Une visite et beaucoup d’attentes
Annoncé depuis des mois, le déplacement du président français François Hollande en Algérie est pour demain. Une visite qui est entourée de plusieurs attentes et enjeux qui englobent les relations algéro françaises.
Des relations qui n’arrivent pas à connaître une stabilité à cause notamment de dures séquelles laissées par la période coloniale mais aussi certaines pratiques du présent qui ne donnent aucun espoir pour une reconnaissance des crimes coloniaux. En économie aussi, les entreprises françaises ne se lancent pas dans l’investissement en Algérie malgré toutes les facilitations offertes par le gouvernement algérien. Cependant, la conjoncture mondiale économique et politique impose de tracer cette fois-ci un chemin meilleur pour ses relations.
Juste après son arrivée à Alger mercredi prochain, le premier point inscrit dans l’agenda de cette visite a trait aux entretiens entre Hollande et Bouteflika ; donc, les deux présidents vont mettre, chacun de son côté sur la table, tous les sujets qui fâchent sans exception, dont les questions mémorielles, l’investissement français en Algérie, l’indemnisation des victimes des essais nucléaires alors que pour la question de l’immigration, Paris vient de faire le geste de maintenir l’accord de 1968 sur le séjour des Algériens en France . Un accord que voulait amender à tout prix le précède président français, Nicolas Sarkozy avec une grande résistance algérienne. Du côté français, Hollande évoquera les biens des pieds noirs en Algérie, l’affaire des moines de Tibherine et autres sujets régionaux, comme le Mali. Le président français est attendu aussi pour un discours devant les parlementaires algériens, dans lequel il ne pourra pas occulter l’histoire mais sans parler de repentance. A ce propos , l’historien français, spécialiste de la guerre d’Algérie (1954-1962), Benjamin Stora, a indiqué qu’il s’attendait à des «prochains gestes» du président Hollande Certes, Hollande a reconnu les massacres de 17 Octobre 1961 en France mais ceci ne veut pas dire qu’il va reconnaître plus d’un siècle du colonialisme. Ainsi, la question de la mémoire, ne sera pas le cœur de la visite de Hollande. Pour l’instant, l’Algérie s’est tracé un objectif bien précis, c’est construire une économie forte; pour cela elle a besoin de vrais partenaires. D’ailleurs, si on revient aux émissaires envoyés par Hollande en Algérie, dont le dernier était l’ancien Premier ministre, Jean Pierre Raffarin, l’économie a dominé les discussions, d’ailleurs même les politiciens parlent de partenariat «stratégique d’exception» qu’ils doivent bâtir à défaut de parvenir à un traité d’amitié, négocié en vain depuis plusieurs années. A ce propos, le président Bouteflika était clair dans l’encadrement des relations algéro- françaises. Alger veut un partenariat «gagnant gagnant» avec la France et veut surtout un transfert technologique réel, un accompagnement économique et un perfectionnement de sa ressource humaine. «Un partenariat qui résiste aux contingences» selon les propos du chef de l’Etat dans l’entretien qu’il a accordé à l’AFP. Du côté français, le rapprochement économique avec l’Algérie serait une bonne affaire pour la France qui veut récupérer ses marchés africains envahis par la Chine et les Etats-Unis. Il faut dire que l’Algérie a toujours critiqué l’attitude des entreprises françaises en Algérie, d’ailleurs, son volume d’investissements en Algérie est de loin le moins important dans la région du Maghreb, relèvent des experts à Alger. En 2010, 71% (9,1 milliards de dollars) de ces investissements sont allés au Maroc contre 15% seulement (1,9 md de dollars) capté par l’Algérie selon les chiffres rendus publics en 2011 par la mission économique Ubifrance en Algérie. Depuis 2001 à ce jour, seuls 81 projets français ont été réellement réalisés en Algérie sur les 109 lancés générant à peine 11 000 emplois, durant toute la période considérée, selon l’Anadi. L’investissement français a aussi reculé dans les hydrocarbures. Pourtant, la France est le premier fournisseur de l’Algérie avec plus de 7 milliards de dollars en 2011. Depuis 2011, Paris cherche à relancer ses relations économiques avec l’Algérie avec la mission de Jean Pierre Raffarin, mais aucune annonce n’a été faite sur les dossiers lourds de Renault et du vapocraquage d’éthane de Total.
Source L’Expression Nacera Chennafi
Le Pèlerin