Destination - Après environ 1h 30 de vol, nous atterrissons enfin à Biskra, la capitale des Zibans.
Quelques instants après, nous prenons un bus et nous nous rendons à l’hôtel pour nous reposer. A cette heure de la journée, il est impossible de sortir pour découvrir la ville des Zibans. Nous attendons donc la fin de la journée et un climat plus clément. Une fois toutes les conditions réunies, nous nous dirigeons vers le premier site inscrit dans notre programme : Les magnifiques gorges d’El-Kantara. Nous empruntons une longue route complètement vide au milieu du désert.
Il fait toujours un peu chaud. A quelques centaines de mètres de ce site, nous apercevons une étrange déchirure au milieu des montagnes rocheuses. Cela serait, selon la légende, l’œuvre…d’un coup de talon d’Hercule ! Après environ une heure de trajet, nous arrivons enfin à destination.
Première impression : Il fait très frais. «C’est l’endroit le plus frais ici à Biskra», nous dit notre guide. El-Kantara, une oasis située dans le sud-ouest des Aurès à 50 kilomètres au nord de Biskra, est le site le plus connu dans la capitale des Zibans, et l’un des plus célèbres en Algérie.
Il attire, chaque année, des milliers de touristes notamment étrangers, qui s’y rendent pour admirer un véritable chef-d’œuvre de Dame Nature. Des montagnes impressionnantes dominent ce site avec des gorges éblouissantes devant une vaste palmeraie. Au milieu de ce tableau naturel, une petite rivière coule tout doucement à travers la palmeraie.
Au niveau de ce site, on découvre également un magnifique pont bâti par les Romains en 335 après J.-C. «Il a été réalisé par les légionnaires romains. A partir de 1844, les Français ont retapé ce pont et l’ont renforcé», nous apprend notre guide, Saïd Chitour. De nombreux écrivains et poètes, qui ont déjà visité ce site, ont été impressionnés par sa beauté. Le peintre français Eugène Fromentin a, lors de son passage à El-Kantara en 1853, écrit : «El-Kantara le pont garde le défilé et pour ainsi dire l'unique porte par où l'on puisse, du Tell, pénétrer dans le Sahara.
Ce passage est une déchirure étroite, qu'on dirait faite de main d'homme, dans une énorme muraille de rochers de trois ou quatre cents pieds d'élévation. Le pont, de construction romaine, est jeté en travers de la coupure.
Le pont franchi, et après avoir fait cent pas dans le défilé, vous tombez, par une pente rapide, sur un charmant village, arrosé par un profond cours d'eau et perdu dans une forêt de plusieurs milliers de palmiers.
Vous êtes dans le Sahara. Au-delà s'élève une double rangée de collines dorées, derniers mouvements du sol, qui, douze lieues plus loin, vont expirer dans la plaine immense et plate du petit désert…».
Réputation - La ville de Constantine est beaucoup plus connue pour ses ponts suspendus.
Ce pont traverse les gorges à 175 mètres au-dessus de l’oued Rummel. Avec une longueur de 164 mètres et une largeur de 5,70 mètres, il supporte une charge de 17 tonnes. Il a été conçu par Ferdinand Arnodin, et réalisé par l'entreprise Witte. Il a été inauguré le 19 avril 1912, le même jour que celui de Sidi Rached.
Au mois d’avril dernier, le pont de Sidi M’cid a «fêté» son centenaire. Du haut de ce pont, on domine une bonne partie de la ville de Constantine. On a une vue exceptionnelle sur les gorges, une partie de la ville et de magnifiques petites cascades. Le pont de Sidi M'cid a fait l’objet au cours de l’année 2000, du remplacement de 12 câbles, dont 4 principaux. Après avoir immortalisé notre passage sur ce pont par de nombreuses photos, nous nous sommes allés un peu plus loin pour visiter un autre monument connu à Cirta, à savoir le monument aux morts. Celui-ci a été construit en 1930 par les Français à la mémoire de tous les enfants de la ville (qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens...) qui sont morts durant la Seconde Guerre mondiale. Les noms de tous ceux-là sont gravés sur les façades de ce monument qui est très important car il figure dans tous les guides touristiques.
Du haut de ce monument, on a également une superbe vue sur la ville de Constantine. On y trouve également une petite table d’orientation construite par le Touring Club de France. Quoique ce monument constitue l’une des attractions de la ville de Constantine, il se trouve dans un état lamentable. Il est tout simplement abandonné.
Les autorités locales n’ont, semble-t-il, pas jugé utile de l’entretenir et de le sécuriser. Une vaste opération de restauration de ce monument devait, pourtant, démarré en 2010, selon le P/APC de Constantine. Un bureau d’études devait remettre, à l’issue d’un diagnostic, une fiche technique complète sur l’état de ce monument et proposer des solutions pour le «sauver d’une mort devenue quasi certaine».
Mais force est de constater qu’à ce jour, rien n’est encore fait concrètement pour préserver ce site. L’APC de Constantine et la wilaya doivent consacrer un budget spécial pour l’entretien et le gardiennage d’un monument pareil.
Cependant, il est vrai qu’il ne faut pas toujours pointer du doigt les autorités car, il faut le dire, il y a un manque de culture chez certains de nos concitoyens, en témoignent les graffitis de tout genre sur les façades du monument et de l’odeur insupportable qui se dégage du site dès qu’on s’y approche.
Malheureusement, il est devenu….un urinoir public !! Beaucoup de citoyens et même certains responsables locaux ignorent la valeur d’un site pareil. C’est ce qui fait qu’il se dégrade de jour en jour.
