Algérie - Clap de fin
Le nouveau Premier ministre n'est pas dans l'obligation de réunir autour de lui un grand nombre d'experts pour mener à bien sa mission qui doit logiquement se poursuivre jusqu'en 2014. Sellal n'est pas en poste pour chambouler le paysage politique de l'Algérie ni pour changer la structure de son économie. Il n'a qu'une mission fondamentale: mener à bien deux élections et un projet de réforme constitutionnelle. Certes, ce n'est pas rien que de préparer la tenue d'une élection qui devra aboutir à la désignation d'un nouveau président de la République en 2014 et avant cela de veiller à l'installation de nouvelles APC et APW et, dans l'intervalle, adopter une nouvelle Constitution. Mais, ce ne sont pas là des projets herculéens. Le gros des travaux à entreprendre était déjà fait depuis plus d'une décennie. Rien que pour le dernier plan quinquennal, 286 milliards de dollars ont été prévus. Et ce ne sont pas les quelques mois qui restent encore avant l'achèvement du mandat présidentiel, qui seront décisifs dans la vie de la nation en termes de réformes. Le gouvernement a beau communiquer sur le niveau de formation des nouveaux ministres, il est presque certain que ce bagage intellectuel ne sera pas d'un grand secours. Tout dans la désignation de Sellal rappelle les conditions par lesquelles est passé l'ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qui lui, avait un mandat explicite d'organiser des élections. La comparaison aurait pu s'arrêter là. Pourtant, les élections qui devaient à l'époque de Ghozali, être propres et honnêtes ont toujours été une source de soucis pour les gouvernants.
On commence par promettre qu'on s'entoure de toutes les précautions pour empêcher la fraude. Puis, patatras! Voici le vase cassé. A peine les urnes closes que des voix s'élèvent pour dénoncer des irrégularités. C'était encore le cas lors des dernières législatives de mai 2011. Rien n'a fondamentalement changé depuis. Il faut donc s'attendre à une passe d'armes entre les partis politiques de l'opposition et le ministère de l'Intérieur dont les responsables jurent par tous les saints que toutes les mesures sont prises pour assurer un scrutin à la loyale. Bien sûr, chacun espère que le quinquennat du Président soit clôturé en beauté. Et qu'il n'y ait aucune ombre au tableau. Mais la vie politique en Algérie est ainsi faite. Il y a toujours de l'ombre. D'ailleurs, il y en a même qui ne vivent qu'à l'ombre. Plus c'est sombre, mieux on s'en trouve caché. Dans le noir, toutes sortes de trafics sont permis. Mais à cette zone de non-droit, personne n'ose s'attaquer. Et c'est dans ce tunnel qu'intérêts politiques et intérêts financiers trouvent leur prospérité. Les premiers protégeant les seconds et ces derniers finançant les premiers.
En termes de moralité, il y aura beaucoup de monde à dénoncer encore et encore l'argent sale. Et beaucoup de monde à en profiter jusqu'à travestir complètement le sens même d'un suffrage universel. Aux riches, les bancs des assemblées. Aux pauvres, tout le reste.
Source L’Expression Ahmed Mesbah
Le Pèlerin