Football Egypte-Algérie
Décryptage du futur Égypte-Algérie
On refait le match !
Le 14 novembre se déroulera la finale du groupe entre l’Égypte et l’Algérie. Un match qu’on abordera dans des conditions difficiles que l’EN aurait pu s’éviter. Décryptage.
Devions-nous encore jouer à Blida ?
NON. Rabah Saâdane s’est plaint de l’état de la pelouse de Blida. Un comble, quand on sait que ce sont les joueurs de l’EN qui ont imposé leur choix au sélectionneur pour recevoir dans l’exiguë enceinte du stade Chaker. Les supporters algériens ont été pénalisés et l’organisation chaotique (voir encadré sur le travail des journalistes) n’a fait que rajouter à la frustration des fans des Verts. Il est maintenant trop tard pour se lamenter sur l’état de la pelouse qui n’a pas favorisé les qualités intrinsèques des Verts. Un jeu technique, vif et véloce. On espère ne pas le regretter pour la suite.
Faut-il demander un arbitre européen ?
OUI. L’arbitrage digne d’un match de division d’honneur de l’arbitre guinéen nous renseigne sur le fossé qui existe entre les meilleurs arbitres FIFA et ceux de la CAF. L’arbitre, dépassé par les événements, a compromis les chances des Verts. C’est indéniable. Mais dans cette mascarade d’arbitrage, les Algériens ont été naïfs, notamment les dirigeants, en se faisant intoxiquer par les déclarations égyptiennes sur une prétendue connivence de l’arbitre avec les Algériens. Ses décisions ont davantage favorisé les Égyptiens et, de ce fait, la désignation d’un arbitre européen pour cette “finale” du groupe est obligatoire. Une demande paradoxalement soutenue par les Égyptiens.
La guerre psychologique est-elle à l’avantage de l’Égypte ?
OUI. Les Égyptiens n’ont pas d’équivalent pour “pourrir” un match avant qu’il ne commence et souffler le chaud et le froid. Pour le chaud, le chroniqueur Amrou Adib déclare : “L’Égypte a soutenu l’indépendance de l’Algérie et on leur a appris la langue arabe.” En référence aux années Nasser, le leader égyptien, qui voulait mettre l’Algérie sous tutelle. Les provocations verbales de ce type vont se multiplier ces prochaines semaines et il serait probablement judicieux de ne pas y répondre, car les Algériens seront soumis à rude épreuve, notamment sur le plan psychologique, au Caire. Pour le froid, les ex-internationaux égyptiens Ahmed Shobeir et Magdi Abdelghani tentent de nous endormir avec des formules telles que “ce n’est qu’un match de football”, “la relation politique algéro-égyptienne est plus solide que le football”. On verra.
Les supporters algériens seront-ils du voyage ?
NON. L’Égypte va probablement vouloir jouer le match sans un seul supporter algérien dans les tribunes. Déjà, des dirigeants égyptiens pointent du doigt le “hooliganisme” des fans des Verts en se référant aux événements de Sfax. D’autres dénoncent la “casse” des supporters algériens en France, à Marseille. C’est à la FAF de défendre la présence des supporters algériens en Égypte avec le respect des quotas imposés par la FIFA et le droit au visa égyptien qui sera délivré au compte-gouttes.
L’Égypte a-t-elle peur des Verts ?
OUI. Les Égyptiens savent qu’ils n’ont pas une équipe à la hauteur de la qualification pour le Mondial. À valeur comparative, les joueurs algériens leur sont individuellement supérieurs. Mais les Égyptiens demeurent des compétiteurs nés, habitués au contexte des matchs à enjeux.
Ils savent notamment comment endormir l’adversaire et l’épuiser psychologiquement avant le match. Ils ont également l’avantage d’avoir joué des matchs au couteau de niveau international comme lors de la Coupe des confédérations. Le match du talent contre l’expérience.
Les Verts savent-ils à quoi s’attendre au Caire ?
NON. Sans jeter la pierre à des professionnels aguerris, les joueurs de l’EN n’ont jamais joué dans un stade comme le Cairo Stadium. En Europe, il n’y a pas d’équivalent en termes d’ambiance, si ce n’est le stade de Belgrade ou celui de Glasgow que Madjid Bouguerra connaît si bien.
Le sang-froid des joueurs de l’EN ne sera pas de trop pour ne pas sombrer dans la provocation égyptienne. Le contentieux Belloumi en dit long sur l’étendue de la rancœur égyptienne.
L’Algérie a la fâcheuse habitude de craquer nerveusement face à des Égyptiens toujours aussi habiles à faire déjouer l’adversaire, une des clés du match.
Raouraoua a-t-il bien préparé ce déplacement périlleux ?
NON. On ne peut pas dire qu’El Hadj Raouraoua ne connaît pas les subtilités politiques d’un match à haut risque comme celui-là. Rompu aux arcanes de la CAF, connaisseur des rouages de la FIFA, le président de la FAF aura à jouer un rôle déterminant d’ici le 14 novembre pour mettre l’EN dans les meilleures dispositions, notamment en alertant la FIFA sur les conséquences de la pression égyptienne. Quitte à déléguer des observateurs de la FIFA sur place. Le revers est que la FAF n’a pas su anticiper le match du Rwanda en demandant la révocation d’un arbitre qui nous a plombé le résultat. La FAF a péché dans l’anticipation. Saâdane a-t-il réussi à construire une équipe ?
NON. C’est une des interrogations les plus délicates. Le classement de l’EN dans ce groupe ne saurait masquer les insuffisances dans le jeu constatées par tous les observateurs lors du match. Jeu brouillon et par intermittence, joueurs qui se marchent sur les pieds, rigueur tactique absente et schéma de jeu poussif, les Verts doivent les victoires davantage à leur talent individuel qu’à une expertise de l’entraîneur. Il est clair que si Saâdane est le leader mental du groupe, il n’a pas apposé sa griffe au collectif dont l’errance, par moment, peut nous réserver une catastrophe au Caire. Et ce ne sont pas les déclarations optimistes d’après-match qui vont dissiper cette impression de fragilité collective sur le terrain.
Source Liberté Mounir Boudjema
Le Pèlerin