«Une crise mondiale de l'eau est imminente!»
Désertification
«Une crise mondiale de l'eau est imminente!» a averti l'ONU, lundi dernier. Difficile de croire à une telle catastrophe au moment où la pluie et la neige tombent abondamment sur le pays. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que ces précipitations, bienvenues certes, ne durent qu'une saison. De plus, nous n'avons aucune assurance que l'année prochaine sera aussi pluvieuse et aussi enneigée. Pluie ou pas, neige ou pas, l'Algérie est un pays semi-aride. Rien à voir avec la Finlande ou le Canada. C'est vrai que depuis quelques années, une grande partie de notre territoire est alimentée en eau potable et dans de très nombreux cas sa distribution est assurée en continu. Cela a été rendu possible grâce à la construction, cette dernière décennie, de dizaines et de dizaines de barrages. De plusieurs unités de dessalement de l'eau de mer également. De plusieurs usines de traitement des eaux usées. Un vaste programme de développement des ressources en eau étendu sur tout le pays jusqu'à Tamanrasset qui a bénéficié du transfert de l'eau de In Salah. Programme plus qu'ambitieux. Mais voilà, tout ceci nous permet des prévisions à court et moyen terme. Il suffit d'une ou deux années de sécheresse pour que nos robinets redeviennent capricieux. Certes, et tant que les nappes phréatiques sont moins sollicitées, nous rallongeons la durée de nos «stocks». Il faut cependant rester lucides et savoir que tous ces gigantesques efforts ne nous autorisent pas à croire que le problème est réglé pour l'éternité. Dès lors, et en prenant plus ample connaissance de l'avertissement de l'ONU, nous apprenons qu'en 2020, 60% de la population mondiale vivant dans les zones urbaines connaîtra des difficultés d'approvisionnement. De plus et tenant compte de la démographie, il est prévu que les besoins alimentaires de la planète devraient augmenter de 50% d'ici à 2030. Des besoins qui passent par l'agriculture et à qui il faudra consacrer 70% des réserves d'eau. Ce qui nous rappelle que sans eau, point de nourriture. Sans oublier que sans eau, beaucoup de maladies menacent. Faut-il également ajouter les besoins de l'industrie qui est à la base de notre développement économique? C'est dire que l'eau recueillie des précipitations n'est jamais une assurance à long terme. Et que le dessalement de l'eau de mer n'est et ne sera qu'un appoint. Quant aux pays qui se partagent les eaux de fleuve comme le Nil par exemple, ils sont tout simplement menacés de guerres et de conflits qui ont d'ailleurs déjà commencé, bien que de manière pas trop visible. L'alerte de l'ONU a le mérite de réveiller les consciences. Nos robinets coulent à flots depuis des années. Nous en avons oublié nos courses vers les points d'eau. Nous en avons oublié nos bidons. Nos citernes. C'est une période qui est aujourd'hui derrière nous. Pour ne pas la retrouver devant nous, il faut impérativement passer à une gestion rigoureuse de ce précieux liquide. Une gestion où la lutte contre le gaspillage devra être menée sans faiblesse. Si nous n'y prenons pas avec sérieux et sans délai, il est certain qu'un jour viendra où nous serons contraints de criminaliser toutes les formes de gaspillage, voire même de mauvaise gestion de l'eau. Pour l'immédiat, nous sommes à l'abri de cette «crise mondiale» annoncée par l'ONU. Grâce à la politique prévoyante et ambitieuse menée par notre pays depuis le début du troisième millénaire. De la même manière que nous avons été épargnés par la crise financière et économique mondiale grâce à notre désendettement opéré avant le «cyclone». Sauf que le danger est de croire que nous sommes immunisés à vie contre les turbulences qui agitent la planète. «L'eau c'est la vie» et c'est bien de le rappeler. Pour donner toute la dimension de la vigilance qui s'impose. A tous!
Source L’Expression Zouhir Mebark
Le Pèlerin