Une annonce qui laisse sceptique
«Le système du tiers payant sera généralisé en Algérie dans toutes ses dimensions en 2013.» C’est ce qu’a affirmé récemment, sur les ondes de la Radio Chaîne III, le directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Une annonce qui laisse sceptique, tant les conditions de mise en chantier du tiers payant depuis des années sont très mauvaises.
Qu’est-ce que le tiers payant ? Au plan théorique, c'est le mécanisme par lequel un «tiers», c'est-à-dire la sécurité sociale (Cnas, Casnos, ou une mutuelle sociale), «paie» à la place de l’assuré social ses dépenses de santé. Ce système est très avantageux puisque l’assuré n'a pas à faire l'avance des frais, ou à ne prendre en charge qu’une partie des frais. Pratique et efficace, ce service donne la possibilité à l'assuré d'être dispensé de l'avance des frais sur les postes pharmacie, laboratoire, radiologie, hospitalisation, auxiliaires médicaux. En effet, l’assuré social n’a qu’à présenter la carte Chifa du tiers payant — pour peu qu’il en ait une et qu’elle soit activée —, au professionnel de santé afin qu’il soit remboursé directement par la mutuelle ou l'assureur santé. Nous en sommes encore très loin en Algérie. Revenons aux propos du directeur général de la sécurité sociale en ce qui concerne le tiers payant : il a expliqué qu’il s’agit d’un dispositif qui vise l’amélioration d’accès aux soins parce qu’il y a le système du tiers payant pour les consultations et les actes médicaux. Il vise également à mettre en place un partenariat avec les médecins. Il a indiqué, qu’à ce jour, il y a plus de 2 100 médecins qui sont conventionnés à l’échelle nationale. «Je crois que c’est une convention qui a des instruments universels. Ce qui nous étonne c’est que ces mécanismes, qui se portent sur l’intérêt général du malade, ont été mal compris par le Conseil de l’ordre des médecins», a-til indiqué, avant d’ajouter : «Toutefois, nous continuerons à apporter des précisions concernant ce dispositif.» Selon lui, ce dispositif avance bien, car il a expliqué qu’ils sont maintenant au niveau des 48 wilayas. La wilaya qui a le plus de recul est Annaba qui a commencé en 2009 où l’on a enregistré un taux d’adhésion de 76% de médecins généralistes et 30% de spécialistes. Le conventionnement avec le médecin traitant est entré en vigueur en octobre 2011 dans le cadre du tiers payant. Les médecins ont rejeté cette procédure sous prétexte qu’ils n’ont pas été consultés ni associés pour la fixation des tarifs. «On a pu apporter des réponses d’ordre technique au niveau de la presse nationale», a-t-il déclaré. Il a tenu à préciser que la convention a bien eu lieu en 2009 pour l’élaboration du projet de convention avant même qu’il soit proposé en projet de décret avec le président du Conseil de l’ordre des médecins. L’Ordre des médecins parle d’un avilissement des réductions des honoraires puisque la rémunération des consultations chez un médecin généraliste est fixée à 400 DA et 600 DA chez un spécialiste. Pour le directeur général de la sécurité sociale, il y a aussi d’autres mesures dans cette convention : «Notre objectif est d’assurer une meilleure accessibilité aux soins et une pérennité du financement du système de protection sociale ; c’est tout un équilibre à maintenir dans la durée.» Il faut rappeler que le principe de conventionnement «Cnas-médecins privés» a son encrage dans la loi 83/11 relative aux assurances sociales, complétée en 2011 par la loi 11/08 : elle prévoit les tarifs des consultations chez les médecins privés. Conventionnement qui encourage la prescription de médicaments génériques, afin de réduire la facture du remboursement des médicaments par la Cnas. En 2011, les dépenses de sécurité sociale ont atteint 186 milliards de dinars, essentiellement en remboursement de médicaments. «Le médicament a eu la part du lion, avec 110 milliards de dinars. Le système du tiers payant représente 88% dans le médicament, c’est normal parce que nous l’avons généralisé», a déclaré le directeur général de la sécurité sociale. Selon lui, dépenser beaucoup ne signifie pas avoir les meilleurs indicateurs de santé. «C’est pourquoi, il faut prendre des mesures de rationalisation des dépenses. Avoir de moindres coûts. On peut avoir une meilleure qualité et une meilleure efficacité des soins. Il y a évolution, certes, mais la dépense est maîtrisée. On est dans des proportions acceptables», a-t-il noté. Il a ajouté que le système du tiers payant sera étendu à l’hémodialyse, à l’appareillage médical, etc. «Bientôt, il y aura un nouveau système d’octroi de lunettes gratuites pour les enfants d’âge scolaire et préscolaire. Nous sommes donc en train d’étendre la couverture sociale et d’améliorer la qualité des prestations.» Il a annoncé la distribution de 7 millions de cartes de soins Chifa auprès de 23 millions d’Algériens (ces cartes sont familiales). «Plus de 60 millions de factures électroniques ont été traités par ce système», a-t-il dit. Concernant la généralisation du tiers payant, le directeur général de la sécurité sociale a indiqué, sans plus de précisions, que d’autres wilayas ont connu des progressions appréciables. Pour ce qui est du conventionnement «Cnas-laboratoires privés d’analyses médicales», il a déclaré qu’il y a eu une phase-test dans la wilaya de Annaba. Ce test a été évalué et cette convention a eu lieu avec les professionnels concernés. «Nous sommes dans la phase finale avant le lancement avec les laboratoires qui vont intégrer des instruments universels pour assurer la qualité des prestations», a-t-il expliqué. Il a aussi souligné qu’il y aura aussi un système tiers payant également qui sera instruit dans le dispositif du médecin traitant ; il y aura des analyses qui seront dispensées à l’assuré social. Pour un début, seuls les retraités pourront bénéficier de ce système. Alors, la généralisation du système tiers payant en 2013, est-ce possible ?
Source Le Soir d’Algérie L.S.R.
Le Pèlerin