El Goléa (El Menia) - Une oasis méconnue
Quand on évoque El Menia ou bien El Goléa, comme aiment bien l’appeler ses habitants (40 000 âmes), la première idée qui vient à l’esprit est le potentiel touristique et hydrique que recèle cette région.
El Menia, à 270 km au sud de la wilaya de Ghardaïa, est une région connue pour ses nombreuses oasis et nappes d’eau. El Goléa est réputée également pour son eau minérale, ses agrumes et ses roses qui fleurissent à longueur d’année. Elle a acquis une célébrité nationale et internationale grâce à ses oasis et à ses sites historiques. Située à 690 km à vol d’oiseau de la capitale Alger et à 870 km en empruntant la RN1, El Goléa s’élève à 370 m au-dessus du niveau de la mer. Il y a quelques années, El Goléa accueillait de nombreux touristes venant du nord du pays et principalement des pays d’Europe, d’Asie et même d’Amérique. Cependant, la région, comme d’ailleurs nous l’avons constaté lors de notre périple effectué au début de la semaine écoulée, et comme témoignent ses habitants, est désertée, voire rayée de l’agenda des touristes et des amoureux du désert.
Les raisons sont multiples. Ahmed et Mohamed, deux guides de la région, témoignent : «Avant, nous avions un Office du tourisme ici dans notre ville, mais cette agence a été délocalisée au chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa. En plus, il y a un manque flagrant d’infrastructures hôtelières. Les structures existantes ne répondent plus aux normes. Les étrangers aiment bien le luxe.» Au niveau de l’hôtel Tademaït, une infrastructure privée, le patron a confirmé que cette ville est devenue une zone de transit pour les touristes en partance vers le Grand-Sud, comme Timimoun et Illizi. «C’est grâce à quelques activités organisées par le musée d’El Menia ou d’autres manifestations culturelles que nous accueillons des clients. Sinon, dans la plupart des cas, l’hôtel est vide», se désole-t-il. Nos deux guides, qui connaissent bien la région et le Grand-Sud comme leur poche, puisqu’ils ont déjà accompagné à maintes reprises des touristes allemands et italiens, nous invitent à visiter l’une des plus importantes structures hôtelières de la ville, à savoir l’hôtel El Boustane. L’infrastructure en question a été réalisée avec une architecture française en 1973. D’une capacité de 120 chambres, l’hôtel est réduit à 45 chambres.
Situation à améliorer
Slimane, le réceptionniste dudit hôtel étatique, pour bien confirmer la situation lamentable dans laquelle se trouve l’hôtel, nous montre le registre. A midi, aucune chambre n’est occupée durant notre passage : «C’est rare où nous accueillons des touristes. Ce sont des passagers, des gens qui travaillent pour le compte des entreprises pétrolières qui transitent par cette ville et parfois quelques touristes viennent passer les fêtes de fin d’année à Timimoun.» Et de nous inviter à visiter les chambres, qui se trouvent malheureusement dans une situation dégradée. La piscine est également dans un état lamentable. Notre interlocuteur nous a indiqué qu’une enveloppe conséquente vient d’être dégagée par les pouvoirs publics pour la rénovation de l’hôtel. Nos deux guides, Ahmed et Mohamed, accusent les pouvoirs publics d’avoir sciemment abandonné cette ville, riche notamment en sites touristiques, comme le vieux ksar datant de plusieurs siècles, et qui à cause des aléas climatiques et de l’absence d’une prise en charge, le site se dégrade davantage.
Dominant l’oasis, se dresse ce ksar médiéval. Les rayons horizontaux du soleil donnent un relief saisissant aux pans de murailles effondrées. Au sommet de ce rocher, on domine toute l’oasis, le vert des palmiers, le rouge des maisons et le blanc des tombaux de marabouts disséminés çà et là. «La plupart des touristes aiment bien visiter le ksar, le lac salé, le musée, l’église et autres. Nous avons plus de 8 sites touristiques et à défaut d’une prise en charge, et d’une considération de l’Etat, les touristes ne viennent plus», diront-ils.
Le Pèlerin