Libye - Que faire ?
La position de l’Algérie se caractérise par sa frilosité, son ambiguïté et une communication des plus calamiteuses.
C’est un usage consacré en Algérie depuis l’Indépendance : un consensus national rarement démenti sur les questions diplomatiques. Tous les acteurs s’alignant comme un seul homme derrière la position officielle du pays. Mais à la faveur des soulèvements que vivent actuellement les pays arabes, particulièrement en Libye, cette règle d’or ne semble plus être de mise. Ni les partis politiques ni, encore moins, les différents journaux ne sont sur la même longueur d’onde. C’est la cacophonie ! Et cela transparaît assez bien sur le plan sémantique où chacun y va de son appellation.
“Rebelles” pour les uns, en parlant des adversaires de Kadhafi ; “révolutionnaires” pour les autres. “Croisade” pour ceux qui cherchent à situer le problème sur le plan du choc des religions, et “intervention militaire” pour protéger les populations civiles contre les velléités génocidaires d’un dictateur sanguinaire. Il est évident que la situation, dans sa réalité profonde, est loin d’être aussi manichéenne.
Cette absence de consensus au niveau de l’approche, pour quelque chose qui nous concerne, nous Algériens, au premier chef, parce que ça se joue à nos frontières, est à mettre encore une fois au débit des responsables de notre diplomatie. Pourquoi ? Parce que la position de l’Algérie se caractérise par sa frilosité, son ambiguïté et une communication des plus calamiteuses. Verser des larmes sur les frères libyens, certes, mais la situation exigeait des responsables en charge des affaires étrangères d’aller au-delà du registre compassionnel pour donner des clés de lecture aussi bien aux partis politiques qu’aux citoyens, réduits à se forger leurs intimes convictions en écoutant Al-Jazeera, Al-Arabia, France24, BBC News.
Mais par-delà ce constat sur les divergences sémantiques mettant en cause la responsabilité de notre diplomatie, elle-même prise de court par le “printemps arabe” qu’elle n’avait pas vu venir, une autre question tout aussi essentielle est à poser : est-ce que les responsables politiques du pays ont mis en place au niveau de la Présidence, des Affaires étrangères ou ailleurs des groupes de réflexion et d’analyse pour identifier et anticiper les éventuelles conséquences géostratégiques que la situation en Libye, mais aussi en Tunisie, en Egypte ou ailleurs, impliquerait pour l’Algérie ? C’est plus qu’une nécessité, c’est une urgence. Gouverner, c’est prévoir. Les lignes ont bougé dans ces pays et supposent de facto une nouvelle équation régionale à laquelle l’Algérie doit se préparer politiquement
et militairement pour être en capacité de faire face, le moment venu, à tout scénario. Bon ou mauvais soit-il.
Source Liberté Omar Ouali
Le Pèlerin