Un logiciel pour identifier les vulnérabilités des bâtis
Carte du rique sismique
Les villes algériennes sont connues pour leur vulnérabilité vis-à-vis des changements climatiques. Néanmoins, le degré de la sensibilité et de la fragilité diffèrent en fonction des phénomènes de la nature et de l’architecture. Si les pluies ont toujours l’effet d’inonder les axes routiers, les bloquer ou de faire effondrer les vieux bâtis, les séismes, eux, ont des répercussions souvent plus graves et plus dramatiques. L’année 2003 a connu l’un des séismes les plus forts ayant touché les villes côtières d’Algérie. Un tremblement qui a fait un triste bilan de morts qui ont dépassé les mille ainsi que des milliers de blessés.
La semaine dernière, un tremblement de terre qui a secoué plusieurs localités de la wilaya de Béjaïia occasionnant plusieurs blessés ainsi que des dégâts matériels. Au moment où les experts tirent les sonnettes d’alarme au sujet de la vulnérabilité des habitations aux séismes et qui déclarent que 80% des habitations sont très fragiles, l’Algérie accuse, en effet, un grand retard en terme d’adaptation de ses nouvelles constructions aux risques sismiques. Les spécialistes ont pour longtemps souligné la nécessité de réaliser des études sérieuses avant la réalisation des projets et suggéré la création d’une commission nationale d’experts, d’un fonds spécial afin d’identifier et d’analyser les habitations fragiles, entre autres. Le directeur général du Centre national de génie parasismique (CGS) d’Alger a annoncé par ailleurs que les règles parasismiques algériennes dans leur version 2012 sont en cours d’élaboration. Cette déclaration a été faite à l’occasion d’une rencontre organisée par le Centre universitaire d’Aïn-Témouchent (CUAT), sous le thème «Le génie parasismique et géotechnique, du séisme à l’ouvrage», selon la même source. «Ces règles qui englobent l’expérience de trois décennies de construction parasismique seront traduites dans cette nouvelle version». «Cette version 2012 a fait l’objet de larges consultations nationales pour toucher 5 000 experts et opérateurs nationaux» a-t-il ajouté. Et d’expliquer que devant le nombre important des constructions lancées en Algérie dans le cadre de son développement, ces règles «contribuent à la protection des ouvrages et surtout des citoyens contre les tremblements de terre». Un logiciel identifiant les vulnérabilités des habitations au risque sismique a été, par ailleurs, mis au point par des chercheurs algériens, à l’occasion du colloque international consacré à la thématique «Architecture, paysage, urbanisme: pour quelle qualité de vie?». Cet outil scientifique, qui a été appliqué avec succès à une zone d’habitation de la ville d’Oran, permet d’évaluer les indices de vulnérabilité des différents types de construction face au scénario sismique, a précisé Mme Fatima-Zohra Baba Ahmed, co-auteur de cette étude. Ce programme informatique donne la possibilité d’estimer le niveau des dommages physiques à partir de l’indice de vulnérabilité d’un ensemble d’habitations qui est calculé en fonction de divers paramètres liés notamment au type de matériau utilisé (maçonnerie ou béton armé), au nombre d’étages et à la période de construction, a-t-elle expliqué.
Le logiciel élaboré par ces scientifiques s’appuie sur les données statistiques émanant du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), relatives aux séismes les plus destructeurs survenus au cours des deux derniers siècles en Algérie, les plus anciens remontant à 1716 à Alger et 1790 à Oran.
Source Le Jour d’Algérie Yasmine Ayadi
Le Pèlerin