Les tensions dans le monde arabe vont peser sur l'économie algérienne
Les tensions qui secouent depuis le début de l'année le monde arabe vont avoir des conséquences importantes pour les économies de la région et sur celle de l'Algérie. C'est ce qui ressort du dernier rapport du FMI sur les perspectives de l'économie mondiale pour 2011, rendu public ce lundi 11 avril.
Les prévisions macroéconomiques générales du FMI pour l'Algérie seront ainsi affectées par la situation géopolitique. Certes, l'institution prévoit une croissance de 3,6 % en 2011, soit 0,3 point de mieux qu'en 2010 et un taux de chômage de 9,8 % contre 10 % en 2010. Mais l'inflation devrait s'élever à 5 % contre 4,3 % en 2010 et le solde extérieur grimpera de 9,4 % du PIB à 19,8 % du PIB. Cette hausse est la conséquence directe de l'augmentation des prix des denrées alimentaires et des cours du pétrole sur les marchés internationaux.
Ainsi, le FMI fait part de ses craintes sur les conséquences des hausses massives des prix des produits alimentaires de base sur le niveau de l'inflation. « Les troubles sociaux au Moyen‑Orient et en Afrique du nord pourraient faire monter de nouveau les prix de l’alimentation, si les gouvernements de grands importateurs de céréales dans la région et en dehors accroissent leurs achats pour garantir une offre suffisante sur ces marchés locaux subventionnés de l’alimentation », s'inquiète le FMI.
L'Algérie a ainsi déjà réalisé des achats massifs de céréales depuis le début de l'année et les perspectives d'évolution dans les prochains mois ne sont pas au vert. « Il faudra du temps pour reconstituer les stocks, qui sont bas, et il est donc probable que les prix resteront plus volatils qu’habituellement. Les pouvoirs publics devront veiller à ce que les pauvres disposent d’un accès suffisant aux produits alimentaires tandis que leurs prix demeurent élevés », prévient encore le FMI.
Mais malgré l'augmentation attendue de la facture alimentaire, si le solde extérieur de l'Algérie doit connaître une hausse si importante en 2011, c'est en raison de l'augmentation du prix du pétrole. Le cours du brut a connu une hausse de 35 % par rapport à l'an dernier, pour atteindre 108 dollars le baril en mars, autre conséquence des tensions politiques et sociales dans la région et plus particulièrement en Libye. C'est 20 % de plus que les prévisions actualisées du FMI en janvier dernier. Toutefois, pour l'institution, cette tendance peut être contenue par une augmentation de la production de la part des pays de l'OPEP. « Les capacités inemployées de l’OPEP, qui sont estimées aujourd’hui à environ 4,5 % de la demande mondiale, sont suffisantes pour compenser la baisse de l’offre de la Libye et répondre à la hausse attendue de la demande. Si la réaction de l’offre se matérialise, elle devrait contenir de nouvelles pressions à la hausse sur les prix », explique le rapport. Une politique que l'OPEP n'est pas prête à engager pour l'instant. « Les perspectives des marchés pétroliers restent assez incertaines, étant donné la volatilité potentielle des points de vue sur les risques géopolitiques pesant sur l’offre », conclut donc le FMI.
Enfin, le FMI renouvelle ses appels aux pays exportateurs de pétrole et donc à l'Algérie d'accélérer leur politique de diversification économique en 2011. « Les pays exportateurs de pétrole doivent s'attacher à affermir et à développer leurs systèmes financiers et à promouvoir la diversification de leur économie. L'accroissement récent des dépenses publiques dans les secteurs non liés à l'énergie devrait aider à diversifier l'activité au profit de ces secteurs et à rééquilibrer la croissance régionale », note le rapport.
Source TSA Hakim Arous
Le Pèlerin