Décryptage - Une étude a examiné pour la première fois le cerveau de patients «accros» au sexe...
Les «accros» au sexe sont-ils des malades comme les autres? Pour la première fois, une étude publiée au Socio affective Neuroscience and Psychologie et conduite par le docteur Nicole Prause, de l'université d'UCLA, a permis d'examiner comment le cerveau de patients «accros au sexe» réagissait fasse à des images pornographiques.
L'idée de départ consistait à se demander si la dépendance au sexe était une addiction au sens clinique. Ce qui aurait entraîné des réponses neuronales similaires à celles observées chez des patients accros à l'alcool ou à la drogue. Sauf que ça n'a pas été le cas.
Ces «résultats controversés, parce qu'ils changent la manière dont nous voyons cette maladie», a expliqué Nicole Prause à Slate, n'ont donc pas tardé à faire réagir. Certains se demandant si l'addiction au sexe ne devait pas, tout simplement, être remise en cause.
«Les gens en souffrent»
Pour Laurent Karila, responsable des consultations d'addictologie de l'hôpital parisien Paul-Brousse, l'addiction au sexe est bien réelle. «C'est une vraie maladie, les gens en souffrent.» Chaque année, quelque 200 patients passent les portes de son service.
Deux grandes familles se distingueraient. D’un côté, les adeptes de la masturbation compulsive (de cinq à plus de dix fois par jour) couplée à une cyberdépendance encouragée par la multiplication des terminaux reliés à Internet. Les autres seraient quant à eux plus en prise avec le réel, affichant une fréquentation assidue de call-girls, sex-clubs ou prostituées.
Mais impossible de dire combien ils sont. Car aucune étude épidémiologique n’existe. «On estime que 3 à 6% de la population pourrait être touchée», détaille Laurent Karila, se basant sur les projections de chiffres américains. Cette maladie serait même en «plein boom». D'après le médecin, il serait donc «prématuré de dire que ce type d'addiction peut être remis en cause avec cette étude».
Peu d’études sur le sujet
Lui la juge plutôt utile. «Elle peut apporter quelque chose. C'est une publication très intéressante», indique le médecin. Qui plus est pour un phénomène sur lequel peu d'études existent.
«Mais les équipes françaises s'y mettent, explique l'auteur d’Accro (Flammarion). Dans mon service, nous venons d’ailleurs de valider un questionnaire qui permettra de faire le tri.» Et ainsi de mieux diagnostiquer ces patients touchés par une addiction aux causes multiples. Comme «l'environnement familial, le facteur génétique, culturel, personnel ou la rencontre avec le produit», explique le médecin.
Alors, si cette publication «ne permet pas de poser de conclusion», estime Laurent Karila, elle relance en tout cas le débat autour de l’addiction au sexe. «Un véritable phénomène», qui touche principalement les hommes, mais qui n’épargne pas les femmes.
Source Le Nouvel Observateur
Le Pèlerin