Des citoyens pris en otages
Socrate Démocratie
Censée remédier aux situations de blocage induites en cas d'absence de majorité absolue ou d'égalité des sièges, la loi électorale promulguée en janvier 2012 n'est pas exempte de lacunes juridiques, notamment dans son article 80. D'où le blocage dans 1 150 communes, soit 80% des 1 541, qui prendraient en otages des citoyens en quête de changement, faussé par des calculs politiciens et des intérêts claniques.
Les résultats du double scrutin local du 29 novembre ont donné lieu à de véritables tractations et alliances plurinominales pour tenter de remédier aux situations de blocage dans 1 150 communes. La situation n’est pas près de se décanter surtout que les candidats semblent se complaire dans le jeu des alliances dans lequel le plus offrant aura la présidence de l’APC. La voie est ouverte au marchandage des voix exprimées par les citoyens. En conséquence, un chassé-croisé politique qui s’apparente à une foire aux alliances, pour ne pas dire vente des sièges, est apparu. Au total, 1 150 Assemblées communales (APC) se trouvent dans la tourmente ou en ballottage. Cette situation de blocage à laquelle il faut remédier est la conséquence directe de l’émiettement des voix, et par dessus tout du mode de scrutin appliqué, à savoir la proportionnelle. En tout état de cause, s’il y a un perdant dans cette situation déplorable, ce sont les électeurs, citoyens de la commune, qui ont élu le 29 novembre dernier leurs futurs édiles communaux. Sur les 1 541 communes, 1 150 se trouvent en ballottage. Autrement dit, dans plus de 70% des APC la désignation du président d’APC pose problème du fait de l’absence de majorité absolue et/ou d’égalité des sièges obtenus.
Malgré la nouvelle loi organique portant régime électoral du 12 janvier, entrant dans le cadre des réformes politiques initiées par le chef de l’Etat, l’article 80 de cette loi comporte des lacunes pour ne pas dire un vide juridique, d’où les situations de blocage dont les conséquences se répercutent négativement sur les attentes du citoyen. Force est de constater qu’au lendemain du scrutin du 29 novembre, près de 80% des APC se trouvent dans une situation des plus difficiles qui pénalise en premier lieu les citoyens qui ont accompli leur devoir pour élire leurs nouveaux élus locaux (P/APC et P/APW) qui ne sont pas dans leur rôle de représentants.
Mettant en garde contre ces situations qui risquent de déboucher sur des blocages, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est monté au créneau dans un communiqué rendu public avant-hier, pour dénoncer des manœuvres et méthodes «malsaines» et fallacieuses pour contracter des alliances à tout prix. Le parti de Bouguerra Soltani avertit, dans le même communiqué, contre le blocage et les répercussions négatives qui en découlent.
Mode de scrutin proportionnel
La loi organique relative au régime électoral stipule dans son article 65 que les Assemblées populaires communales et de wilaya sont élues pour un mandat de cinq ans, au scrutin de liste proportionnel. Ce scrutin permet de faire en sorte que les élus (députés, conseillers municipaux...) reflètent le plus équitablement possible la diversité des opinions des électeurs. Chaque parti politique présente une liste de candidats au suffrage. Les sièges sont attribués à chacune des listes en divisant le nombre de voix obtenues par le quotient électoral (nombre de voix nécessaires pour obtenir un siège). Les sièges restants à pourvoir sont déterminés selon une méthode préalablement fixée. Le mode de scrutin proportionnel est plus juste et plus démocratique mais il lui est reproché de générer une instabilité gouvernementale. Le jeu des coalitions peut donner à certains petits partis charnières un rôle primordial, plus important que leur poids réel, dans la constitution d’une majorité parlementaire.
Source Le Jour d’Algérie Yazid Madi
Le Pèlerin