Algérie - Saïd Sadi : «Le régime est obnubilé par sa survie»
C'est un Saïd Sadi particulièrement critique qui s'est exprimé hier. Il a fustigé un régime obnubilé par sa survie et dénoncé «un climat de doute et de censure qui en a désespéré plus d'un».
Saisissant l'occasion d'un colloque sur l'environnement organisé par sa formation politique, le leader du RCD a fait un discours sur la conjoncture nationale qu'il estime «dominée par l'instabilité politique, les scandales et un marasme économique sans précédent ». Saïd Sadi considère que la crise n'en finit pas, ce qui, dit-il, «nous rive sur des questions d'urgence politique et sociale mais nous gardons le cap sur notre stratégie de force de contestation mais aussi de proposition». Un exercice que Sadi estime difficile puisque, dit-il, «nous savons combien il est difficile d'avoir accès à des données officielles. On a souvent dit, à juste titre, que la culture de l'opacité prive opérateurs et observateurs du minimum de données pour élaborer une analyse sur les dossiers concernant notre avenir collectif». Transition toute faite pour évoquer le débat ouvert par son parti au sujet de l'Histoire. «La confiscation des archives historiques, sur laquelle nous avons lancé un débat qui s'est avéré particulièrement vif dans le pays, n'est qu'un exemple parmi d'autres de cette décision de déposséder la nation des repères sur lesquels elle pourrait se reconstruire », considère Sadi qui pense qu'il «y a aussi une part de négligence, d'incompétence, de désorganisation et de manque d'intérêt pour tout ce qui a trait au moyen et long terme». Rappelant le parcours de son parti, Saïd Sadi martèle que «nous ne ferons aucune concession face aux abus qui accablent notre peuple quelle qu'en soit la nature. Mais nous savons qu'il est important que les structures durables, crédibles et performantes montrent les chemins de la reconstruction nationale en donnant la parole à ceux qui ont le savoir et la volonté de formuler les solutions et les vérités», ajoutant : «Nous avons construit notre identité sur la revendication d'une action politique fondée sur la contestation mais aussi sur la proposition. Nous avons de tout temps refusé la surenchère et le populisme dans lesquels se sont abîmés tant d'autres acteurs politiques car notre conviction comme notre parcours nous interdisent de recourir aux manœuvres populistes. Seuls ceux qui doivent s'inventer des crédibilités qu'ils n'ont pas su se donner dans un combat pérenne se réfugient dans la mousse des conjoncture et le maquillage des modes. Cet engagement nous légitime dans notre fonction d'acteurs ouvrant des voies que d'autres ne peuvent ou ne veulent envisager.» Le RCD, dit son président, fut «le premier à alerter la nation sur les risques de la démission devant le fondamentalisme dans un pays dont on a mutilé l'identité, nous avons imposé le combat et le débat sur les droits de l'Homme dans la cité algérienne, nous avons condamné sans réserve le code de la famille, nous faisons des réformes de l'Etat, de l'éducation et de la justice, des préalables à toute entreprise de résurrection nationale». Petit clin d'œil au thème du colloque, Sadi a affirmé qu’«en tant qu'animateur privilégié du débat algérien d'attirer l'attention de nos concitoyens sur le désastre écologique national et l'irresponsabilité qui caractérise la vacuité des politiques en matière d'intégration environnementale, au moment où le monde fait de ce challenge une des grandes priorités du millénaire».
Source Le Soir d’Algérie Nawal Imès
Le Pèlerin