Une fois n'est pas coutume, le Onze rentrant choisi par Halilhodzic, contrastait totalement avec ses déclarations, et surtout ses réponses fournies, lors de sa dernière conférence de presse en date d'avant-match. Le coach Vahid a encore surpris son monde, en alignant mardi dernier, et pour la première fois, plusieurs joueurs qui ont finalement bien tenu le choc, même si par moments, l'EN a longtemps subi le jeu. L'EN a d'ailleurs manqué beaucoup d'imagination, notamment sur le plan offensif. Contrairement au match aller, les Verts ne sont jamais arrivés à se procurer plus de deux véritables occasions franches. Mais elle a eu le très grand mérite de faire preuve d'une très grande solidarité, notamment lorsque les Burkinabés semblaient avoir le match en main. Les Etalons du Burkina n'ont finalement été très dangereux qu'une seule fois, lorsque le centre-tir de Traoré Alain est venu percuter le poteau droit de la cage algérienne, alors que l'on jouait pratiquement l'avant-dernière minute du temps additionnel.
Les dieux du ballon rond avaient bel et bien encore choisi leur camp. Et ce n'était sans aucun doute que justice. Une justice divine accueillie comme il se doit un peu partout, et qui a même fait la fierté du Monde arabe. Les Verts sont désormais au prochain Mondial, et la satisfaction profonde de posséder aujourd'hui en son sein, une génération de joueurs prêts à relever d'autres défis. Désormais, le fait d'avoir à sa disposition des joueurs qui savent donner le change, et qui semblent avoir réellement encore grandi, Vahid Halilhodzic peut encore entrevoir avec l'EN un avenir encore plus prometteur. Aujourd'hui, les Fawzi Ghoulam, le portier Mohamed Lamine Zemmamouche, et autres Yacine Brahimi, ont prouvé que l'on pouvait sérieusement compter sur eux au sein d'un groupe qui a compris que personne ne peut avoir la prétention d'être titulaire à part entière sous la coupe d'un sélectionneur qui a, de son côté, donné avec le temps une nouvelle dimension à l'EN. La qualification des Verts au Mondial brésilien, récompense aujourd'hui le travail de 29 mois, et le 19 novembre 2013 n'a fait que plébisciter en réalité un technicien bosnien auquel tout un peuple a toujours fait confiance au fond de lui-même.
A Alger, des scènes de joie indescriptibles, inoubliables ont été créées par les férus des coéquipiers de Madjid Bougherra.
Des cris de joie et des youyous ont fusé des balcons dès la fin de la rencontre. Les citoyens commençaient à se rassembler dans les quartiers pour fêter cette victoire à coup de chants et de slogans à l'effigie de l'Equipe nationale.
«On a vaincu Burkina et on se porte bien», est le premier slogan scandé en choeur par les supporters en liesse. Même le métro d'Alger a connu des scènes de joie jusqu'à sa fermeture à 23h. Des centaines de citoyens qui convergeaient sur Alger-Centre en empruntant la ligne Haï El Badr-Tafourah ont transformé les rames du métro en lieux de fiesta. Ils ne pouvaient certainement pas patienter jusqu'à l'arrivée à Alger pour exprimer cette folle joie, impossible à retenir en pareilles circonstances et qui plus est, ne reviennent pas souvent.
A l'arrivée à Alger, la célébration de la victoire a pris une autre dimension. Rue Didouche-Mourad, Place Audin, la Grande-Poste, rue Emir-Abdelkader, le boulevard Mohammed V, rue Hassiba Benbouali...toutes ces places étaient noires de monde. A croire que tout Alger était descendu au coeur de la capitale pour célébrer la qualification de l'Algérie au Mondial de 2014 au Brésil.
Ce qui est sûr, c'est que le nombre des citoyens sortis dans les rues de la capitale dépassait largement les 500 000. Les gens sont sortis en famille ou en groupes d'amis, jeunes et moins jeunes, dansaient et chantaient à la gloire des Verts.
Des slogans fusaient de partout. L'emblème national pavoisait. Le vacarme des vuvuzelas et les klaxons des voitures tellement nombreuses, ont fait le reste. Certainement, aucun autre événement n'aurait eu la force de mobiliser autant de monde.
«Le peuple ne se rend compte de sa force que lorsqu'il s'agit de supporter l'Equipe nationale», regrette un citoyen. Ne pouvant cacher sa joie, ce dernier se fond dans l'ambiance générale créée par l'événement. L'un des slogans les plus significatifs du patriotisme des fans des Verts est «Misère et vive l'Algérie». C'est dire que les conditions sociales dégradantes dans lesquelles vivent les Algériens et les contre-performances des pouvoirs publics malgré toutes les richesses du pays n'empêchent pas une partie des citoyens de tenir à leur pays quel que soit le prix à payer pendant que d'autres sont prêts à le vendre au moindre prix.
Cette ambiance de fête a duré jusqu'à une heure tardive de la nuit.