Toulouse - Football - Just Fontaine recordman éternel
Justo est devenu une légende. A 77 ans, il s'enthousiasme toujours de son succès.
Just Fontaine est une authentique légende du ballon rond. En 1958, lors du Mondial de football en Suède, il marque 13 buts, un record jamais égalé sur une seule phase finale de Coupe du Monde. Aujourd'hui à 77 ans, il jette un regard en arrière depuis sa maison toulousaine.
Just Fontaine c'est d'abord un parler direct, net, sans ambiguïté. A 77 ans, il reste un homme de conviction. « Si je n'avais pas été joueur de foot, j'aurai été professeur d'éducation physique. De toute façon, c'était le sport, rien que le sport ».
Né à Marrakech au Maroc le 18 août 1933, « Justo » a toujours su ce qu'il voulait. Même devant son père, fonctionnaire et patriarche d'une fratrie de sept enfants : « J'étais au milieu, pas le bon rôle. Il y a ceux d'avant et ceux d'après. Il faut s'imposer ». L'année de son bac, son père, prévoyant l'enferme, histoire que le jeunot oublie un peu le ballon rond que déjà il caresse vigoureusement du pied : « Le foot m'avais déjà foudroyé. Malgré mon père », raconte celui qui va alors cumuler un palmarès à couper le souffle du meilleur buteur. C'est à l'US Marocaine de Casablanca qu'il effectue ses débuts professionnels de 1950 à 1953 : « J'étais junior. L'équipe me payait mes études en échange de mes services de foot ». A 16 ans, la peur le frôle : « Une rotule abîmée me contraint à stopper le foot. Un temps seulement ». Remis sur pied, il devient sans attendre le meilleur buteur du Maroc : « Je ne me rendais pas compte. Tout cela était normal, j'aimais tellement jouer que gagner était logique ».
« J'ai fait le chanteur»
Quelque temps après, il est recruté par l'OGC Nice où il inscrit 44 buts en trois saisons : « Mon père n'était pas très favorable à ce départ. Mais j'ai quitté ma famille sans trop de regrets ». À 19 ans, Just s'entraîne en pro et attend avec impatience la date de son premier match : celui-ci arrive le 17 octobre 1953 : « En trois saisons, j'inscris 44 buts ». A l'été 57, le stade de Reims « l'achète » pour dix millions d'anciens francs pour pallier le départ de Raymond Kopa, parti au Real Madrid : là encore il fait ses preuves. Mais l'apogée arrive en 1958 lors de la Coupe du Monde en Suède : Just marque alors en une seule phase finale 13 buts en six matchs. Du jamais vu ! Une performance qui reste toujours unique aujourd'hui : « Là, je suis devenu une star. Je recevais des monceaux de courrier du monde entier. Aujourd'hui encore, des gens m'écrivent de partout », s'enthousiasme-t-il, étalant sur la table des lettres arrivées récemment de Chine. Considéré dès lors comme le dieu du ballon rond, Justo n'en est pas moins resté un homme simple : « J'ai fait beaucoup de chose, être célèbre vous le permet. J'ai notamment fait le chanteur, ce qui m'a évité d'être verbalisé par les gendarmes de Saint-Tropez ». Il est même monté sur scène pour raconter ses légendaires blagues !
En 1962, le destin frappe : une double fracture de la jambe le contraint à stopper net le foot : « J'étais le meilleur buteur mais je ne pouvais plus taper dans un ballon. À quoi bon ? Par bonheur, en 1959, j'avais rencontré Arlette venue assister à un match au Stadium de Toulouse. Cela a adouci ma peine. Nous attaquons nos cinquante ans de mariage. Un record, aussi ». Just va ensuite s'occuper de beaucoup de choses, tant sportives que commerciales : il fait monter en première division le Paris-Saint-Germain en 1974. Et entraîne aussi le TFC en 78-79. « J'ai bien géré l'après-sport, je n'ai jamais été flambeur. Un peu cabotin, oui, mais pas flambeur », admet celui qui est l'ami de Platini et de Belmondo et qui en 1983 a reçu de Mitterrand, la Légion d'Honneur.
Source La Dépêche du Midi Silvana Grasso
Le Pèlerin