Le 1er mai en Algérie - L’UGTA, le grand absent
En ce 1er Mai 2011, la radio officielle a volé au secours du syndicat officiel. On pouvait alors entendre un cadre de la “Centrale” surenchérir au sujet des dernières augmentations de salaires. L’UGTA veut plus : la défense du pouvoir d’achat et la maîtrise de l’inflation par l’État.
À l’approche de la “Fête du travail”, l’Union se plaignait de son propre silence. Et pour cause, aucune partie n’a eu besoin de l’entremise du syndicat “public”. Pas même le pouvoir ! Il est révolu, provisoirement peut-être, le temps où l’UGTA arrivait en pompier, avec un petit acquis sous le bras, s’achetait une représentativité pour avoir été chargée de la livraison de la concession accordée par le gouvernement au personnel frondeur.
La fonction même d’obstacle à la pluralité, à l’autonomie et la démocratie syndicales n’a plus de raison d’être depuis janvier dernier. Le contexte politique régional a mis le pouvoir en devoir de répondre directement aux revendications de la base. Dans ce dialogue direct entre le pouvoir et la rue, le pouvoir, contraint de réagir dans l’urgence, pour éviter que les motifs et les sources de troubles ne s’accumulassent, répliquait par les deux seules manières qu’il connaît : la répression policière ou la concession financière. Depuis, cette forme d’échange s’est répandue, jusqu’à ce 1er Mai marqué par l’empêchement musclé d’un rassemblement initié par une association de jeunes chômeurs.
Dans le secteur économique public et dans la Fonction publique, la question des salaires a été longtemps conçue comme une prérogative indiscutable de l’autorité politique, obéissant à la seule contrainte budgétaire. C’est dans ce contexte que le syndicat unique devait puiser les éléments de sa légitimité, notamment en faisant passer les relatives avancées sociales octroyées par le gouvernement comme le fruit d’un dialogue social. La tripartite avait pour rôle d’institutionnaliser ce semblant de dialogue social, de lui donner un caractère global et national, et, enfin, de le transformer en pacte social qui figerait la relation sociale entre employés et État-employeur.
Le syndicalisme rentier se justifiait donc, jusqu’ici, aux yeux du pouvoir, par sa participation au maintien de la paix sociale à moindre frais. Mais toute l’énergie mise à empêcher l’éclosion d’une démocratie syndicale s’est avérée dérisoire quand le contexte politique a fait que les revendications catégorielles ont débordé le cadre établi par la gestion autoritaire des questions socioprofessionnelles.
En trois quatre mois, l’UGTA, exclue de la vie sociopolitique, n’a produit un acte public : une déclaration, cosignée avec le… Parti des travailleurs, de soutien à la dispense de taxe aux producteurs et commerçants de sucre et d’huile. Ce qui était plus près d’être un cadeau aux importateurs et grossistes qu’aux travailleurs.
L’UGTA n’aura été pour rien dans les décisions du Conseil des ministres du 22 février, comme elle n’aura rien fait pour éviter au gouvernement d’être contraint à un tel effort budgétaire. Elle n’aura satisfait ni à sa vocation sociale de syndicat ni à son fonction politique d’“organisation de masse”.
C’est pour cela qu’elle n’a pas manqué en cette “Fête du travail”.
Source Liberté Mustapha Hammouche
musthammouche@yahoo.fr
Le Pèlerin