Visite inattendue de Dioucounda à Doha
Le président malien par intérim, Dioucounda Traoré, se trouve depuis hier à Doha, capitale du Qatar. Au-delà de sa politique extérieure qui vise à s'imposer dans le monde arabe et en Afrique pour remplacer l'ère Moubarak, avec la bénédiction des pays occidentaux, là où il y a des mouvements islamistes armés, le Qatar pointe son nez. Une «arme» à double tranchant que Doha tente d'exploiter pour arriver à ses fins. Le Mali, une nouvelle étape pour le Qatar, là où de nouveaux intérêts sont en jeu.
Le président malien par intérim, Dioucounda Traoré, se trouve depuis hier au Qatar. Un avion spécial lui a été affrété par l’Emir du Qatar, Ben Jassim, pour le transporter à Doha, en compagnie d’une forte délégation composée notamment de généraux maliens, du conseiller aux Affaires commerciales qatari à Nouakchott et de l’ambassadeur du Qatar à Bamako. Les raisons de cette visite de trois jours tournent autour de la situation qui sévit au Nord-Mali, mais aussi l’intervention militaire étrangère à laquelle Doha veut à tout prix s’interposer comme un sérieux échiquier, et surtout, taquiner la politique algérienne dans la région. Selon une source sûre, le président malien par intérim, Dioucounda, a vite accepté l’invitation de son homologue qatari, l’émir Ben Jassim, car des intérêts communs sont en jeu. Le Qatar, qui a déjà soutenu en armement les rebelles libyens contre le régime de Kaddafi, tente de rééditer le coup avec le Mali. Cependant, il se trouve que l’Emir du Qatar a, il y a quelques mois, soutenu en armement également les islamistes d’Ansar Edine, en acheminant dans des cargos sous forme d’aides humanitaires, des armes de poing. Une politique étrange pour un pays géographiquement peu intéressant, mais en matière de richesses très puissant. C’est avec sa richesse que le Qatar veut s’imposer. La politique du Qatar est connue pour son soutien sans limite aux mouvements islamismes armés. Il semble encourager les islamistes algériens à renverser le pouvoir par la voie politique. C’est Ben Jassim qui a soutenu les Tunisiens pour écarter Ben Ali. Le Qatar qui joue la carte «islamiste» tente, à travers l’invitation de Dioucounda, de fourrer son nez dans les affaires du Mali. Et qui dit Mali dit Sahel. Cette région, déjà convoitée par les Français et les Américains, semble intéresser les Qataris. Fort de ses richesses en pétrole et en gaz, le Qatar veut devenir une puissance sur le plan régional et arabe, et pourquoi pas dans le monde musulman. En s’invitant dans le conflit malien, le Qatar veut tirer les ficelles, surtout si le brouillard se dissipe au Mali, en arrachant des contrats à long terme dans le secteur des hydrocarbures. Face à cette «ingérence» qatarie ce sont les intérêts algériens qui sont en jeu. L’Algérie, pays puissant dans la région, risque de payer un lourd tribut si le Qatar arrive à ses fins. Des intérêts d’ordre sécuritaire, politique, économique et même stratégique sont en jeu dans le Nord-Mali. Une région qui déterminera l’avenir du Sahel et celle de l’Algérie.
Source Le Jour d’Algérie Sofiane Abi
Le Pèlerin