Algérie - Ministres candidats
Il y a indéniablement de la pure naïveté en s’étonnant de constater que la campagne électorale des législatives n’emballe pas les Algériens. C’est plutôt le contraire qui aurait davantage un effet de surprise. Car, il n’y a en réalité aucune raison d’attendre une échéance électorale animée dans une scène politique gelée depuis plusieurs années. Une société tenue loin des institutions n’est pas mobilisable en une quinzaine de jours. Et quand cette société est poussée à proclamer son divorce avec la politique, la finalité de lui coller une animation politique artificielle limitée dans le temps devient une œuvre dure à accomplir. A l’évidence, réussir une telle œuvre nécessite un personnel politiquement à la hauteur et moralement intègre. C’est-à-dire capable de vendre du rêve pour des interlocuteurs désabusés par tant de mensonges et de promesses non-tenues depuis des décennies. Force est de constater cependant qu’il n’y a guère de place pour une telle éventualité en Algérie. Même le minimum de forme, qui aurait pu réduire l’écart -désormais grand, les législatives sont là pour le confirmer -entre les Algériens et la chose politique, n’a pas été mis en place. Bien au contraire, on assiste à un renforcement des facteurs de divorce. Curieusement, les promoteurs de ce divorce se recrutent aussi au sein du gouvernement. Ce même gouvernement qui s’efforce à gagner la bataille de la participation ! Il s’agit de ces ministres affiliés à la défunte Alliance présidentielle qui se sont investis dans ces élections pour une place dans la prochaine Assemblée populaire nationale. Une partie de l’équipe gouvernementale mène depuis une semaine campagne pour leurs couleurs partisanes. Certes, l’Algérie ne présente pas une exception dans ce registre. On ne peut pas cependant s’empêcher de s’interroger sur ce qui fait courir ces ministres dans l’habit de candidats à la députation. L’interrogation peut aussi évoquer ce qu’ils pourraient apporter aux Algériens en se lançant dans une telle partie ! A ce propos, il est franchement indécent que des candidats aux bilans ministériels décevants, catastrophiques pour certains, se mettent à promettre monts et merveilles parlementaires dès qu’ils changent de statut. Que faudrait-il attendre de ministres ayant conduit le secteur qu’ils dirigent à la dérive quand ils deviendront députés ? Rien. Sauf cette capacité indéniable à asséner un énième sale coup à la chose politique, laissée à la merci d’éternels rentiers plus soucieux de la gestion de leur carrière que de l’avenir du pays, qui ne se construit pas sans des institutions viables et représentatives. Jusqu’à preuve du contraire, les bilans de nos ministres n’autorisent ni satisfaction, ni fierté, pour pouvoir s’en appuyer dans une joute électorale. Même avec des bilans les plus négatifs, nos ministres font des mains et des pieds pour rester tous près de la rente. Le lieu et le statut importent peu. L’idée qu’on se fait de la politique dans ces sphères n’a pas besoin d’une caricature.
Source La Tribune Amirouche Yazid
Le Pèlerin