Algérie - Karim Tabou : "Il faut redonner aux Algériens le droit d'être représentés par des institutions démocratiques"
Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabou, n'est pas convaincu du bien-fondé de la révision de la Constitution, annoncée récemment par Abdelaziz Bouteflika. Selon Karim Tabou, aujourd'hui, la priorité en Algérie, est de mettre en place des institutions démocratiques qui "réussiront à rétablir la confiance des Algériens en l'Etat et ses institutions".
"Il faut d'abord redonner aux Algériens le droit d'activer politiquement, d'élire des assemblées, d'être représentés par des institutions démocratiques qui auront la charge de légiférer", a déclaré ainsi le premier secrétaire du FFS lors de son passage, mardi matin, sur les ondes de la radio chaîne III.
Pour Karim Tabou, c'est le rapport établi entre les Algériens et leurs institutions qui doit changer aujourd'hui car "une fois le rapport des Algériens aux institutions rétabli et devenu normal, les Algériens vont trouver eux-mêmes les moyens de rédiger leur première Constitution", estime-t-il.
"Aujourd'hui, (...) tout ne vient pas d'une représentation démocratique légitime et on continue d'imposer des représentations qui ne sont pas l'émanation de la société mais qui sont octroyées, cooptées et désignées par le pouvoir", a dénoncé Karim Tabbou qui a plaidé vigoureusement pour "l'élection d'une assemblée nationale constituante qui oeuvrerait à mettre en place "une base institutionnelle dans laquelle va s'élaborer la première constitution qui sera l'émanation de la volonté populaire".
En l'absence de cette assemblée nationale constituante, la révision de la Constitution "se fera sans le peuple algérien", relève Karim Tabou selon lequel "toutes les constitutions de ce pays ont été l'élaboration d'un groupe de personnes, d'une institution particulière qui n'a jamais donné aux Algériens le droit d'élaborer eux mêmes leur constitution".
Concernant la révision de la loi sur les partis, le premier secrétaire national du FFS a assuré qu'elle "ne change absolument rien si on ne donne pas au peuple algérien, aux personnes et acteurs concernées le droit d'élaborer par eux mêmes leurs lois".
Enfin, le porte-parole du FFS n'a pas hésité à accuser l'administration d'accaparer le pouvoir des élus", estimant que "la place de l'administration est plus importante que celle accordée aux élus". A ce sujet, il a fait remarquer que "la totalité du pouvoir s'exerce en dehors de tout contrôle".
En guise de conclusion, Karim Tabou a plaidé pour un changement "sérieux pacifique" afin "de mener le pays vers la démocratie". "Les Algériens ont payé le prix fort du changement et nous devons leur rendre le prix des sacrifices consentis par un changement sans violence", a-t-il soutenu.
Source El Watan Abderrahmane Semmar
Le Pèlerin