Tragédie syrienne
Le responsable de la boucherie
A tous ceux qui la connaissent mal ou pas du tout, la Syrie a envoyé au monde deux images diamétralement opposées. Celle d’une mosaïque avec différentes composantes ethniques et confessionnelles qui ont montré leur unité et leur aspiration tout aussi commune à vivre libres dans leur pays. Musulmans, chrétiens et Kurdes qui ont décidé de battre le pavé, ont tenu à leur manière de casser tous les clichés qui entouraient leur cohabitation. Ils avaient en commun envoyé au monde et au pouvoir syrien, un message qui se résume en un seul mot : liberté. Donc celui d’élire leurs propres dirigeants, et d’opter en toute connaissance de cause pour le programme qui leur convient le mieux. Donc mettre fin non pas à une espèce de malentendu, mais à une sorte de résignation que la force peut assurer. Et par voie de conséquence leur opposition au régime syrien qui a montré quant à lui son opposition à de telles revendications, n’hésitant pas à lancer son appareil répressif contre ceux qui osent revendiquer quelques droits. Et parce que la répression est féroce, et que les mots seuls ne suffisent pas à la qualifier, les opposants ont même créé un Comité des martyrs de la Révolution du 15 mars qui a pris sur lui de recenser toutes les victimes de la répression, et dans le même temps, démentir toutes les versions officielles en publiant les listes nominatives de toutes les victimes.
Reste aussi cette autre version sur les auteurs des meurtres attribués par les autorités à des « groupes criminels ». Impossible selon les opposants qui renvoient à la nature policière du régime et au maillage de la société syrienne par ses différents services de sécurité. « Rien ne bouge sans que cela se sache » assurent-ils. Et depuis plus d’un mois, il en meurt chaque jour, et même tous les jours, puisque l’épreuve de force non seulement se poursuit, mais elle gagne en ampleur et en intensité, avec plus de manifestants et que plus aucune ville syrienne ne veut être à l’écart d’un tel mouvement. C’est la Syrie qui a décidé de ne plus avoir peur. Quant au pouvoir qui a choisi le recours aux armes, son échec est réel. Et pourtant, il en est qui croyaient en une possibilité d’ouverture, laquelle malheureusement n’a pas eu lieu, Bachar El Assad devenant l’otage d’un système qu’il n’a pas pu ou refusé amender. Un système qui croyait pouvoir opposer des Syriens à d’autres Syriens par l’organisation de contre-manifestations.
Autant dire qu’il ne recule pas non plus devant le risque de fracture de la société syrienne. Il reste que c’est cette dernière qui a donné la preuve de sa cohésion et de son unité, en cassant cette fois le carcan de la division ethnique et confessionnelle, tout en déjouant ce piège. Que reste t-il donc au régime syrien ? Hier apprenait-on malheureusement encore, ses services de sécurité avaient tiré sur ceux qui enterraient les morts de la veille. C’est la preuve de son obstination à conserver le pouvoir et refuser toute ouverture. Quant aux Syriens, ils demeurent déterminés à mettre fin au régime qui les opprime.
Source El Watan Mohammed Larbi
Le Pèlerin