Pourquoi les partis se bousculent pour le poste de P/APC
Le blocage au niveau des communes a toujours été un réel problème en Algérie, engendré notamment par la priorité donnée aux calculs partisans. Une situation qui pénalise avant tout le simple citoyen qui voit dans l’APC le premier interlocuteur auquel exposer ses préoccupations. La gestion de l’APC reste un point décisif qui relève avant tout du poste du P/APC en l’absence de prérogatives importantes. Cependant, les pouvoirs limités attribués aux maires n’ont pas empêché les guéguerres déclarées au niveau des 1 150 communes qui attendent leur destin, victimes des intérêts des partis composant les Assemblée communales issues du scrutin du 29 novembre dernier.
Ainsi, chaque parti veut que le président d’APC soit issu de sa formation politique, occultant les critères relatifs au niveau d’instruction, la maîtrise de la gestion et autres conditions pouvant définir le choix d’un P/APC.
Dans ce cadre, on se demande pourquoi cet acharnement des partis pour le poste de P/APC, une opération qui risque de traîner une semaine après les élections locales. Il reste encore une semaine pour trancher, mais les partis ne veulent pas céder. En dehors de l’enjeu politique qui est de pouvoir gérer le maximum d’APC et d’APW, selon des échos locaux, cet acharnement est lié, d’une part, au règlement de compte entre partis et élus du même quartier. D’ailleurs dans certaines localités, «les islamistes ne veulent pas s’allier aux élus du Front de libération nationale», alors que «le Parti des travailleurs ne veut en aucun cas entendre parler des élus du Mouvement populaire algérien», sans oublier les différends entre «le RCD et le FFS». Voilà une situation désolante pour des partis qui n’ont pas arrêté de prêcher l’amélioration des conditions de vie des citoyens à travers le perfectionnement de la gestion des affaires des communes. D’ailleurs, le MSP met en garde contre «un blocage général» qui risque de toucher les communes.
D’autre part, ce blocage pourrait être lié au règlement de comptes entre élus sachant que pour les élections locales du 29 novembre dernier, des partis ont présenté comme candidats des citoyens qui ne sont pas militants, donc qui ne peuvent pas comprendre les règles du jeu politique pour sauver une APC du blocage. «L’argent» serait un autre facteur de l’acharnement, avec notamment l’augmentation des indemnités des P/APC. L’information relative à la révision du régime indemnitaire des élus locaux a circulé à la veille de l’élection, une révision attendue depuis plus de 20 ans. Selon des sources concordantes, citées notamment par des médias nationaux, les nouveaux présidents des Assemblées populaires communales et des Assemblées populaires de wilaya auront des indemnités plus conséquentes, pouvant aller jusqu’à 120 000 DA pour les P/APW. Les maires, quant à eux, auront des indemnités allant de 80 000 DA à 100 000 DA, selon bien sûr le nombre de population de leurs municipalités. Il est à noter que les indemnités des maires varient entre 15 000 et 25 000 DA selon le nombre de la population. Avec une précision : «la municipalité verse, généralement, l’équivalent du salaire que touchait le maire dans son travail d’origine. Avec à la clef, la sauvegarde du poste une fois le mandat terminé». Pour les P/APC qui ne travaillent pas ou qui exerçaient des fonctions libérales avant d’être élus, ils devaient se contenter des mai-gres indemnités versées par l’APC sachant que durant le précédent scrutin un nombre de chômeurs et commerçants candidats était important. Cette situation financière des P/APC serait en lien avec la majorité des procès intentés contre les présidents des APC, puisque certains maires utilisent généralement le mode du gré à gré dans l’attribution des marchés publics en contrepartie de commissions. Mais est-il logique de dépenser de l’argent pour après se contenter de 80 000 DA ou 100 000 DA?
Par ailleurs, le P/APC n’est plus otage du retrait de confiance et reste protégé durant tout son mandat de cinq ans, même si la composante de l’Assemblée communale n’est pas satisfaite. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur a défendu le maintien du retrait de confiance mais la commission de l’APN a répondu oui pour la proposition des députés, notamment ceux du vieux parti. Enfin, avoir le maximum de P/APC serait un coup de pouce aux sénatoriales du 29 décembre prochain et les présidentielles de 2014.
Source Le Jour d’Algérie Nacera Chennafi
Le Pèlerin