La rencontre se tiendra à l’IMA et la BNF, les 6 et 7 décembre prochain
Un colloque international dont le thème est «La guerre d’Algérie, une guerre comme les autres ?», sera organisé, le 6 et 7 décembre
prochain à Paris, par Catherine Brun en collaboration avec l’Institut du monde arabe (IMA), la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’université Sorbonne nouvelle, Paris 3/CNRS (EAC 4 400). «Parce que la guerre d’Algérie n’a été officiellement reconnue telle que tardivement, en 1999, elle est souvent appelée, encore aujourd’hui, la «guerre sans nom». En France, on en fait l’emblème d’un consensus du silence, des tabous de l’histoire, du refoulé de la pensée, de la création, de la mémoire», écrivent les organisateurs dans la note de présentation du colloque. Pourtant, bien avant le «saut quantitatif» impulsé dans les années 1990 par l’ouverture partielle des archives publiques de la guerre, à partir des années 2000 les premiers travaux systématiques sur les pratiques de tortures en Algérie, les productions de tous ordres sur le sujet sont massives, arguent-ils. Davantage que d’un déficit de désignation, cette guerre semble avoir souffert de l’abondance de ses appellations concurrentes. Les organisateurs expliquent également que la perception de la guerre d’Algérie a été brouillée par la réminiscence d’autres conflits, dont les représentations sont venues se télescoper à ses réalités
propres ou, en aval, par son instrumentalisation au profit de nouveaux affrontements. Ainsi, deux axes ont été retenus pour cette rencontre, le premier, diachronique, invitera à s’interroger sur la manière dont les représentations de cette «guerre» entrent en résonance avec d’autres conflits antérieurs (guerre de sécession, Deuxième Guerre mondiale, Indochine) ou postérieurs (Vietnam, conflits dans les territoires occupés palestiniens, guérillas latino-américaines). Le débat tournera autour de la problématique : «Quelle(s) transmission(s) ? quelle(s) solution(s) de continuité ? Quelles ombres portées par ces autres guerres sur la «guerre d’Algérie» et, réciproquement, quelles disséminations de la guerre d’Algérie ?» Le second axe, synchronique, s’attachera, toujours à partir des
représentations, à repenser la pertinence de la désignation «guerre d’Algérie» en regard d’autres : «maintien de l’ordre», «opérations de pacification», «opérations de police», «révolution», «guerre d’indépendance», «guerre de libération», «guerre de décolonisation», «djihad», «guérilla», «guerre en Algérie», «guerre du renseignement», ou encore «événements». Il s’agira de contextualiser ces options verbales, d’en saisir les implications et les attendus, sans négliger de penser ce que ces variations-distorsions, cosmétiques ou autoritaires, font à la langue. Ce colloque, dont la première journée sera organisée à l’IMA et la deuxième à l’auditorium de la BnF «François Mitterrand», compte de nombreuses communications sous les thèmes suivants : «Ressentis d’une guerre non déclarée», «Double mémoire, mémoire plurielle entre nazisme», «Génocide des juifs et guerre d’Algérie» et «Une guerre peut en cacher une autre : la mémoire multidirectionnelle chez Assia Djebar, Maïssa Bey et Boualem Sansal». «Usages et mésusages de la guerre d’Algérie dans la pensée militaire contemporaine sur les guerres d’Afghanistan et d’Irak», «Face aux guerres coloniales, de l’Indochine à l’Algérie : parcours de Mauriac, Sartre et Camus», «Indochine, Algérie, Vietnam : intertextualité des discours de presse sur les violences et les tortures», sont les autres thèmes qui seront développés par les conférenciers qui viennent de différentes universités françaises et étrangères (Sorbonne, Lyon 2, Grenoble 3, Bruxelles, Etats Unies…).Les intervenants vont axer également sur l’usage de la langue dans les écrits religieux de la «guerre» d’Algérie. Le comité scientifique est constitué par Etienne Balibar, Catherine Brun, Jeanyves Guérin, Regine Robin, Todd Shepard, Benjamin Stora et François Zabbal.
Source La Tribune Madani Azzeddine
Le Pèlerin