Doutes sur la présidentielle
Le président de la République est tenu d’être présent sur le territoire algérien pour signer le décret portant convocation du corps électoral.
Abdelaziz Bouteflika sera-t-il à Alger, dans les délais prévus par la loi, afin de déclencher la première étape de l’élection présidentielle? Le doute persiste malgré le communiqué «rassurant» des services de la présidence de la République faisant état de la présence du chef de l’Etat au Val-de-Grâce.
«Pour parachever son bilan de santé, initié à Alger, et dans le cadre d'une visite médicale routinière de contrôle, arrêtée et programmée depuis le mois de juin 2013, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, séjourne à l'hôpital Val-de-Grâce, depuis lundi 13 janvier 2014 et ce, jusqu'au vendredi 17 janvier 2014», avait indiqué, mardi après-midi, la présidence dans ce communiqué répercuté par l’agence de presse officielle.
Si l’on s’en tient à cette source, Abdelaziz Bouteflika sera de retour demain, vendredi. Quelques heures auparavant, l’APS publiait une dépêche dans laquelle elle faisait état de la convocation imminente du corps électoral. «Le scrutin devrait avoir lieu «inévitablement» entre le 16 et le 17 avril prochain, et ce, toujours suivant les dispositions du code électoral, étant donné que le mandat présidentiel actuel prend fin le 16 avril 2014.»
La lecture croisée des deux dépêches laisse dubitatif. Car comment expliquer ce contrôle routinier prévu «depuis le mois de juin 2013» et qui intervient, précisément, au moment où le président de la République est tenu d’être présent en Algérie. Soit il y a une erreur de planification, et à ce niveau de responsabilité le fait est plutôt grave.
Ou alors les responsables chargés de gérer cette situation de crise ne disent pas toute la vérité. Théoriquement, Bouteflika a jusqu’à samedi pour convoquer le corps électoral.
Il devra donc être à Alger pour signer ce fameux décret. Apposer son paraphe et le sceau de la République sur un texte réglementaire à partir d’un hôpital militaire français serait plutôt mal vu. Mais ce ne serait pas une première. Durant la période de convalescence qui avait suivi son AVC, Abdelaziz Bouteflika avait signé 15 décrets présidentiels alors qu’il se trouvait à l’institution des Invalides.
Dans le lot des «textes réglementaires parisiens on trouve le décret «portant mesures de grâce à l’occasion de la commémoration du cinquante-et-unième anniversaire de la fête de l’Indépendance et de la Jeunesse au profit des détenus ayant obtenu des diplômes d’enseignement ou de formation», celui instituant «Journée nationale de la presse» ainsi qu’une multitude de décrets de «décisions de transfert de crédit». Mais il semble que certains textes pris en France n’aient pas été publiés.
Ils concernent la mise de fin de fonction de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih, et son remplacement par son collègue en poste à Bruxelles, ainsi que le décret à la promotion aux grades supérieurs d’officiers de l’ANP. L’Algérie se trouve face à une équation à multiples inconnues. Nul ne sait si Abdelaziz Bouteflika sera à Alger d’ici samedi ou s’il convoquera le corps électoral à partir de Paris. Ou pire encore, s’il le convoquera… tout simplement.
Source Le Soir d’Algérie Tarek Hafid
Le Pèlerin