Algérie - situation politique - Une crise, plusieurs scénarios
La grogne sociale en Algérie et les soulèvements dans les pays arabes inspirent la classe politique. Formations politiques et personnalités multiplient les scénarios de sortie de crise. Ils ne sont pas toujours d’accord sur le fond. Ils réclament tous un changement mais divergent sur la manière d’y arriver.
Il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu’une proposition soit formulée pour tenter de sortir d’un statu quo qui paraissait jusque-là inéluctable. Les adeptes d’un changement radical et ceux qui militent pour de simples retouches ne favorisent pas la même démarche. Pourtant, des similitudes peuvent exister. C’est le cas pour la question de l’assemblée constituante qui met d’accord le Front des forces socialistes et le Parti des travailleurs. Les leaders des deux partis estiment que seul un retour à cette assemblée pourrait être salvateur. La revendication n’a rien de conjoncturelle. Aït Ahmed et Louisa Hanoune en font la proposition depuis longtemps. La numéro un du PT estime que la dissolution de l’actuelle Assemblée est un préalable qui sera suivi par l’installation d’une assemblée constituante représentative qui aura la tâche de rédiger une Constitution faisant le plus large consensus populaire. L’idée rejoint beaucoup celle du FFS. Son président s’est adressé deux fois en un court laps de temps aux Algériens. Il appelle à une réorganisation de la société «du collectif de quartier au mouvement syndical, de l'association écologique au mouvement d'étudiants et du mouvement des femmes pour leurs droits à celui des lycéens, des chômeurs, de l'organisation autonome des cadres, des intellectuels, des universitaires à l'organisation sérieuse des entrepreneurs et de toutes les corporations». Une étape nécessaire avant ce qu’il qualifie de «refondation institutionnelle, qui remette les droits des citoyens, leur sécurité et leur développement ainsi que ceux du pays au cœur d’une Constitution digne de ce nom, parce qu'enfin issue d’une assemblée constituante librement élue par des Algériens libres». Des propositions qui n’ont pas du tout été du goût du Rassemblement national démocratique (RND) et du Front de libération nationale (FLN) qui ont catégoriquement rejeté cette éventualité estimant qu’une telle option reviendrait à «effacer tout ce qui a été entrepris depuis l’indépendance». La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a pour sa part élaboré des propositions qui se rapprochent de celles du PT et du FFS. Elle plaide pour la tenue d’un conseil national de transition démocratique qui aura pour tâches principales, la dissolution de toutes les institutions élues, la nomination d’un gouvernement de transition et la rédaction d’une Constitution qui sera au préalable soumise à l’approbation populaire par voie référendaire. Ce n’est qu’une fois ces conditions réunies, que ledit conseil pourra tenir des élections dont «la préparation et la mise en œuvre devront se faire en toute transparence et sous une observation internationale obéissant aux règles qui ont présidé à tous les scrutins ayant suivi la fin des systèmes autocratiques». Le Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR) n’est pas en reste. Se disant «partisan de la voie pacifique, une voie militante et déterminée», il appelle les forces démocratiques à se mobiliser. «Elles doivent impérativement se rassembler, dialoguer entre elles, mettre de côté les préjugés, les faux clivages et le sempiternel écueil du leadership, autour du minimum républicain. Sinon, elles risquent de rater le rendez-vous de l'Histoire». Une voie pacifique que préconise également l'Alliance nationale pour le changement regroupant Ahmed Benbitour, Djamel Benabdeslam d'El-Islah, Abdelmadjid Menasra du Mouvement pour le changement, Abdelkader Merbah du RNR, Aïssa Belakhdar de la Ligue des associations de la société civile, Aïcha Benhadjar ancienne députée, et Tahar Benbaïbeche, ancien responsable de l'Organisation nationale des enfants de chouhada. Le seul à n’avoir toujours pas dévoilé ses intentions, c’est Abdelaziz Bouteflika …
Source Le Soir d’Algérie Nawal Imès
Le Pèlerin