
Situation - Les vacances d’été terminées, la ville de Mostaganem s’apprête à retrouver son calme, mais surtout replonger dans tous les maux qui caractérisent le quotidien de ses populations.
A l’occasion, le premier responsable de l’exécutif, a attiré l’attention concernant «la mauvaise gestion de certaines communes».
Et là, les 32 élus ont été mis en garde contre les dépassements constatés dans leurs communes particulièrement «les conflits internes dans les assemblées», mais aussi «la mauvaise gestion des biens publics». Et ce n’est pas tout.
Le wali a révélé que «beaucoup de mairies établissent des contrats de travail dans le cadre de l’action sociale et de l’insertion professionnelle à des pseudo-fonctionnaires rémunérés à titre fictif». Dans ce cadre, il a annoncé qu’une «double enquête est en cours pour démasquer les responsables», affirmant que «les projets de l’emploi doivent être redynamisés à tous les niveaux par les responsables concernés».
L’intervention du wali a également porté sur l’éradication des constructions illicites dans toute la wilaya. Bon nombre de directions, daïras et d’APC qui «ralentissent le mécanisme de développement de la wilaya», ont été rappelées à l’ordre lors de cette même rencontre présidée par le premier magistrat de la wilaya qui a lancé un ultimatum à ces responsables locaux «avant qu’il ne soit trop tard». Une feuille de route portant sur une vue d’ensemble des projets de développement PCD/PSD de la wilaya a été élaborée. Et le retard dans l’exécution était flagrant. «Certaines communes ne consomment qu’un faible taux de leurs PCD», a déclaré Houcine Ouadah à l’assistance.
Les chefs de daïra ont ainsi été sommés, en leur qualité de présidents des commissions de distribution de logements, de veiller à une procédure très ferme, rationnelle et équitable en matière d’attributions. Cependant, au-delà du discours officiel, beaucoup de questions demeurent sans réponses : Mostaganem est-elle condamnée à subir ce sort ? Les autorités locales sont-elles vraiment incapables de redonner à cette ville la place qui lui revient de droit d’autant qu’elle est, pour les spécialistes, le carrefour de l’Ouest et peut-être sa future capitale ?
Constat - Le chef-lieu de wilaya s’est transformé depuis un certain temps en un vaste chantier. Celui du tramway de la ville ne peut passer inaperçu
Une fois en circulation, il contribuera à améliorer la circulation dans cette même ville qui, elle aussi, a son lot de bouchons interminables. La ligne principale, longue de 12,2 km, reliera le site universitaire de Kharrouba, à la limite de Chaabette Lihoudi, en contrebas du djebel Eddiss et la cité balnéaire de Salamandre, là où sera érigée la principale station devant accueillir les 12 rames du tramway, afin d’en assurer l’entretien.
Le même tracé «desservira», selon sa fiche technique, la partie ouest de la ville en empruntant une partie de la rue Khemisti pour rejoindre l’actuelle gare ferroviaire. De là, les rames emprunteront un pont à 4 voies, dont 2 pour la circulation routière, afin de relier le quartier de Matemore, d’où il rejoindra l’ancienne route du Dahra, passant devant la cité 2000-Lits, le futur hôpital universitaire, la faculté de médecine pour atteindre le campus de Kharrouba, à l’extrême est de la ville. Ce projet devrait coûter pas moins de 32 milliards de dinars pour un tracé de 14,2 kilomètres et devrait être livré dans un délai de 44 mois. Le tramway de Mostaganem devrait transporter 500 000 passagers/jour. Et comme toutes les villes algériennes, celle de Mostaganem compte, par ces chantiers éparpillés ici et là, répondre favorablement à la demande croissante en matière du logement.
Le défi est celui de réaliser 46 000 logements avant 2015 selon la Direction locale du logement et des équipements publics (DLEP).
Dans le détail, ces 46 000 logements sont répartis sur 35 230 logements dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, 13 030 logements sous la formule de location-vente, 5 100 inscrits dans le cadre du programme LPL et enfin 17 070 ruraux. Il est également, selon la DLEP de Mostaganem, de 11 543 logements inscrits dans le cadre du précédent plan quinquennal 2005-2009 qui «sont en cours d’achèvement».
Selon la même source, 9 856 logements ruraux ont été lancés et 5 760 unités avaient été livrées entre 2010 et 2012. S’agissant du Logement social participatif (LSP), un projet de réalisation de 8 096 logements a été lancé depuis l’année 2010. Au premier semestre 2012, 3 308 unités ont déjà été livrées. Mais ce n’est par pour autant que nous pouvons dire que la crise du logement est résorbée.
Mostaganem enregistre un déficit de 25 000 unités, au moment où, selon le dernier recensement de 2007, il est fait état de 6 000 habitations menaçant ruine à travers la wilaya dont 1 000 au chef-lieu de wilaya.
