Il est probablement l’un des hommes politiques les plus mal aimés depuis l’Indépendance. Son départ du poste de Premier ministre dans des conditions connues d’un petit cercle d’initiés semble avoir été conclu en dernière minute. Deux options s’offraient au pouvoir : jouer la continuité avec une forte charge de stagnation et ainsi maintenir Ouyahia. Ou alors donner l’impression de vouloir renouveler les équipes constituant l’Exécutif et, par conséquent, sacrifier celui qui passe pour le symbole du verrouillage. La seconde option ayant prévalu, il restera déterminer si la protection dont il bénéficiait auprès de Bouteflika sera reconduite. En effet, Président pourrait être tenté de n’offrir aucune alternative immédiate à son ex-Premier ministre en ne le désignant à aucun poste important de l’Etat. L’homme serait ainsi mis dans une position de vulnérabilité qui rendrait ses adversaires politiques autrement plus incisifs. La contestation contre le secrétaire général du RND risque de prendre alors une toute autre envergure et donner ainsi un coup d’arrêt à des ambitions que l’on dit présidentielles. Par contre, si Ahmed Ouyahia se retrouvait en charge d’une responsabilité dans laquelle on pourrait voir la main obligeante du Président, il pourrait se prévaloir de cet appui pour repousser ses opposants et laisser croire que son avenir est encore devant lui. Dans les deux cas de figure, l’homme est totalement tributaire du bon vouloir de Bouteflika, qui, selon ses proches, ne dédaigne pas ce genre de situation.
Source Le Soir d’Algérie M.B.