Patrimoine - Les balcons du Ghoufi est un site archéologique situé dans les Aurès, entre Arris et Biskra.
L’endroit est généralement désert, surtout en cette journée du mois de juin où la chaleur est suffocante. Il est peu connu, car il n’est vraiment pas valorisé. Les automobilistes qui empruntent cette route nationale ne s’arrêtent pas devant ce site. Certains ignorent même son existence.
Pour le sortir de l’anonymat, les autorités ont procédé récemment à plusieurs opérations de réaménagement. Des petits commerces ont été créés au niveau de ce site, notamment pour la vente d’objets artisanaux. C’est le cas notamment d’un jeune que nous avons rencontré sur place.
Il occupe deux petits magasins, l’un pour la vente d’objets traditionnels et souvenirs. «Tout ce qu’on demande aux autorités c’est de nous aider au moins en assurant l’essentiel, à savoir l’eau et l’électricité. Quand on aura tout cela, on pourra offrir de meilleures prestations et c’est ainsi qu’on attirera les touristes.
Il faut que vous transmettiez ce message aux autorités, car c’est très important. Il y va de l’avenir de ce site.
Certes, moi je travaille pour gagner ma vie, mais il faut également qu’on préserve ce patrimoine. Car si on le laisse dans cet état, un jour il disparaîtra. Et c’est toute une partie de notre histoire qu’on perdra», nous dit ce jeune plein d’enthousiasme.
«Moi je fais de mon mieux pour le préserver, mais il nous faut tout de même une aide des autorités. J’ai une petite kheïma ici, j’accueille des touristes étrangers et je leur prépare des plats traditionnels. Et avant d’être commerçant, je suis d’abord guide bénévole», ajoute notre interlocuteur.
Pour l’histoire de cet endroit situé en bordure de la Route nationale reliant Biskra à Batna, notre interlocuteur nous fait savoir qu’il a attiré l’homme il y a des centaines d’années. Les Amazighs chaouis ont vécu, sur la rive de Ighzer Amellal, de 1700 à 1900, selon lui. Ils ont planté des palmiers et d’autres arbres fruitiers. Ils ont choisi cette région pour son climat et la sécurité qu’elle offre en temps de troubles.
Ils ont vécu ici en tribus. Quatre ou cinq villages formaient une tribu. Il y en avait plusieurs : Ath Yahia, Ath Mansour, Ath Mimoune, Ath Fatheh. Chaque tribu avait une forteresse : Ils l’utilisaient pour se protéger des ennemis mais aussi pour y stocker de la nourriture. Ils ont également construit des maisonnettes sur les deux rives de ce fleuve. Ils ont fait deux systèmes d’habitations : une pour hiver et l’autre pour l’été.
Particularité - La wilaya de Jijel, avec sa magnifique corniche, est certainement l’une des plus belles régions de la côte Est.
Nous étions tout simplement stupéfaits par la beauté de ce site abritant ce barrage, notamment son pont magnifique. Nous laissons derrière nous ce site féérique et nous allons à la conquête de la côte jijélienne. Nous admirons des paysages plus beaux les uns que les autres. Un véritable tableau de Dame Nature où le vert des montagnes épouse le bleu de la Méditerranée.
C’est cet atout naturel qui fait de la corniche jijélienne la première destination pour des millions d’estivants. Cependant, Jijel n’est pas seulement connue pour sa corniche, mais aussi par sa grotte merveilleuse qui fait face à une très belle plage. Celle-ci constitue également un produit phare de Jijel, notamment durant la saison estivale. Cette grotte naturelle, découverte en 1917, est gérée par le parc national de Taza, la direction générale des forêts et le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, nous apprend le guide.
Avant d’entamer la visite de cette grotte, celui-ci nous prie de ne pas prendre de photos, car c’est «strictement interdit». «On va vous accorder une faveur, on vous autorisera à prendre une photo de groupe», nous dit-il. Une fois à l’intérieur, tout le monde était simplement émerveillé par cet univers souterrain. «La température est constante : 18° et l’humidité oscille entre 70% et 80%. Toutes ces couleurs que nous voyons sur les roches représentent des métaux, sauf le noir. La couleur dominante est le blanc, la calcite.
La couleur noire sur les roches est due au flash des appareils photo. C’est pour cette raison que nous interdisons les photos à l’intérieur. Nous visons, à travers cette démarche, à protéger ce site naturel», nous explique le guide. A l’intérieur on laisse libre cours à son imagination. On peut contempler de nombreuses configurations selon l’angle de vision : Une Rose des sables, le plus haut sommet du Hoggar, un lion, un aigle, une cascade, un château, un poisson congelé, etc. Avant de pénétrer encore au plus profond de cette grotte, le guide nous demande de ne pas toucher. Le guide tient à ce qu’on soit tous en groupe afin de tout contrôler, pour ne pas dépasser certain périmètres «interdits». Il nous lance : «Je vous ferai visiter les USA sans visa. Regardez par là, vous allez voir la Statue de la Liberté. D’un autre angle, on voit la coupe du monde. Au fond vous voyez les deux pieds d’un chameau. On y voit également la Tour de Pise». «Maintenant, c’est le moment de la grande surprise. Mais je vous demande un silence total pour que vous puissiez apprécier», nous dit-il.
A l’aide d’un bâtonnet, il «caresse» les stalagmites et stalactites et provoque un son de musique africaine qui résonne dans toute la grotte.