Après Gao, Kidal et Tombouctou
Après avoir repris la ville de Gao, les troupes françaises et maliennes seraient à quelques encablures de Tombouctou. L'aviation française poursuit les bombardements des positions des groupes terroristes à Kidal, mais images et informations de cette guerre, restée à l'écart des medias, sont toujours rares.
Après avoir repris Gao samedi, les forces françaises et maliennes sont maintenant en route pour Tombouctou. Une colonne de soldats français et maliens se dirigeait hier vers la cité mythique de Tombouctou. L’aviation française a aussi bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à 1 500 km de Bamako, alors que des sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes dans les montagnes de cette région, dans l’extrême nord-est malien. Soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à 900 km au nord-est de Bamako. Les «troupes françaises et maliennes seront bientôt près de Tombouctou», a assuré samedi le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault. «Ils ont passé Niafounké et depuis avant-hier soir ils sont aux portes de Tombouctou», a expliqué une source militaire malienne, citée par l’agence Reuters. Les militaires français et maliens se sont arrêtés aux abords de la ville et n’ont jusqu’à présent rencontré aucune résistance de la part des rebelles islamistes présents à Tombouctou. Plus au nord, l’aviation française a bombardé des positions islamistes à Kidal et sa région. «Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à Kidal (le chef d’Ansar Eddine) et un camp militaire dans la même ville», a précisé à l’AFP une source malienne de sécurité. Une information confirmée, toujours à l’AFP, par un élu de la région. Kidal et sa région sont le fief d’Ansar Eddine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali. Des soldats maliens, tchadiens et nigériens étaient en cours de déploiement dans la ville de Gao, ville du nord du Mali, reprise la veille par les forces françaises et maliennes des mains des terroristes, a annoncé dimanche le porte-parole de l’état-major des armées françaises. Selon le colonel Thierry Burkhard, qui s’exprimait à la radio Europe 1, ces forces africaines ont été projetées par voie aérienne sur l’aéroport de Gao, pris par les forces spéciales françaises. «Au cours d’une action combinée dans la nuit de ven-dredi à samedi, des forces spéciales et de frappes aériennes, l’aéroport et un pont stratégique sur le Niger, à quelques kilomètres de Gao (1 200 km au nord-est de Bamako) ont été pris», a-t-il dit. Plus de 6 000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-gouttes et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Seuls 2 000 d’entre eux sont aujourd’hui stationnés au Mali et au Niger.
L’UA salue l’action de la France
L’Union africaine, réunie dimanche en sommet à Addis- Abeba, a déploré, par la voix de son président sortant, sa propre lenteur à agir pour «défendre» le Mali et «salué» l’intervention militaire française sur le terrain. «Je tiens à saluer la France qui, face aux délais de réaction extrêmement longs de l’Union africaine et de la communauté internationale, a pris les devants et fait ce que nous aurions dû faire depuis longtemps pour défendre un pays membre», a déclaré le président béninois Thomas Boni Yayi, avant de passer la présidence tournante de l’UA au Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn. Le dirigeant béninois a encore fait part de sa «profonde reconnaissance» au président français, François Hollande, pour sa «décision salutaire» d’envoyer l’armée française au Mali. La situation au Mali, qui fera encore l’objet d’une conférence de donateurs internationaux mardi dans la capitale éthiopienne, promet de dominer les débats, même si peu de décisions concrètes nouvelles sont attendues : vendredi, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a déjà décidé d’augmenter à près de 6 000 hommes les effectifs de la force africaine au Mali et a pressé le Conseil de sécurité de l’ONU de fournir une aide logistique «temporaire» d’urgence pour accélérer son déploiement.
L’aide des Etats-Unis
Les Etats-Unis ont accepté de ravitailler en vol les avions de combat français intervenant au Mali, a annoncé samedi 26 janvier l’armée américaine. Paris avait demandé il y a plus de deux semaines à Washington de mettre des avions-ravitailleurs à la disposition des appareils français en mission au Mali. Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta vient d’approuver cette requête, a indiqué le porte-parole du Pentagone George Little. Leon Panetta a appelé samedi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian pour discuter des modalités du soutien militaire américain, avec pour objectif «de priver les terroristes d’un refuge au Mali». Le secrétaire américain «a informé le ministre Le Drian que le commandement militaire américain pour l’Afrique soutiendra l’armée française en conduisant des missions de ravitaillement en vol pendant la poursuite des opérations au Mali», poursuit le communiqué, sans plus de précisions. Vendredi, le président américain Barack Obama avait exprimé son soutien à son homologue français François Hollande qui a «pris la tête des efforts internationaux pour priver les terroristes d’un refuge au Mali», lors d’une conversation téléphonique. Outre les avions gros porteurs C-17, finalement mis à disposition à titre gracieux, les Etats-Unis fournissent à Paris un soutien en matière de renseignements à l’aide de leurs satellites et vraisemblablement de drones.
Source Le Jour d’Algérie Mehdi Ait Mouloud
Le Pèlerin