Saint-Lizier, de surprises en découvertes
Il faut se méfier de Saint-Lizier. Cette cité ariégeoise de 400 habitants, plutôt discrète et un tantinet sérieuse, cache bien son jeu. Ceux qui franchiront la rivière du Salat pour grimper sur la colline ne seront pas déçus du voyage. Une fois qu'on a mis les pieds à Saint-Lizier, il est difficile d'en repartir. Pis encore, on a envie d'y revenir. Pourquoi ? Parce que derrière ses murs sobres et parfois même austères, la cité dissimule des merveilles.
Pour les découvrir, il suffit de pousser une porte. De prendre un escalier. De tourner une clef dans une serrure. Ou bien d'aller trouver Danielle à l'office de tourisme. Danielle Pélata dirige ce bureau depuis 20 ans et son enthousiasme pour le patrimoine de Saint-Lizier n'a pas pris une ride. « Je découvre encore des choses », annonce-t-elle.
Situé au cœur du Couserans, dans les Pyrénées Centrales, Saint-Lizier est une ancienne cité romaine. De cette époque, elle a conservé une ceinture de remparts longue de 740 mètres. « La religion chrétienne est arrivée à la fin du Ve siècle avec l'installation de l'évêché où soixante-dix-sept évêques se sont succédé, explique Danielle. Le premier fut l'évêque Saint-Valier. Le second, l'évêque Saint-Lizier, qui donna son nom à la cité. »
Deux cathédrales, sinon rien !
Saint-Lizier s'offre le luxe de posséder deux cathédrales : notre Dame-de-La Sède construite sur les hauteurs, dans l'enceinte du palais des Evêques et celle de la ville basse. Danielle nous conduit dans le chœur de cette dernière où se trouve un ensemble exceptionnel de fresques romanes. « Des artistes italiens les ont peints en 1070. C'est en quelque sort une BD du XIe de la vie religieuse. Le fait qu'on puisse les voir 1080 ans après, c'est fabuleux », s'exclame Danielle. Voici pour la première surprise de Saint-Lizier.
La suivante se trouve à quelques mètres de là. Derrière une porte qui donne accès à un magnifique cloître roman du XIIe siècle. Le seul de toute l'Ariège. Un havre de silence baigné par les rayons de soleil et le roucoulement des pigeons.
Depuis le cloître, on arrive à l'ancienne sacristie où se trouve le Trésor des Evêques du Couserans. « Il est le témoin de 1000 d'histoire locale et comprend le buste reliquaire de Saint-Lizier en argent ciselé et un ensemble important d'orfèvrerie », poursuit Danielle.
Sirop de nénuphars
Encore aujourd'hui, Saint-Lizier est une halte sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins de passage sont hébergés à l'Hôtel Dieu, un ancien hôpital construit au XVIe, qui renferme aussi une fabuleuse pharmacie. L'une des plus belle de France !
Dans cet ancien laboratoire, aux étagères en merisier, remplies de pots en faïence d'un blanc laiteux, le temps semble suspendu depuis le XVIIIe. On y trouve des remèdes dont le simple énoncé prête à sourire. Comme l'huile de chien destinée à soigner les sciatiques et les paralysies. L'élixir de longue vie. Le sirop de nénuphars pour calmer les ardeurs de Vénus. Le vinaigre des quatre voleurs « excellent antidote contre la peste et le mauvais air »… Quant à la folie, elle a été longtemps soignée à Notre-Dame-de-la-Sède. Souvenez-vous, c'est l'autre cathédrale de Saint-Lizier.
Sans folie, l'homme est plus petit
Depuis 1801, l'édifice n'a plus rien de sacré. Jusqu'en 1969, le palais épiscopal fut transformé en asile d'aliénés, la cathédrale servait alors de chapelle aux malades. Désaffecté en 1969, il a été transformé en musée départemental, équipé des technologies dernier cris : écrans tactiles, vidéos, jeux interactifs… pour le plus grand bonheur des jeunes visiteurs. En souvenir du passé, une cellule d'isolement a été reconstruite. Sur ses murs verts, on peut lire : « Sans folie l'homme est plus petit. »
La cerise sur le gâteau quand on visite Saint-Lizier, c'est de se poser à la table du « Le Carré de l'Ange », le temps d'un repas. Son chef, Paul Fontvielle (lire ci-contre) y mitonne une gastronomie de prestige à prix réduits. Sa terrasse offre une vue incroyable sur les sommets enneigés des Pyrénées. Il n'en fallait pas plus pour faire chavirer le visiteur qui quitte Saint-Lizier, conquis. Définitivement séduit. Prêt à y revenir.
Source La Dépêche du Midi
Le Pèlerin