
L'espace réservé à la manoeuvre était ténu. Les faits ont fini par conforter cette position et la remettre en selle sur le plan diplomatique. Après avoir négocié avec succès l'étape des élections législatives, qui l'a placée au rang d'exception maghrébine et nord-africaine puisqu'elle est la seule à avoir échappé à cette vague verte qui a déferlé sur ces régions, l'on s'attendait dès lors à ce que l'on passât à la vitesse supérieure. Paradoxalement, ce fut à ce moment le coup d'arrêt apparu. A l'image du gouvernement qui devait être formé dans la foulée du verdict du scrutin du 10 mai 2012 et qui est toujours attendu. Faut-il voir dans les crises qui secouent bon nombre de formations politiques d'où doit émerger l'ossature du futur Exécutif, une des raisons de ce retard? Le Front de libération nationale sorti grand vainqueur de ce rendez-vous électoral qualifié d'historique, est plongé dans une crise interne qui a mis à nu le malaise qui ronge la classe politique dans sa majorité. Les partis qui dominent la scène politique nationale ne sont pas épargnés soit par des schismes ou des mouvements de redressement (FFS, FNA, RND, MSP...). Le passage de flambeau à la nouvelle génération souhaité par le président de la République, a sans doute provoqué une onde de choc. C'est cependant sur le plan économique que l'Algérie risque de subir un fâcheux contrecoup avec la dégringolade des prix du pétrole (qui ont repris des couleurs ces derniers jours, 91,44 dollars à New York et 106,83 dollars à Londres). Du coup, le débat sur la faisabilité des grands chantiers engagés dans le cadre du plan quinquennal 2009-2014 a surgi.
Comme pour mettre un frein aux ardeurs exhibées quelques mois auparavant, les sonnettes d'alarme retentissent.
«L'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années a rendu la situation budgétaire vulnérable... Le prix permettant d'équilibrer le budget étant aujourd'hui... supérieur à 100 dollars le baril», a fait remarquer le Fonds monétaire international. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril...», a déclaré, le 1er juillet, Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie. Du coup, c'est une morosité ambiante qui s'est emparée de la société. L'Algérie se noie dans des réflexes qui confortent le «sur-place» qui caractérise le quotidien de sa population. L'ennui que ne peuvent occulter des nuits ramadhanesques ronronnantes, tout juste dépoussiérées pour la circonstance. La réalité est là. Elle broie et consume à petit feu. Flambée des prix des produits de consommation, des viandes, des fruits et légumes, spéculation, informel sont sans pitié...Un quotidien devenu banal, entretenu par un personnel politique cramponné à ses privilèges, incapable d'innover.