«C’est la désindustrialisation massive»
Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), s'en est pris hier avec virulence à la politique économique du gouvernement, à l'occasion de son passage à l'émission «Entretien du jour» de la Radio algérienne, Radio Algérie Internationale.
Lenteur administrative pour la création d’entreprises, foncier industriel indisponible, difficulté d’accès au financement, secteur informel prospère, une dominance de l’activité commerciale sur l’industrie productive, le pays est «entré dans une période de désindustrialisation trop importante, pour ne pas dire massive». Réda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), s’en est pris hier avec virulence à la politique économique du gouvernement, à l’occasion de son passage à l’émission «Entretien du jour» de la Radio algérienne, Radio Algérie Internationale. Invité à livrer ses impressions et sa lecture des résultats définitives du recensement économique réalisé par l’ONS, le président du FCE a dressé un tableau peu reluisant de l’économie algérienne. «Il y a une forte dominance de la sphère commerciale au détriment de l’industrie. C’est-à-dire que les besoins de la population algérienne sont de plus en plus assurés par les importations, alors que notre appareil industriel s’est délité au fil des ans pour ne représenter maintenant que 5% de nos besoins», dit-il en référence à ce chiffre avancé par l’ONS qui relève que l’activité commerciale représente 90% de l’économie nationale contre seulement 10% que totalise l’activité industrielle. «Il y a une désindustrialisation qui caractérise notre économie et qui arrange bien les importateurs. Donc nous sommes extrêmement dépendants de l’étranger pour la satisfaction de nos besoins», déplore-t-il. Si l’économie nationale ne marche pas aujourd’hui, c’est parce que, selon le président du FCE, on n’a pas encouragé l’investissement productif. Au contraire, soutient-t-il, on lui met les bâtons dans les roues. A commencer par les lenteurs administratives pour investir ou pour créer sa propre entreprise. L’enquête de l’ONS relève qu’investir en Algérie est contraignant et coûteux. Près de 40% des chefs d’entreprises considèrent que les délais de création d’une entreprise sont longs. «Quand on compare à travers le monde les délais pour la création d’une entreprise, l’Algérie malheureusement n’est pas en tête du classement. Si dans certains pays émergents la création d’une entreprise se fait en l’espace de quelques heures, en Algérie la démarche prendra des semaines si ce n’est des mois», explique-t-il, soulignant que la bureaucratie est une «tradition qui s’est ancrée chez nous». Le président du FCE appelle à la généralisation des guichets uniques pour économiser argent et temps. Autre contrainte qui entrave les opérateurs économiques à investir, il s’agit de l’accès au foncier industriel. L’accès au foncier reste un handicap pour près de 27% des chefs d’entreprises. Sur ce chapitre, Réda Hamiani affirme ne pas comprendre le fait que le problème du foncier se pose partout en Algérie et non pas seulement dans les grandes villes. L’enquête indique que le recours par les entreprises aux emprunts bancaires n’est pas une pratique courante. En effet, seulement 3,3% des entreprises déclarent les emprunts bancaires comme principale source de leur financement. Explication de Hamiani : «Historiquement, au niveau des PMI PME la source de financement était familiale pour constituer le capital. Ces dernières années, la banque devait prendre le relais mais malheureusement nos banques sont encore dans la culture de la garantie et des hypothèques. Il faut ajouter à cela la lenteur des procédures pour contracter un crédit bancaire». Réda Hamiani a critiqué également le système de formation algérien qui n’arrive pas à satisfaire l’économie nationale et, du coup, l’Algérie recourt à l’importation de la main-d’œuvre pour ses besoins. Pour réactiver l’appareil industriel, Hamiani propose des mesures relatives à la relance et le soutien de l’investissement, la réduction progressive du champ de l’informel qui, selon lui, est en train de détruire l’économie algérienne.
Source Le Jour d’Algérie Mehdi Ait Mouloud
Le Pèlerin