L’ambassadeur de L’UE à Alger, Laura Baeza à Liberté
“Arriver à la zone de libre-échange de 2017”
En visite de courtoisie à Liberté, l’ambassadeur de l’Union européenne, Mme Laura Baeza, a bien voulu répondre à nos questions.
Liberté : Dans le dernier bilan de l’Accord d’association de l’UE avec Algérie, il a été question du souhait de l’Union européenne de voir l’Algérie approfondir ses réformes, notamment celles liées à l’économie et aux finances. Ne pensez-vous pas que la décision prise lors du dernier Conseil des ministres instituant le chèque pour une transaction de plus de 500 000 DA (5000 euros équivalent) est un préalable à la réforme du système financier algérien ?
L. Baeza : Les récentes décisions prises par le Conseil des ministres indiquent la volonté des autorités algériennes de renforcer les conditions pour favoriser et aider la relance de l’économie. Nous avons observé l’adoption d’un important programme national pour la mise à niveau des petites et moyennes entreprises pour un montant de 380 milliards de DA. Il devrait permettre, d’après vos autorités et je cite, de “préparer les entreprises nationales à affronter la compétition internationale et permettre la diversification des exportations”. C’est une excellente initiative car les PME sont les poumons de l’économie. Ils sont les principaux pourvoyeurs d’emploi et d’innovation. Comme vous le savez, nous avons dans le cadre de notre coopération avec l’Algérie un programme concernant l’appui aux PME. Le programme a très bien marché au point où les autorités algériennes nous ont demandé de poursuivre avec un PME II qui prend en compte l’expérience précédente en ajoutant d’autres créneaux telles les nouvelles techniques de communication (TIC). Le nouveau décret présidentiel sur la réglementation des marchés publics, adopté également par le Conseil des ministres, est intéressant car il établit les nouvelles règles concernant les appels d’offres. Il permet d’organiser dans la transparence les procédures d’approbation des marchés publics, grâce à de nouvelles dispositions. Par ailleurs, en permettant d’accroître la transparence dans la gestion de l’argent public par l’introduction de plusieurs instruments de prévention, dont une déclaration de probité, le décret consolide et renforce la lutte contre la corruption. Une réglementation claire et des mesures adéquates anticorruption, c’est un bon message en direction des opérateurs étrangers intéressés par le marché algérien.
Enfin, il faut également souligner tout l’intérêt du projet de décret instaurant l’obligation du recours aux chèques ou aux cartes bancaires pour tout paiement supérieur à 500 000 DA. Il s’agit-là d’une décision importante qui va, comme cela a été indiqué, dans le sens du renforcement de la prévention de la corruption, ainsi que de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
On a parlé du climat d’affaires en Algérie qui, selon les opérateurs étrangers, demeure contraignant à l’investissement. Êtes-vous d’accord avec cet avis ?
Je peux vous dire que la signature et la mise en œuvre de l’Accord d’association ont constitué des signaux positifs en direction des investisseurs internationaux, notamment européens, qui on trouvé dans le texte de l’Accord certaines assurances. Il faut rappeler que l’Accord devait permettre une harmonisation progressive du marché intérieur algérien par rapport aux règles du marché intérieur européen. Pour arriver à terme à un seul espace commun, la zone de libre-échange de 2017. Comme vous le savez, en Europe, les investisseurs sont des groupes privés qui interviennent quand ils veulent, et notamment quand leur placement est rentable et à l’abri. L’UE avec toute sa bonne volonté ne peut pas forcer ses opérateurs économiques à investir en Algérie. Ce qu’elle fait par contre avec l’appui des autorités algériennes, c’est de présenter les différentes opportunités offertes par le marché algérien. Mais cette opération ne peut réussir que si des messages négatifs ne viennent pas perturber l’atmosphère comme ce fut le cas avec certaines mesures de la loi de finances complémentaire 2009, notamment l’obligation pour les nouvelles sociétés étrangères qui souhaitent investir de chercher une participation algérienne de 51% de l’investissement. Cette mesure, ainsi que la crise économique, ont réduit drastiquement les investissements étrangers en 2009. Je comprends la préoccupation légitime des autorités algériennes de mieux contrôler leur commerce extérieur et l’investissement étranger afin de réduire la facture de leurs importations et la sortie des devises, en particulier en cette période de crise internationale économique et financière. Ce sont des mesures qui vont dans le bon sens. Et les objectifs recherchés ont été largement atteints. Mais il faut aussi comprendre que ce type de signal est susceptible de renforcer la prudence des investisseurs potentiels et de les dissuader de venir en Algérie. Comme vous le savez, certaines des mesures adoptés par le LFC 2009 ont aussi gêné les opérateurs économiques algériens qui l’on clairement fait savoir. La loi de finances complémentaire 2010, qui va être publiée dans 3 jours, devrait apporter quelques aménagements, notamment en ce qui concerne l’application du crédit documentaire.
Source Infosoir Salim Tamani
Le Pèlerin