Une pré-campagne sur fond de polémique
C'est à une véritable pré campagne électorale sur fond de polémique que l'on assiste depuis plusieurs semaines. Tous les coups sont permis de part et d'autres. Les partis engagés dans la compétition sont sérieusement connectés sur les prochaines échéances électorales, que ce soit législatif ou présidentielle.
Un objectif dont le jeu en vaut certainement la chandelle et pour lequel les formations politiques sortent leur artillerie lourde et avancent des arguments les plus convaincants, pour ne pas dire, les plus compromettants en vue de discréditer l'adversaire, voire lui nuire. C'est du moins le cas pour les partis islamistes qui semblent se mettre en position d'attaque et n'en ratent pas une pour passer à l'offensive. En une seule journée, l'on aura assisté à deux attaques engagées par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Mouvement Ennahda. Ce dernier a ouvertement accusé le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de "fuir ses responsabilités". Ce reproche a pour arrière-plan la déclaration d'Ouyahia appelant Ankara à ne pas faire de l'Histoire de l'Algérie un fonds de commerce. Pour ce parti islamiste, le Premier ministre a tout bonnement fui "ses responsabilités l'obligeant à protéger la mémoire collective des Algériens". Curieusement, le parti de Boudjerra Soltani a tenu le même langage et a manifesté son approbation quant aux déclarations d'Erdogan sur les crimes français en Algérie. Le président du MSP avait même qualifié les propos d'Ouyahia de "graves", s'il s'est prononcé en tant que Premier ministre. Cependant, il est facile de deviner que la seule motivation de ces formations, qui s'empressent à prendre la défense de la Turquie, n'est autre que la volonté de gagner son soutien. Il y a quelques jours, Soltani s'est même rendu dans ce pays, alors que les autres formations rêvent d'instaurer un système à la turque en Algérie. Les islamistes eux, se voient assener des fléchettes qui proviennent de différents camps. Avant-hier, Miloud Chorfi, porte -parole du RND, s'exprimant lors d'une émission de la télévision nationale, s'est dit convaincu que les islamistes n'auront jamais la majorité en Algérie. Une vision partagée par le Parti des travailleurs (PT), dont la secrétaire générale a poussé le bouchon plus loin, en affirmant que les islamistes algériens sont laminés et affaiblis. Louisa Hanoune, dans son offensive contre les islamistes politiques s'en est violement prise à un autre leader dont les ambitions sont grandes en prévision des prochaines élections. Elle a accusé Abdallah Djaballah de proposer ses services à l'ambassade américaine. Autrement, elle a manifesté des soupçons quant à la volonté de Djaballah de gagner la sympathie des Américains et profiter de la conjoncture politique régionale pour se hisser au pouvoir. Dans le camp démocratique et nationaliste, l'on retient notamment les tacles d'Ahmed Ouyahia envers le Front de libération nationale, mais aussi son ex-partenaire de l'Alliance présidentielle, le MSP. Les pronostics de Belkhadem sur l'éventuel accord électoral des islamistes n'a pas été du goût du RND, mais surtout, le retrait "dans les cinq dernières minutes" du match du HMS. Egalement, l'on aura assisté à plusieurs tentatives d'organisation de congrès extraordinaires de parti, dans le but de récupérer des partis et évincer leurs présidents. C'est le cas notamment du Front national algérien (FNA) et du Mouvement "Al-Nahda". Des tentatives, certes ayant échoué, mais qui n'ont pas manqué de susciter une vive polémique. Aussi, force est de relever les différents appels à la démission du Gouvernement et son remplacement par un staff de technocrates, qui sera chargé de préparer les élections législatives. Dans les prochains jours, la tension va monter encore davantage et le show politique pourrait être plus passionnant.
Aomar Fekrache
Source Les Débats
Le Pèlerin