Alger, capitale de tous les maux
Ne dérogeant pas à la règle, le mois de ramadhan a été encore une fois cette année le théâtre de plusieurs scènes de violence, de vols, d'agressions et de délinquance.
Que les Algérois ne soient pas fâchés, il arrive souvent où la circulation dans cette ville dite «Alger la blanche» devient dégoûtante, désagréable, voire dangereuse. Mis à part tout ce qui discrédite cette ville du titre de la capitale durant toute l’année, le mois du ramadhan vient à chaque fois dévoiler plusieurs maux qui frappent particulièrement Alger. Ne dérogeant pas à la règle, le mois de ramadhan a été encore cette année le théâtre de plusieurs scènes de violences, de délinquance et de crimes. Le plus tragique est sans aucun doute celui de la mort de l’enfant de Belcourt. Djallal, âgé de 14 ans, a trouvé la mort après être passé par le coma suite à une dispute éclatée entre deux adultes. De passage au moment de cette dispute, la victime a trouvé la mort après avoir reçu des éclats d’une fusée de marin. Une enquête est par ailleurs en cours au sujet des deux morts, homme et femme, dont les cadavres ont été retrouvés mutilés à Zéralda. Les deux victimes ont été coupées et certains de leurs membres ont été sectionnés à la tronçonneuse. Il s’agit là de quelques exemples. Mais ce qui est désolant face à l’augmentation du nombre de cas de disputes, de vols, d’agressions et de crimes durant le mois sacré, c’est bien l’absence du dispositif de sécurité dans les places les plus réputées par l’insécurité. Autrement dit, avoir un nombre important d’agents de police ou de la gendarmerie ne renvoie pas forcément à une couverture sécuritaire adéquate dans les villes. Ainsi, l’on se demande pourquoi l’Etat ne déploie pas des dispositifs dans les zones rouges en matière de danger.
Durant ce mois où les familles sortent exceptionnellement la nuit, les forces de sécurité brillent, en effet par leur absence dans des places pourtant à risque pour les citoyens.
Au niveau de certains marchés ainsi que certaines stations de bus, comme c’est le cas de celle de 2-Mai, Tafourah, Le Caroubier, Gare routière, Glacière… on ne trouve pas d’agents de police pour veiller à la sécurité des lieux durant la nuit. Malheur aux femmes qui circulent seules sans être accompagnées d’un «garde du corps». Car, des jeunes agresseurs se déploient, généralement, dans les places publiques pour capturer leurs victimes. Durant la semaine dernière, une fille a été agressée vers les coups de 21h30 au niveau de la passerelle reliant la station du 2-Mai à la rue Hassiba Ben Bouali. Voulant se défendre, la fille gifle son agresseur, mais ce dernier la prend par la main au su et au vu de tout le monde en lui disant qu’elle s’est trompée de cible tout en la menaçant et en proférant des propos vulgaires. Hormis quelques passants qui sont intervenus pour que cette fille soit relâchée, il n’y avait aucun agent de police dans les alentours malgré la sensibilité de cette place. Dans les bureaux de poste, c’est carrément des vols collectifs et en plein jour. Depuis quelques jours, un nombre important de retraités a été dévalisé de sa retraite. Des jeunes voleurs attendent aux alentours des postes pour voler la pension des retraités. Autre technique, les voleurs attendent les femmes à la sortie des marchés pour leur enlever leurs «achats». C’est ce à quoi ont eu affaire plusieurs femmes qui font leurs achats d’habillement pour la fête de l’Aïd el fitr. Rencontrée, l’une des femmes en question nous raconte qu’elle n’a pas lâché ses sacs d’achats malgré la force de son voleur : «lui, tirait les sacs avec force et moi j’ai eu le courage de ne pas les lâcher. Je venais de terminer mes achats pour mes deux enfants et je n’avais pas les moyens ni la force d’en acheter s’il me les avait volés», témoigne cette femme qui a su se défendre. Des bagarres sont, par ailleurs, signalées un peu partout. Il suffit d’un petit problème pour que les gens expriment certains frustrations ou malaises qui ne disent pas forcément leurs noms. Les rixes ont gagné cette année les hôpitaux et mettent désormais en danger les personnels de la santé. Au-delà de toutes ces formes de danger et d’insécurité qui règnent et qui nuisent à l’image de la capitale, force est de constater et regretter que les mauvais fléaux augmentent sensiblement et que, par conséquent, les bonnes règles de respect d’autrui et des limites ainsi que les valeurs de la dignité et de l’honnêteté perdent de leur place au sein d’une société qui elle-même perd ses repères.
Source Le Jour d’Algérie Yasmine Ayadi
Le Pèlerin