre. La balle est dans le camp des parlementaires «représentants du peuple» pour évoquer «la repentance». D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a déclaré, dans une récente interview à Alrabeya, que le peuple algérien attend des positions claires sur les crimes coloniaux commis par la France en Algérie. Il faut dire que du côté des Français, M. Hollande subit une grande pression depuis qu’il a reconnu les crimes commis lors des manifestation du 17 octobre 1961. Des voix se sont élevées pour critiquer cette position qui est, selon le ministre des Moudjahidine algérien, Mohamed-Chérif Abbas, «politique». Ce n’est pas tout. Des officiels français viennent de mettre des lignes rouges, à l’exemple du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui écarte toute «repentance» et affirme qu’il s’agit de mettre en place «un partenariat d’exception». Dans ce cadre, le Président Bouteflika a été clair, l’Algérie ne veut pas être un marché pour les marchandises françaises mais veut un accompagnement sérieux dans son développement global. Il est à noter que les dossiers en suspens ne manquent pas entre les deux pays, d’ailleurs, le président français a dépêché cinq émissaires pour essayer de trouver des solutions, le dernier est Jean- Pierre Raffarin, chargé de relancer les relations économiques. Mais rien de concret n’a été annoncé, et il a été convenu de laisser le soin aux deux chefs de l’Etat de faire des annonces. Autre dossier qui semble être réglé, celui de l’accord bilatéral de 1968 organisant l’entrée et le séjour des Algériens en France. Un accord sur lequel s’est acharné Sarkozy pour l’amender dans le cadre de sa politique «d’immigration sélective». Après deux ans de négociations infructueuses, la France a renoncé à amender l’accord bilatéral de 1968 organisant l’entrée et le séjour des Algériens en France. C’est ce qui a été indiqué mardi dernier par le ministère de l’Intérieur, cité par l’AFP. Voilà un geste important en attendant du concret sur les autres dossiers.
Source Le Jour d’Algérie Nacera Chennafi
Le Pèlerin