L’Algérie et son histoire – Alger et ses quartiers
Le Champ-de-manœuvres
Petit train à l'époque au champ de manoeuvres
Origine
Aujourd’hui on l'appelle place du 1er-Mai. Pourtant, beaucoup continuent à dire Champ-de-manœuvres. Le terrain du Champ-de-manœuvres (aujourd’hui station de bus) servait, durant l'époque coloniale française aux manœuvres des régiments militaires.
D’où son nom. Il accueillait également les entraînements militaires : exercices de trot, galop, saut d'obstacles, attaque au sabre…
Terrain vague
Dans les années 1920, le carrefour du Champ-de-manœuvres comprenait la rue Sadi-Carnot (aujourd’hui Hassiba-Ben-Bouali). Cette dernière prenait naissance au carrefour de l’Agha (actuelle place du Pérou et ex-place Maurétania), passait par la rue de Lyon (aujourd’hui Mohamed-Belouizdad) et se prolongeait jusqu’à Hussein Dey et Maison- Carrée.Le terrain militaire du Champde- manœuvres avait une superficie d’environ 25 ha. C’était une vaste esplanade sans aucune construction jusqu’en 1928. Puis la ville d’Alger lança un vaste programme d’aménagement sur ce site. A partir des années 1940-1950, ce quartier commence à se dessiner avec l’aménagement du grand boulevard Charles-Lutaud (actuellement Bd Aïssat-Idir où certaines scènes du film franco-algérien Z de Costa Gavras furent tournées en 1969. Des immeubles de 15 étages (les groupes) furent bâtis selon le programme des habitations à loyer modéré (HLM) ou bon marché (HBM) dont ceux édifiés en 1952 par les architectes Bernard Zehrfuss et Jean Sebag. Cirque, square et rond-point
Le terrain du Champ-de-Manœuvres servait pour les manœuvres des régiments militaires mais pas seulement. En 1903, lors du voyage du président Loubet en Algérie, une fantasia fut organisée en son honneur sur ce site. Ce terrain a, par ailleurs, accueilli les cirques Amar, Fedrizzi, Joyat, Zavatta. En 1922, il abrita la foire d'exposition d’Alger. Cette esplanade était aussi destinée aux activités sportives.
De nombreuses équipes de football des clubs algérois y avaient disputé des matches : le Red Star, le RCA (Racing club algérois), le Gallia sport algérois…
L’ex-place du général Sarrail
Au cœur de ce quartier était aménagée l’ancienne place du Champ-de-Manœuvres qui s’appelait alors place du général Sarrail.
Mini-square
La ville d’Alger avait construit un jardin public, face au rond-point (parallèle à l’hôpital Mustapha). Sol en tuf, kiosque à musique et bancs en bois, il était orné de bigaradiers, bambous et ficus. Ce square abritait bals du samedi soir, concours de boules et jeux pour enfants.
Rond-point
Le rond-point du Champ-de-Manœuvres (aujourd’hui place du 1er-Mai) connaissait une activité fébrile à cause des lignes des tramways du CFRA (les chemins de fer sur route de l'Algérie), dont le dépôt était situé rue Sadi-Carnot (Hassiba Ben-Bouali) près de l’Arsenal. C’est là que les rames venaient se garer chaque soir. Près de ce rond-point s’érigeait également une gare où embarquaient les voyageurs en direction de Fort-de-l’eau, Aïn Taya ou Larbaâ (banlieue est).
Le rond-point du Champ-de manœuvres occupait une importance géographique par rapport aux moyens de transport en commun. En plus de la station des lignes des tramways du CFRA (les chemins de fer sur route de l’Algérie) dont le dépôt se situait rue Sadi-Carnot (Hassiba-Ben-Bouali), près de l’Arsenal, un autre type de transport existait : les trams à chevaux des messageries de Belcourt, descendant à la fois d’omnibus (hippomobiles parisiens du XIXe siècle) et des carricolos de cagayous. Ces trams étaient tirés par trois chevaux attelés en limonière.
Un cheval de renfort conduit par un cocher guettait au bas de la côte de Mustapha qu’un véhicule en direction de Belcourt se présente. Il aidait alors l'équipage à gravir la côte jusqu’au rond-point où le cheval était décroché. Le cocher redescendait ensuite au bas de la côte pour attendre l’arrivée du prochain véhicule.
École de parachutistes
La tour de l’école de parachutisme du Champ-de-manœuvres se dressait non loin du foyer civique. Cette tour servait à l’entraînement des troupes françaises.
Foyer civique
Le foyer civique du Champ-de-manœuvres fut construit en 1935 sur les plans de l’architecte Léon Claro (né en 1899 à Oran). Cet édifice est doté de salles de spectacles et d’expositions, d’une bibliothèque municipale, d’un conservatoire de musique et de foyers. Il est également le siège d’activités à caractère syndical. La partie centrale du bâtiment se compose du hall central utilisé comme salle des expositions. (Il abrita, entre autres, celle de la «cité moderne» en 1936). A l'étage supérieur, se trouvent une salle des fêtes, un théâtre, un conservatoire et un musée de peinture. Quant au soussol, il abritait les locaux syndicaux. La décoration intérieure du foyer civique (aujourd’hui, Maison du peuple) a été faite par des peintres de l’école d’Alger comme Adrey, De Buzon, Fernez, Assus… Les sculpteurs Paul Belmondo (le père du célèbre acteur) et Georges Beguet ont décoré le bas-relief de la façade principale. Actuellement, cet édifice est le siège de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens).
Source Le Soir d’Algérie
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Le Pèlerin