Farouk Ksentini dénonce
Ksentini met en garde les candidats aux législatives qui instrumentalisent l’Islam à des fins électoralistes, pratique que la Constitution interdit.
Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme, a exprimé son opposition à l’usage de la religion et son instrumentalisation à des fins électoralistes. Il a rappelé que l’usage de la religion à des fins électoralistes est totalement interdit, comme stipulé dans la Constitution. «L’Islam est la religion de tous les Algériens et de l’Etat algérien», a-t-il souligné, qualifiant d’inadmissible toute tentative visant à l’exploiter à des fins électorales. Et de renchérir : «La religion doit rester au-dessus de toute lutte électorale». S’agissant de la représentation des femmes dans la vie politique, Maître Ksentini estime qu’il n’y a pas de démocratie véritable si les femmes sont sous-représentées. De même pour les jeunes, a-t-il poursuivi, appelant les anciennes générations à céder la place aux jeunes pour prendre la relève. Revenant à la polémique sur la guerre d’Algérie qui refait surface à la veille de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, Ksentini estime que «le refus de la France de reconnaître ses crimes en Algérie est regrettable et indigne». D’autant plus que pardonner aux harkis est, dit-il, «inconcevable». «Le refus de la France de reconnaître ses crimes en Algérie est regrettable et indigne d’une grande démocratie qu’est ce pays», a-t-il soutenu . Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Me Ksentini s’est dit scandalisé par le fait que les Français refusent de reconnaître leurs crimes commis en Algérie pendant 132 ans. «C’est quelque chose d’impardonnable dont il faut au moins s’excuser», a-t-il encore ajouté. A cet égard, Ksentini a appelé la France officielle à s’excuser pour ses crimes commis à l’égard des Algériens. «C’est essentiel, c’est le moindre des gestes qu’elle puisse faire», a-t-il dit. Et de s’interroger : «Je ne comprends pas comment un pays qui compte des intellectuels et historiens de haut niveau n’arrivent pas à percevoir cette chose et cette réalité selon laquelle la France a colonisé de manière criminelle un pays avec lequel elle n’avait aucun contentieux». L’invité de la rédaction a en outre critiqué la demande de la France à l’Algérie de pardonner aux harkis, ce qui est, dit-il, «inconcevable». Si la partie française ne veut pas collaborer à l’écriture de l’histoire, «nous sommes capables de l’écrire nous-mêmes, de faire connaître la vérité et surtout le bon sens parce qu’il est du bon sens le plus élémentaire de se rappeler que la colonisation c’est la négation absolue des droits de l’homme et que la France s’est comportée ici de manière odieuse et impardonnable», a-t-il dit. S’exprimant sur les réformes politiques engagées par le chef de l’Etat, Farouk Ksentini les a qualifiées d’extrêmement salutaires. «Les réformes sont extrêmement salutaires. Elles sont venues au bon moment», a-t-il estimé. Evoquant les élections législatives du 10 mai, Ksentini pense que s’il y a des élections libres et un Parlement réellement représentatif, un grand saut dans la démocratie sera fait. Abordant les discours des partis candidats, il a appelé l’électeur à être lucide et ne pas se laisser piéger et entraîner par de fausses promesses ou par des discours pompeux ou démagogiques qui ne recouvrent aucune réalité. Sur la question des droits de l’homme en Algérie, Farouk Kesentini a précisé qu’ils sont en voie de développement et qu’ils s’améliorent. «Même avec les avancées enregistrées ce n’est pas encore parfait», a-t-il relevé.
Source Le Jour d’Algérie Yazid M.
Le Pèlerin