Dégâts des eaux en Algérie - Les travaux d’assainissement faisant défaut - Intempéries : elles sèment toujours mort et désolation !
La moindre intempérie est suivie de pertes humaines et de dégâts matériels. Depuis le début de l’année, des dizaines de personnes ont péri et des centaines d’habitations se sont effondrées.
Les fortes précipitations de ces derniers mois sur les régions du nord du pays n’ont pas été sans conséquences désastreuses. A l’est, à l’ouest et au centre du pays, plusieurs accidents de la circulation ont été signalés, des habitations se sont effondrées et des réseaux routiers ont été coupés à la circulation.
Cinq personnes ont trouvé la mort et plusieurs autres ont été blessées en moins de 24 heures. Les enquêtes ont révélé que l’inondation des routes par les eaux pluviales et la grêle ont été les principaux facteurs de ces accidents. Les conducteurs ont, alors, perdu le contrôle de leurs véhicules sur une chaussée devenue trop glissante.
A Birtouta (Alger), les pluies ont causé le renversement d'un minibus transportant des voyageurs. Cet accident a fait 9 blessés. Plusieurs autres accidents ont été signalés à travers les différentes régions du pays. La neige a causé la fermeture de plusieurs réseaux routiers à la circulation. Ainsi, la route nationale reliant Tizi Ouzou à Bouira, au niveau du col de Tirourda (commune d'Iferhounène), et celle entre Tizi Ouzou et Bouira, au lieu dit Tizi n’Kouilel (commune d'Iboudrarène), ont été coupées à la circulation pendant près d’une semaine au début de ce mois de mars. La neige a pareillement bloqué, durant trois jours, la RN reliant Illoula Oumalou à Béjaïa, au lieu dit Fedj Chelata (commune d'Illoula Oumalou), ainsi que la RN reliant Aïn El-Hammam à Azazga, entre les communes d'Aït Yahia et Aïn El-Hammam.
Le réseau routier à la hauteur de la RN reliant Bouira à Tizi Ouzou, au lieu dit Assoul (commune d'El-Esnam), et celui de la RN reliant Chréa à Blida et le Chemin de wilaya (CW) entre Chréa et Douar Tabeinet, au lieu dit Mirador (commune de Chréa), a été aussi sérieusement perturbé à cause de la neige.
A Sétif, le chemin communal entre les localités d'Aït Naoual Mezada et Bouandas a subi le même sort. Dans l'ouest du pays, les fortes pluies ont inondé la chaussée au niveau de la RN reliant Aïn Sefra à Naâma, au niveau de la commune d'Asselah. Outre le blocage de la circulation, les intempéries ont également été à l’origine de l’effondrement d’un pont, construit récemment, à Baghlia (Boumerdès). Par ailleurs, plusieurs habitations se sont effondrées à Alger, Constantine, Souk Ahras, Khenchela et Biskra.
Il s’agissait de vieilles bâtisses qui n’ont pas été réhabilitées depuis plusieurs années. En outre, des milliers d’habitations ont été inondées par les pluies, ce qui a nécessité l’intervention des éléments de la Protection civile pour évacuer les habitants.
Habitations précaires : l’autre danger
Des centaines de milliers de citoyens vivent dans des habitations précaires et sont menacés à chaque forte chute de pluies. Ces habitations en pisé, en tôle ou en d’autres matériaux hétéroclites ne sont pas en mesure de résister aux intempéries. Selon les récentes statistiques du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, 8% du parc immobilier national est composé d’habitations fragiles.
