Ce fut jadis un joyau
La commune de Hammamet (ex-Baïnem), commune du littoral ouest de la capitale, s’étend sur une superficie de 8,54 km2. Elle relève de la circonscription administrative de Chéraga. Située à 13,5 km du centre d’Alger, limitée au Nord par la mer Méditerranée, au Sud par les communes de Bouzaréah et de Béni Messous, à l’Est par la commune de Raïs Hamidou et à l’Ouest par la commune d’Aïn Benian, elle compte une population de 32 815 habitants, avec un taux d’accroissement de 1,9 %. Sa densité est de 169 habitants à l’hectare.
«Faites quelque chose !»
Regrets - Son âme spoliée, ses vergers transformés et sa ville dénaturée, ne restent de Hammamet que des vestiges. Cette commune est devenue méconnaissable et vulnérable.
Hammamet – Baïnem pour les nostalgiques –, cette paisible commune blanche avec, jadis, ses vergers, ses rivages, son jasmin et ses fleurs d’orangers qui la parfumaient, ses pêcheurs et ses agriculteurs qui l’entretenaient et dont les habitants ne demandaient rien à personne jusqu’au jour où, très vite, «vautours et charognards ont afflué, et à la faveur du laxisme des autorités, ont spolié son âme.
Ses vergers ont été piétinés et sa ville défigurée. Il ne reste de cette commune que des vestiges. Elle est devenue méconnaissable et vulnérable. Le béton ronge ses espaces naturels. Les autorités sont absentes. Personne ne fait rien pour protéger la commune de mes ancêtres.
De grâce, faites en sorte que ça cesse. J’ai peur que Hammamet disparaisse», nous dit aâmi Mokrane, un natif de père en fils de cette commune. Nous avons remué le couteau dans la plaie de ce centenaire, qui nous parle des interminables parties de boules qui se déroulaient à Belvédère, les rencontres de football contre les colons à La Fayette, les interminables concours de pêche à Baïnem falaise et les veillés au Lotissement des roses.
C’est d’ailleurs les larmes aux yeux qu’il évoque certaines personnes de sa génération, «aujourd’hui disparues» certains souvenirs «impérissables» d’une période assez lointaine.
Quant aux bains romains aujourd’hui disparus après des décennies d’affaissement des montagnes et le mépris des hommes, il ne reste que celui dénommé «Ouled Affroun», transformé en un lieu de prédilection pour des marginaux. Notre interlocuteur décide, à notre grand regret, de nous quitter les larmes aux yeux, en nous disant : «Barakat !». Son compagnon, aâmi Mokhtar, nous fait signe de le laisser partir. «Il est comme ça. Il aime trop sa ville natale. Et il est très jaloux de sa commune.» Ce dernier nous arrange une autre rencontre avec cet authentique fils de Hammamet. Nous traversons en cette matinée printanière avec aâmi Mokhtar, la forêt de Baïnem.
Il nous parle de l’aspect sécuritaire en ce lieu de villégiature. «La semaine dernière, en ce lieu, des voyous armés de sabres et agissant à visage encagoulé, ont instauré un véritable climat de terreur. Cet endroit constitue un des lieux les plus prisés par les Algérois qui y viennent pour pique-niquer, s'offrir une randonnée loin de la nuisance urbaine, se distraire d'une manière ou d'une autre.
Cette détente que procure la forêt, est remise en cause en raison de la multiplication, depuis quelque temps, d'agressions physiques dont ont fait l'objet trois personnes qui ont été délestées de leurs téléphones mobiles, d'importantes sommes d'argent et d'autres objets de valeur.
La première victime était au volant de son véhicule. Au moment où elle empruntait les chemins serpentant la forêt, elle a été surprise par trois individus aux visages masqués qui lui ont barré la route en exhibant des objets contondants.
Le conducteur a alors compris qu'il avait affaire à des agresseurs. Sous la menace, il leur remettra 7 000,00 DA et deux téléphones portables. Une fois leur forfait accompli, les trois agresseurs s’évanouissent dans la nature tandis que leur victime se rend à la brigade de la gendarmerie de Hammamet pour porter plainte».
Trois plaintes en une journée
Une information que nous avons effectivement vérifiée auprès des gendarmes qui venaient d'enregistrer la troisième plainte de la journée au niveau de cette forêt. «La première plainte a été déposée par un citoyen qui a été délesté de 22 000,00 DA, et la seconde portait également sur une agression suivie de vol», nous dit-on. Ces trois plaintes ont suffi à déclencher une enquête pour mener d'intenses investigations. «Des investigations qui ont abouti à l'arrestation d'un membre du réseau.» Interrogé, il a d'abord nié les faits qui lui étaient reprochés, avant de révéler l'identité de ses complices. Ces derniers, au nombre de trois, ont tous été «cueillis» à leur domicile qui ont fait l'objet d'une perquisition par les services de la Gendarmerie nationale. Présentés jeudi devant le procureur de la République près le tribunal de Bab El-Oued, les individus interpellés ont été placés en détention.
