L’université donne l’exemple
Il existe bien des domaines ou la coopération entre l'Algérie et la France ne semble souffrir d'aucun aléa, comme en atteste celle en cours dans l'enseignement supérieur. Sur les trois objectifs des autorités en matière d'enseignement supérieur et de recherche scientifique, (restructuration, professionnalisation, excellence), l'expertise française est bien mise à profit par la partie algérienne.
On le sait au moins depuis l'accord de novembre 2006, signé entre la Conférence des présidents d'universités françaises (CPU) et la Conférence nationale des universités algériennes (CNU) et qui confirme cette coopération pour la mise en place du LMD et le développement des partenariats universitaires. Selon un document du gouvernement français, on estime que «l'Algérie présente de nombreux atouts pour le développement d'une coopération universitaire avec la France». «Le français comme langue d'enseignement : si les sciences humaines, juridiques, économiques et sociales sont enseignées en arabe (…), toutes les autres disciplines scientifiques sont enseignées en français». De plus, on met en avant les liens étroits et anciens entre les deux communautés universitaires. De nombreux universitaires français ont exercé comme coopérants en Algérie et bon nombre d'universitaires algériens ont effectué tout ou partie de leur post-graduation dans un établissement français. Aujourd'hui, 20.000 étudiants algériens poursuivent leurs études en France et les nombreux universitaires algériens installés en France, voire naturalisés, et qui enseignent en France, ont à cœur de favoriser les échanges scientifiques entre les deux pays.
Créée en octobre 2010, la Conférence algéro-française de l'enseignement supérieur et de la recherche est une instance de réflexion et de prospection, dont les rencontres orientées vers des thématiques précises se sont substituées à l'action du Haut-Conseil franco-algérien universitaire et de recherche (HCFAUR), actif jusqu'en 2009. Son noyau est constitué, du côté français, par la Conférence française des présidents d'universités (CPU) et, du côté algérien, par les président(e)s des conférences régionales algériennes (Est, Centre, Ouest) et la Conférence national des universités (CNU). La deuxième conférence algéro-française de l'enseignement supérieur et de la recherche s'est tenue les 18 et 19 octobre 2011 à Marseille sur le thème du développement des liens entre la sphère de l'enseignement supérieur et de la recherche et le monde des entreprises, rappelle-t-on.
De nombreux établissements algériens ont signé une convention de coopération avec un ou plusieurs établissements français (650 conventions de coopération, source MESRS). Ces coopérations prennent des formes multiples : participation à un programme de coopération universitaire bi ou multilatéral, participation au réseau des écoles doctorales, accords de codiplomation, cotutelles de thèses, colloques organisés conjointement, co-publications, etc. Par ailleurs, les universités françaises accueillent de nombreux étudiants algériens (le deuxième effectif en France d'étudiants étrangers) dont une partie – niveau mastère et doctorat – relèvent soit de programmes de coopération spécifiques paritaires, soit de programmes de bourses financées intégralement par le gouvernement algérien. L'Algérie bénéficie aussi d'un nombre estimé important de bourses du gouvernement.
S'agissant du Programme boursier franco-algérien (PROFAS), ce dernier financé par les deux parties, a permis, depuis sa création en 1986, d'accueillir en France près de 10.000 boursiers algériens. Ses orientations sont fixées chaque année par un Comité mixte (CPFS) qui définit le nombre de bourses allouées pour chaque catégorie. Un comité de sélection, de placement et de suivi, composé d'experts français et algériens, procède ensuite à la sélection et au placement des boursiers.
En 2012, 332 boursiers algériens bénéficient de ce programme. Et le document de dire que «pour mieux répondre au besoin crucial de l'Algérie en enseignants-universitaires de rang magistral et utiliser au mieux les moyens programmés, il a été convenu de concentrer les moyens sur deux sortes de programmes, enseignants-chercheurs et cadres administratifs». Parallèlement, le programme PROFAS C (172 boursiers en 2011) s'adresse à des cadres du secteur public et fonctionnaires détachés pour un séjour de spécialisation et haute spécialisation sur une durée pouvant s'étendre jusqu'à un an dans le cadre d'une formation diplômante ou qualifiante.
Un autre programme de coopération existe, il concerne la formation des enseignants chercheurs (dit CMEP). C'est l'un des programmes-phares de la coopération franco-algérienne. Le principal objectif du programme d'actions intégrées de recherche et de formation doctorale est de former de jeunes chercheurs algériens encadrés par des chercheurs seniors dans le cadre d'un projet de recherche mené en commun par des équipes des deux pays. Ce programme est ouvert à toutes les disciplines.
Ce programme comprend 115 projets bilatéraux actifs en 2012, auxquels s'ajoutent 5 PHC régional, commun à l'Algérie, au Maroc et à la Tunisie. Environ 400 chercheurs juniors sont accueillis chaque année dans des laboratoires de recherche français pour des séjours de 1 à 4 mois.
D'autre part, il existe un programme de consolidation de la place du français dans l'enseignement supérieur algérien.
Le premier objectif de cette coopération est de reconstituer, en nombre et qualité, un corps professoral devant intervenir aussi bien dans la filière «français» que dans les autres filières.
Le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) «mise en place d'une école doctorale de français : formation et recherche» ", d'un montant de 6,5 millions d'euros, en cours d'exécution, contribue à remédier à l'insuffisance du corps professoral universitaire de langue française et à accroître le nombre d'étudiants dans les filières supérieures d'enseignement du français. (1.600 étudiants dans une formation doctorale en réseau franco-algérien).
Enfin, s'agissant de l'accueil des étudiants algériens en France, il faut savoir qu'un vivier de 20.000 étudiants algériens est présent en France et constitue le 3e groupe d'étudiants étrangers après le Maroc et la Chine. Il se renouvelle chaque année au rythme d'environ 5.000 nouveaux étudiants. L'âge moyen des candidats était de 24 ans, 60% des nouveaux inscrits à Campus ont un niveau Bac+3 à Bac+5 et 58% étaient originaires de 3 wilayas (Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger). En parallèle à cette démarche, chaque année, plus de 16.000 étudiants passent les tests de langue obligatoires : TCF DAP et TSF SO dans l'un des 5 CCF. En parallèle, les inscriptions au DELF (diplôme d'études en langue française)/ DALF (diplôme approfondi de langue française), diplômes valorisables au-delà de la procédure Campus France, sont en forte progression.
Le document se conclut par un rappel du projet dit d'appui à la diffusion de la culture scientifique et à la création d'un «palais des sciences» algérien.
«Les filières scientifiques et techniques font depuis longtemps l'objet au sein de notre coopération d'un appui soutenu, en particulier par ses programmes boursiers de niveau doctoral ou postdoctoral», est-il souligné. Projet phare de cette coopération algéro-française, un palais des sciences algérois, élaboré sur le modèle du Palais de la découverte, devrait ouvrir ses portes à l'horizon 2013.
Source Les Débats Nabil Benali
Le Pèlerin