Menace - «Secondés par des natifs de Mostaganem, ces voyous forment une même bande pour que notre quotidien soit un véritable calvaire.»
Quoi qu’il en soit, ces déclarations viennent confirmer les récits des citoyens selon lesquels «la dégradation de la situation sécuritaire à Mostaganem crée une certaine psychose» faisant état de vols, mais surtout d’agressions à l’arme blanche.
Et sans surprise aucune, c’est dans les quartiers populaires tels que Tidjditt, El-Houria, Diar El-Hana, Souika, Matmore, Derb, Tabana, Place de l’hôpital, Kadous El-Meddah, les 600-Lgts et Plateau Marine, que les malfaiteurs dictent leur loi. «Je suis né ici. C’est dans ce quartier que j’ai grandi. Auparavant, la vie n’était pas aussi dure. Il y a toujours eu des malentendus mais jamais ce climat d’insécurité qui oblige les habitants à se confiner dans leurs appartements en attendant le jour», a témoigné Ami Baroudi, un habitant du quartier Plateau Marine – non loin du port – et ce après insistance de notre part. Mais pourquoi une telle situation ? «Pas besoin d’aller chercher la réponse ailleurs. Je connais assez bien Mostaganem pour vous assurer que notre ville paie pour sa son charme et sa beauté», a ajouté notre interlocuteur. Plus explicite, Ami Baroudi, ancien agent de la Protection civile à la retraite aujourd’hui, a rappelé que Mostaganem de 2013 ne ressemble plus à celle d’il y a 10 ans.
«De nos jours, notre ville est surpeuplée. Son charme ne cesse d’attirer des gens des autres wilayas qui y viennent avec une autre mentalité et conception des choses se permettant tout. Secondés par des natifs de Mostaganem, ces voyous forment une même bande pour que notre quotidien soit un véritable calvaire», a-t-il dit.
Ami Baroudi n’est pas le seul à regretter sa Mostaganem «d’antan». S. L. est commerçant dans l’une des ruelles les plus connues et surtout les plus fréquentées du chef-lieu de la wilaya : la rue Khemisti. «J’ai souvent été témoin d’agressions non loin de mon magasin. Tout comme les autres, je me contente parfois d’observer sans intervenir par crainte d’être la prochaine victime», a-t-il reconnu. La Gendarmerie nationale, quant à elle, se veut rassurante affirmant que les affaires de criminalité traitées par les mêmes services de Mostaganem ont connu une baisse durant le premier semestre 2013 par rapport à la même période en 2012.
Patrimoine - Le quartier renfermait toutes les institutions et autres structures de vie communautaire où vivaient en harmonie les communautés juives, arabes, turques et kouloughlis.
Il comprend dans sa partie ouest, un sous-quartier appelé Kadous El-Meddah qui tient son nom de la principale rue qui constituait un lieu de rencontre des poètes et «meddahs». L'ensemble Derb-Tebbana situé sur la rive gauche et entouré d'une muraille, est dénommé El-Bled. Il était réservé au commandement beylical et à l’aristocratie locale, il constitue le noyau de la ville traditionnelle qui abrite plusieurs édifices religieux et administratifs qui sont au nombre de 7.
Le quartier de Tobbana (en turc Top Hana, «la batterie») était le quartier turc de la ville. Il est situé au nord de l'actuelle place du 1er-Novembre-1954. C'est dans ce quartier qu'était disposée la batterie qui surveillait le port.
Le quartier de Derb est l'un des plus vieux quartiers de la ville, construit sur une colline rocailleuse qui domine le ravin de Aïn Sefra. Le quartier est une zone de transition entre la ville moderne et l'ancestral faubourg de Tigdit. Il renfermait toutes les institutions et autres structures de vie communautaire où vivaient en harmonie les communautés juives, arabes, turques et kouloughlis.
Il abrite la synagogue et l'une des plus vieilles mosquées de la cité, construite en 1340-1341 par Abu El-Hassan. Le quartier a été profondément dégradé lors de la colonisation française et depuis l'indépendance du pays. Le quartier El-Matemare est également situé sur la rive droite, il comportait sa propre muraille qui se distingue par la citadelle du Bordj El-Turcs.
Au nord de ce quartier, se trouve la porte des Medjaher, à proximité du parc du 20-Août, construit en 1964. Et on ne peut évoquer l’Histoire de Mostaganem sans évoquer ses «sept gardiens». Il s’agit de Ouali Sidi Maazouz, Sidi Medjdoub, Sidi Abdelkader Djillali, Sidi Kharchouch, Sdi Belkacem, Sidi Bendhiba El-Medjahri et Sidi Lakhdar Ben Khlouf, le plus connu de tous ces saints.