Une enquête réalisée en 2007, la plus récente (!), a révélé l’existence de pas moins de 554 000 constructions précaires, dont 60% dans les grandes villes et 40% dans les zones rurales. 13% de ces habitations se concentrent dans les chefs-lieux de wilayas. Alger compte, à elle seule, plus de 45 000 bidonvilles. Tous les efforts fournis dans le cadre de l’éradication de ce type d’habitations se sont avérés vains, en raison de l’insuffisance des quotas de logements offerts, d’une part, et aux pratiques malhonnêtes (vente de logements et retour aux bidonvilles), d’autre part. Dans d’autres régions du pays, 280 000 constructions précaires sont érigées aux abords des oueds et, par conséquent, exposées aux intempéries. Ces habitants sont, alors, en danger permanent. Des centaines de citoyens ont été tués, suite à de fortes inondations, dans différentes régions du pays et les autres… attendent leur tour ! Le lancement du programme de l’habitat rural, ces dernières années, aurait pu mettre un terme à cette situation, si les prix des matériaux de construction n’avaient pas enregistré une flambée. Des centaines de milliers de citoyens ont été contraints de suspendre leurs travaux et vivent toujours sous la menace…
Et encore, la nature est assez clémente
Avec un climat généralement clément, les fortes pluies et les chutes de neige enregistrées, de temps à autre, font des victimes et d’importantes pertes matérielles dans notre pays. Les défaillances actuelles en matière de réseaux d’assainissement, des chaussées trop glissantes et des habitations précaires mettant leurs occupants en danger permanent, relèvent de l’absence d’une politique ambitieuse visant à protéger les citoyens des caprices de la nature. Il suffit, par exemple, de quelques jours de neige, pour bloquer la circulation routière dans les régions concernées. Les collectivités locales ne disposant pas de moyens de déneigement. Il faut alors attendre le retour du soleil pour «libérer» ces régions. Et les routes deviennent de grandes flaques d’eau et les maisons sont inondées d’eau de pluie… Pourtant d’importantes enveloppes financières sont allouées annuellement à cet effet. Sans résultat, puisque les travaux dans ce domaine s’éternisent… Il est alors facile d’imaginer ce que serait la situation, si le climat dans notre pays avait été caractérisé par de fortes intempéries et de chutes de neige durant une longue période de l’année comme en Europe. «Le bon Dieu a pitié de nous. Je me demande quel serait notre sort si les conditions climatiques étaient plus rudes. Nous aurions, tout simplement, péri… par centaines», souligne Amar, enseignant de géographie dans un CEM d’Alger.
Ghardaïa et Bab el-Oued : des leçons non retenues
A chaque fois que les intempéries emportent des vies humaines, on enterre les victimes, on fait des promesses… et on oublie.
Il semble que les responsables des collectivités n’ont pas retenu les leçons du passé. Et les intempéries continuent d’engendrer de nombreuses victimes et dégâts à travers les différentes régions du pays ! Les précipitations pluviométriques ne sont, bien évidemment, pas à incriminer, puisque les vrais responsables de ces pertes sont les responsables qui ne veillent pas à réaliser des travaux à même de mettre les citoyens à l’abri des caprices de Dame Nature. Il ne se passe pas une période où les fortes précipitations ne causent pas de pertes, et ce sont pratiquement les mêmes localités qui subissent les dégâts.
Les inondations qu’a connues Bab El-Oued (Alger), en novembre 2001 sont, pourtant, restées gravées dans la mémoire des Algériens. Mais, semble-t-il, pas dans la mémoire des responsables ! Dans la matinée du 10 novembre 2001, des pluies diluviennes, d’une rare violence, s’étaient abattues sur Bab El-Oued. Bilan : 800 morts, des dizaines de blessés et de sans-abri. La folie de l’oued M’kessel, descendant des «gorges» du Frais-Vallon, charriant des tonnes de boue a engendré une catastrophe. Un long débat a suivi ce désastre, mais rien n’a été fait depuis.
On a beaucoup parlé de la nécessité de la réhabilitation de tous les réseaux d’assainissement pour éviter d’autres catastrophes de ce genre. Des «pluies» de discours se sont alors abattues et «ont inondé» les oreilles de tous les citoyens.
Ces discours se sont avérés creux, car les pluies ont encore fait des victimes. Sept ans plus tard, les habitants de Ghardaïa ont subi le même sort. Début octobre 2008, de fortes intempéries ont causé le débordement de l’oued M’zab, faisant plus d’une trentaine de morts, des dizaines de blessés et de sinistrés. Les discours prometteurs ont «réapparu» avec, cette fois-ci, plus de «détermination» à protéger les Algériens des inondations.
Et voilà que tout ce qui a été dit n’a pas été réalisé sur le terrain. Il y avait des morts et des blessés entre 2001 et 2008 et d’autres depuis les inondations ayant endeuillé la paisible ville touristique de Ghardaïa. Certaines localités du pays, notamment, celles de l’intérieur et du Sud, ne disposent même pas de réseaux fiables d’assainissement. A Naâma, El-Bayadh, Khenchela, Annaba, Oued Souf… les habitants ont désormais une phobie de la pluie. Car il suffit de quelques heures de pluies pour perdre des vies humaines, du cheptel et des maisons construites généralement en pisé. Une chose est certaine : tant qu’une réhabilitation «sérieuse» de tous les réseaux d’assainissement n’est pas opérée, les intempéries continueront, sans nul doute, à causer des morts et des dégâts…
Source Infosoir
Le Pèlerin