«Ce sera impossible pour moi»
A la fin du mois de septembre dernier, Abdelmadjid Tebboune qui a remplacé Noureddine Moussa au département de l’Habitat, a rouvert le dossier des constructions inachevées en invitant leurs promoteurs à bénéficier d’une régularisation de leur situation au titre des dispositions de la loi portant mise en conformité des constructions non achevées avant le délai de clôture de l’opération fixé à juillet 2013. C'est-à-dire dans moins de 4 mois. Est-ce que les propriétaires des immeubles inachevés se conformeront à la loi ? «Ce sera impossible pour moi», se désole notre interlocuteur qui redoute que le prorogation du délai soit une occasion pour les revendeurs de matériaux de construction de tirer à la hausse les prix du ciment, du sable et des briques rouges. Sans parler du coût de la main-d’œuvre qui, elle aussi, connaitra une «inflation » du fait de la rareté des ouvriers qualifiés du bâtiment. Une quadrature du cercle qui fait qu’il y a toujours un obstacle insurmontable aux idées les plus généreuses pour les empêcher de se concrétiser. Comme il est impossible de parvenir à appliquer rigoureusement la loi qui concerne tout de même plus d’une cinquantaine de constructions inachevées à Hammamet, on devine aisément la suite à donner à ce chantier qui pénalise le citoyen.
Déchets et gravats agressent la forêt
Incivisme - La forêt de Baïnem, pourtant réaménagée il y a quelque temps, semble aujourd’hui complètement abandonnée.
«Il n’y a que trois entrées pour pénétrer dans la forêt de Baïnem. Trois entrées seulement pour permettre aux visiteurs de venir et aux poubelles de rester», nous dit un élément de la Protection civile dont le siège est à l’entrée de cette forêt.
Le constat est simple : la forêt semble abandonnée. Seuls les sangliers en profitent, les couples et quelques bandes de coquins. Petit tour d’inspection. La route est parfaitement goudronnée et les couloirs qui bordent les routes sont parfaitement nettoyés.
A l’approche de l’été, les tranchées sont débarrassées des broussailles et mettent de la distance avec les voitures, évitant tout risque d’incendie. En hiver, ces couloirs acheminent l’eau qui s’écoule vers des canalisations. Ils ont été bétonnés depuis peu.
La forêt a repris quelques couleurs à l’approche de l’hiver. Malgré une dominance de vert, quelques arbres ont viré au jaune et au marron. La pluie incessante des derniers jours a rendu la terre molle et boueuse. Des odeurs de pins titillent les narines. Le ciel est bas, gris et pèse sur le bleu anthracite de la mer. La forêt périurbaine de Baïnem a l’immense privilège de côtoyer les nuages et la brume de Bouzaréah, tout en mouillant sur l’azur de la Méditerranée. Ce qui lui permet d’offrir des paysages saisissants. Quelques individus sont camouflés à l’intérieur de leur véhicule. Ces visiteurs, en couple, ont pris place dans un parking. Si on vient en famille, on ne paie pas le parking.
Seuls les couples y sont astreints ! Et tout autour, hormis le bleu du ciel, le vert des pins et le marron de la boue, du rouge, du bleu, du vert, de l’orange et du violet viennent s’y ajouter. Baïnem est une décharge publique.
Derrière le parking, dans la partie nord-ouest de la forêt, une place a été antérieurement aménagée. On reconnaît un alignement de frênes derrière lesquels de nombreux eucalyptus s’élancent vers le ciel.
La place renferme quelques chênes zen, un albizzia julibrissen, des pins de jeune âge. Des chemins devaient permettre une circulation autour de la place. D’immenses parterres de narcisses dits «élégants» parfument délicatement les lieux.
Des senteurs qui rivalisent cependant avec celles des ordures. Sous un grand pin parasol, des pierres sont amoncelées autour de ce qui fut un feu de bois. Des canettes, des bouteilles de bière et une brique de vin rouge sont disposées à proximité. Les ordures sont jetées pêle-mêle. Des sachets sont accrochés aux branches d’arbousiers dont le fruit est mûr en cette saison. Les sangliers, friands de toutes formes de déchets, ont laissé leurs empreintes dans la terre boueuse qui, à certains endroits, a été complètement retournée par leurs groins et leurs pattes. Ce qui donne à Baïnem un visage désolant.
Si l’on pousse la promenade dans un versant plus au Sud, bien après ce qui fut l’ancienne place d’équitation, on peut trouver des gravats et toutes sortes de rejets en béton. Certains sites de la forêt sont ainsi réservés pour décharger tous les encombrants et restes de démolition et construction de chantier. Dans les espaces aménagés pour les jeux d’enfants, quelques chérubins s’accrochent à des balançoires branlantes.
Des familles ont décidé d’affronter le mauvais temps. Ces espaces sont un peu moins sales. Est-ce l’œuvre des hommes ou celle du vent ? Le soleil se couche derrière l’immense voile nuageux. La pénombre s’installe. Les groins commencent déjà à renifler.
Source infosoir R Khazini
Le Pèlerin