L’Algérie face aux «réformes»
Il était pathétique le directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), quand il tentait, la semaine dernière à Paris, de séduire les investisseurs français. Dans la poche, il a une Bourse de partenariats, consultable à distance, qui offre des dizaines de projets dans les matériaux de construction (10 projets), les industries diverses (18), l’industrie chimique (8), l’agroalimentaire (22), la santé (6) et le tourisme (6). Des «projets matures» qui n’attendent que les partenaires. On va voir si sa supplique va être entendue, car jusqu’ici toutes les tentatives sont restées lettre morte, même après que tous «les indicateurs macroéconomiques» soient redevenus verts. L’ironie de l’histoire est qu’après cela, les donneurs de leçons, les prophètes du capitalisme et du marché, vont continuer de hurler contre l’option, la seule raisonnable et juste, que l’Etat algérien doit définitivement arrêter la dérive dans laquelle il a fourvoyé le pays et le peuple. Ce sera la seule réforme valable, parmi toutes. La réforme que revendique par tous ses soubresauts la colère populaire. Celle qui fera que les centaines de milliards engrangés servent au développement national, par l’investissement public. Le seul d’ailleurs qui peut être maîtrisé et orienté dans le sens des intérêts nationaux et non dans ceux du profit privé, surtout étranger. De plus il n’y a plus d’argument qui vaille à rester au garde-à-vous devant la religion mondialisée qu’est le néolibéralisme, puisqu’il y a une raison de rompre qui est de répondre à ceux-là mêmes qui persiflent : «Etat riche, peuple pauvre». A ce propos, les nouveaux députés qui se sont coupés en quatre, durant des jours, à convaincre les électeurs de leur bonne foi et qu’ils feront tout pour remettre les choses à l’endroit, devraient trouver, ici, l’occasion de restituer aux Algériens le produit des ressources naturelles. En sachant que la seule façon de le faire est de mettre l’argent dans le secteur public, unique moyen de le maintenir au service du citoyen. Ce ne sera qu’un juste retour des choses après avoir généralisé le chômage pour offrir des bras aux privés nationaux et étrangers, qui n’ont rien fait pour le juguler et l’absorber. Le contexte ne sera jamais plus favorable, les dieux du marché sont en pleine déconfiture et dans le chacun pour soi et enfreignent les principes de partage établis. Les chasses gardées des uns sont convoitées et violées par d’autres. Cette situation ouvre des opportunités inédites et inespérées à des négociations moins contraintes par l’effet de domination. Pour le moment, plus que des partenaires qui se déchirent et qui sont prêts à accepter les enchères. Pour l’Algérie, il s’agit d’une chance qui ne se renouvellera pas. Elle a l’expérience et les blessures des recettes passées, elle a les références des accords qu’il ne faut pas passer et elle a la chance que son économie ne risque rien de l’intérieur, puisque aucun investissement étranger ne participe à sa cohérence générale. Elle a le devoir de se réformer, contre les réformes qu’elle a appliquées.
Source Le Jour d’Algérie Badis Guettaf
Le Pèlerin