Cancer : les traitements et l'évolution (2/2)
Comment sensibiliser la population contre le cancer?
Professeur Gilbert Lenoir, Président de la Ligue contre le cancer : “La France est un pays qui n’a pas de culture de santé publique. Il faudrait prendre exemple sur les pays nordiques et anglo-saxons qui ont mis en place des institutions de santé publique. Régulièrement des opération de sensibilisation et d'éducation à la santé y sont menées dès la plus jeune enfance.
En France, depuis l’arrivée des médicaments et d’un bon système de santé, on considère que lorsqu' on est malade, on doit être être pris en charge par les médecins et on en oublie la prévention. Prévenir, en particulier chez les jeunes, n’est pas une chose évidente.
On doit mettre en place un grand programme d’éducation sur l’intérêt de la prévention en général et du dépistage des cancers en particulier. Le dépistage au niveau national est indispensable. On a un bel exemple actuellement avec la vaccination contre le papillomavirus responsable de cancers du col de l’utérus, dont l’incidence a quand même diminuée suite à cette campagne.
C'est pourquoi La ligue contre le cancer travaille actuellement aux financement de mesures sociales qui permettraient une meilleure sensibilisation dès la petite enfance. Car les enfants sont les meilleurs relais de la santé publique !”
Les cancers sont plus mortels chez les hommes
Le cancer touche un homme sur deux et une femme sur trois. Chez l’homme,
le cancer est la première cause de mortalité. Chez la femme, il est en seconde position après les maladies cardiovasculaires.
Le cancer le plus fréquent chez la femme est le cancer du sein, avec près de 50 000 nouveaux cas par an. Suivi par le cancer colorectal et celui du poumon.
En France, le cancer du poumon est le plus fréquent chez l’homme, suivi par le cancer colorectal et celui de la prostate.
En 10 ans, le nombre de cas de cancers a été multiplié par 4 chez les femmes notamment à cause de leur tabagisme et de leur consommation d’alcool croissante. Cependant les hommes restent les principales victimes de cancers.
Les cas de cancer sont souvent plus graves chez les hommes car découverts à un stade plus avancés. En effet, les hommes sont moins sensibilisés au dépistage que les femmes. Ils sont aussi plus nombreux à fumer et ont, en moyenne, une consommation d’alcool supérieure à celle des femmes. Deux facteurs de risques reconnus dans l’apparition de cancers.
Cancer : n’ayez pas peur de consulter !
Les cancérologues le répètent souvent : il est important de se faire dépister régulièrement. Certes, il ne faut pas être hypocondriaque mais se cacher la tête dans le sable peut avoir de graves conséquences.
C'est classique, on ignore les signes et on trouve des justifications rassurantes. Un peu de sang dans les selles, de la fatigue, une toux persistante... On pense hémorroïdes, manque de sommeil et petite bronchite avant d’envisager qu’il pourrait s’agir des signes d’un cancer du côlon ou du poumon.
Bien entendu ce n’est pas non plus la peine de paniquer ! Il s’agit juste d’avoir le réflexe de consulter un médecin lorsque vous observez quelque-chose de suspect et de persistant. Il sera le mieux placer pour vous rassurer ou préconiser des examens complémentaires. Car il ne faut pas oublier que plus un cancer est diagnostiqué tôt, meilleur sera le pronostic
Peut-on prévoir l’évolution d’un cancer ?
Prévoir l’évolution d’un cancer n’est pas facile. Cela dépend de beaucoup de facteurs qui diffèrent chez chaque malade et selon les pathologies.
Certaines caractéristiques comme la taille de la tumeur ou la présence de ganglions peuvent donner des indications sur le pronostic d’évolution d’un cancer. Plus la tumeur est grosse, plus le cancer est évolué. Le risque de métastastes augmente à ce moment-là et en cas de cancer généralisé le pronostic est plutôt mauvais.
De plus selon le type de maladie et l'organe atteint, les cellules cancereuses peuvent être beaucoup plus agressives, certaines vont métastaser plus facilement...
Si des statistiques peuvent donner de mauvais pronostics pour certains types de cancers, il faut garder en tête qu’il s’agit uniquement de statistiques et qu’en pratique, chaque cas et chaque patient sont différents.
Cancer : quel sera le dépistage du futur ?
Professeur Gilbert Lenoir, Président de la Ligue contre le cancer : “Avec tous les progrès dans les domaines de l’imagerie et de la biologie, on devrait pouvoir, dans un avenir proche, diagnostiquer plus facilement et plus tôt les cancer. Et en particulier ceux qui posent des difficultés de diagnostic précoce comme le poumon et le pancréas.
Actuellement le dépistage par radiographie ne permet la détection du cancer du poumon qu'à un stade avancé. De nouvelles techniques de dépistage sont à l'étude. Mais avant leur généralisation,
il conviendra de vérifier les critères de sensibilité des techniques et les spécificités de chaque maladie. Dans le cas contraire, on risque de faire un surdiagnostic, d’encombrer les hôpitaux ou de créer une cancérophobie.”
A noter :
- Un test sanguin, la "circulating tumor cell (CTC) technology", devrait être opérationnel courant 2012 pour détecter les cancers métastatiques.
- Un système de détection par imagerie médicale, plus précis que la mammographie, le "Senobright", est actuellement à l'essai dans certains hôpitaux de France
Cancer : quels sont les nouveaux traitements ?
Professeur Gilbert Lenoir, Président de la ligue contre le cancer : " Les médicaments que les scientifiques développent actuellement, ciblent les gènes qui sont altérés par les cancers. Les cellules cancéreuses se caractérisent en effet par un ensemble de mutations. Les scientifiques se basent sur ces mutations pour réaliser un profil génétique de ces cellules, profil pouvant être très diffèrent pour deux tumeurs du même organe.
Le but est de mettre au point un cocktail de médicaments adapté à la carte génétique que l’on a établie, en fonction de chaque cancer et de chaque patient. Le traitement prend en compte non seulement la localisation de la tumeur et ses caractéristiques pathologiques, mais aussi ses caractéristiques moléculaires.
A l’heure actuelle, 60 % des cancers réagissent positivement à cette nouvelle technique. Mais dans le cas de certains cancers plus agressifs, comme le mélanome ou le poumon, on observe encore des rechutes. Il nous reste à venir à bout de cette résistance aux médicaments.”
Source Medisite Elodie Barakat, journaliste santé
Validé par Pr Gilbert Lenoir, Président de la Ligue
Le Pèlerin