Le tourisme compromis par la situation au Sahel
Alors que nous sommes à quelques semaines des fêtes de fin de l'année, le ministère du Tourisme indique que la situation sécuritaire au Sahel a eu l'effet de faire reculer l'afflux des touristes dans le Sud. Autrement dit, les Algériens n'auront pas du tout l'embarras du choix …
Les Algériens qui ne sont pas gâtés par une politique de tourisme qui cède les bons passages aux touristes locaux ou étrangers, auront à se frotter la cervelle pour programmer leurs fêtes ou vacances de fin d’année. Pour clôturer l’année 2012 loin de sa ville, il est «presque» déconseillé aux habitués des fêtes du grand désert de revoir leurs plans. Il ne s’agit pas seulement de la cherté des billets d’avion et du manque cruel des infrastructures hôtelières dans les régions touristiques du Sud, mais les donnes actuelles en rapport avec la situation sécuritaire au nord du Mali ne font qu’accentuer la triste réalité due tourisme au sud et au grand dam de ses fans ô combien nombreux. Selon le ministère du Tourisme, la wilaya de Tamanrasset a recensé 643 touristes depuis le début de l’année jusqu’en novembre dernier soit un net recul par rapport à l’année 2011 qui a enregistré 1807 touristes. Selon la Direction du Tourisme, cette wilaya qui constitue un pôle touristique par excellence au regard de l’afflux d’un grand nombre de touristes, enregistre depuis une dizaine d’années un net recul en raison de la situation sécuritaire qu’a connue l’Algérie et la détérioration de celle-ci dans les pays voisins du Sahel, le Mali en particulier. 643 touristes ont été recensés en 2012 en majorité des Français et Allemands. Le directeur du tourisme de Tamanrasset,
M. Moulay, a déclaré à la presse que le nombre de touristes reculait année après année influant ainsi sur l’activité touristique de la wilaya. La situation a pris de l’ampleur après la fermeture de plusieurs itinéraires touristiques les plus fréquentés dont celui du Tassili-Ahagar et l’itinéraire Tamanrasset-Janet-, a précisé le responsable estimant nécessaire d’engager «une réflexion sérieuse pour la réouverture des sites fermés». Pour faire face à cette crise, le ministère du Tourisme a concentré ses efforts sur le tourisme national à travers le lancement de plusieurs projets dont le camp d’Afilal où une plate-forme de campings a été installée dotée de tous les équipements indispensables. «L’idée est relativement réussie au vu du nombre de touristes qui s’y sont rendus en décembre 2011», a fait remarquer le responsable. Des sites touristiques autorisés ont ainsi été définis pour assurer la sécurité des touristes en collaboration avec des agences touristiques quant à l’adoption de la carte établie. Concernant l’infrastructure touristique, les autorités concernées veillent à la réalisation des routes menant vers les sites touristiques dont la route de l’Assekrem Atoul et la réunion des conditions de facilité pour l’obtention d’assiettes foncières destinées à l’investissement touristique. Par ailleurs, M. Moulay a mis l’accent sur la nécessité de réviser les tarifs des billets qui ne sont pas accessibles pour tous. A titre d’exemple, un aller-retour vers Djanet coute environ 30 000 DA, soit l’équivalent d’une même destination vers les pays étrangers. Il s’avère, en effet, difficile de promouvoir la destination du Sahara au regard de toutes les donnes qui ne sont pas à la faveur de la promotion.
Pour sauver la situation à Tamanrasset, les agences touristiques interpellent la tutelle
Les agences touristiques de la wilaya de Tamanrasset ont appelé les autorités de tutelle à intervenir «en urgence» pour les sauver de «la situation désastreuse» dont elles souffrent depuis près de dix ans, en raison du recul important du nombre de touristes. Dans une déclaration à la presse, le président de l’Association des agences de tourisme et de voyages de Tamanrasset, Azzi Addi Ahmed, a souligné la «stagnation» de l’activité des agences touristiques dans la wilaya, au nombre de 79. Ces agences souffrent, a-t-il dit, de l’arrêt de leur activité face au net recul du nombre de touristes étrangers lors des dix dernières années, en raison des conditions sécuritaires qu’a connues l’Algérie et la dégradation par la suite, de la situation au Sahel, région frontalière de l’Algérie. Le responsable a également imputé cette situation à la décision de fermeture des plus importants sites touristiques en 2011, une mesure qui a pourtant fait l’objet de compréhension de la part des propriétaires d’agences touristiques eu égard à la politique adoptée par l’Etat pour la garantie de la sécurité des touristes. «Notre souci majeur, à l’heure actuelle, est de prendre en charge la situation des agences et nous réclamons l’effacement des dettes cumulées liées au paiement d’impôts, comme ce fut le cas pour d’autres secteurs autrefois en difficulté, à l’instar de celui de l’agriculture», a-t-il ajouté. Bien que le ministère de tutelle encourage le tourisme national vers le Sud pour rattraper la situation, cependant cette initiative demeure «inefficace» vu les prix élevés des billets d’avion, dissuasifs pour les nationaux. De plus, a-t-il déploré, les réductions offertes par la compagnie nationale Air Algérie dans le cadre de la promotion du tourisme national dans le Sud n’englobent pas les vacances scolaires.
Source Le Jour d’Algérie Yasmine Ayadi