Le Château de Montségur, ce qu’il en reste, ce qu’il était…
Le château fut remis à Guy de Lévis, seigneur de Mirepoix. Celui-ci y établit un poste d'hommes d'armes qui fut maintenu jusqu'au XVIème siècle et qui conserva ce qui demeure du château.
On avance que ce serait dans les salles romanes de Montségur, aujourd'hui enfouies sous les débris des murailles, qu’auraient été composées les premières pages de « L'imitation de Jésus-Christ », ouvrage écrit par Joan de Cabanac, au dire de Renan.
Château de Montségur a été classé monument historique en 1862. II y a quelques années, il a fait l'objet de réparations sérieuses, car les intempéries et les arbustes qui s'accrochaient dans les murailles, menaçaient de détruire à jamais ces restes imposants qui évoquent les plus tragiques souvenirs.
Jeté à 1207 m d’altitude au sommet de son roc colossal, le château n'est guère accessible que du coté sud. Le sentier qui conduit à la porte d’entrée grimpe d'abord à travers les éboulis et les buissons revêches, surplombe un moment le précipice vers le levant, se redresse ensuite vers le nord et, taillé à même les rochers, franchit un passage difficile en décrivant des zigzags. C'est là qu'on voit encore les vestiges de la barbacane. Le sentier débouche bientôt dans une petite esplanade doucement inclinée qu'ombragent des noisetiers, et aboutit à la porte d'entrée. Celle-ci était fort endommagée avant les récentes restaurations : les pieds-droits étaient démolis et portaient les traces du feu. Elle est bâtie en arc surbaissé et mesure 4 m de haut et 2 m de large. A 4 m au-dessus de l’arc on voit 5 corbeaux qui dépassent et qui étaient destinés à recevoir les jambages des hourds. On voit aussi deux coulisses carrées qui recevaient les barres de consolidation des battants qui se fermaient du dedans, et le montant de droite a porté longtemps les traces de gonds arrachés.

L'intérieur de la forteresse n'est plus qu'un amas de ruines étouffées par la végétation. Le plan ressemble vaguement à une sorte de crosse de fusil dont la plaque de couche se trouve à l'est. Les murailles suivent l'arête du rocher dont elles épousent la crête, sauf une plate-forme, vers le nord-est, qui s'avance d'une trentaine de mètres au-delà des murailles, comme il a été déjà expliqué. A leur pied, les murailles ont environ deux mètres d'épaisseur. Elles sont bâties en assises régulières avec des pierres de moyen appareil, arrachées, travaillées et façonnées sur place. Le talus de la pente monte régulièrement depuis le pied jusqu'à la quatorzième assise.
Les pierres s'enfoncent profondément, ce qui donne à la cons truction une grande solidité. Les assises sont en plein cintre comme les fondations antiques.
La forteresse n'est plus aujourd'hui qu'un squelette. Il serait aujourd’hui malaisé de se faire une idée de ce qu'elle était d'après son état actuel. On voit encore, à l'intérieur, les traces des escaliers qui flanquaient les murailles pour le service des chemins de ronde et des courtines, les trous de boulins qui soutenaient les planchers, et aussi les fondements d'un couloir qui allait de la porte du sud à celle du nord et qui séparait, sans doute, les logements. Le tas de pierres qui se voyait vers le centre semblait indiquer l'emplacement des bâtiments qu'habitaient les maîtres du château et leurs serviteurs. Aux deux extrémités on voyait encore, au siècle dernier, deux tours carrées sans fenêtres, et décapitées.
Vers l'ouest, l'extrémité de la forteresse était occupée par le donjon qui abritait, au ras du sol, la citerne et la chambre aux provisions, voûtée. Sur la muraille qui regarde à l'ouest se voit encore la trace d'une toiture à double pente dont le pied rejoignait, au moyen d'une noue, une autre pente qui recouvrait le chemin de ronde de la courtine. Cette noue recueillait l'eau de pluie et la conduisait dans la citerne. Cette même muraille est percée de deux ouvertures : l'une, un peu au-dessus de la toiture, faisait communiquer l'étage supérieur du donjon avec le chemin de ronde; l'autre, au niveau actuel des débris du donjon, est une meurtrière; agrandie et en partie éboulée naguère. Au-dessous de cette meurtrière on voit, en dehors, une gargouille à double chenal qui faisait communiquer la salle du donjon, qui se trouvait au ras du sol, avec la cour du château.
Le donjon se composait de deux pièces séparées par un mur qui s'est écroulé. La première était la chambre aux provisions. La voûte, construite en berceau à arc brisé, n'est effondrée il y a peu de temps; on peut voir encore, sur les murailles, les traces bien apparentes de cette voûte. La salle, carrée, mesure 6 m de côté. Sur les deux façades qui regardent le nord et le midi, se présentent deux archères ébrasées qui mesurent 1,45m de haut et 80 cm de profondeur; le plafond en est soutenu sous une corniche à profil perdu. Dans un angle de cette salle se voient encore les ruines d'un élégant escalier à vis qui conduisait aux salles supérieures du donjon. C'est ce qui reste de mieux conservé dans l'architecture du monument. Trois petites ouvertures, l'une au-dessus de l'autre, sont demeurées intactes dans la tour de l'escalier. Le premier étage du donjon était éclairé au moyen de deux fenêtres qui se voient encore au-dessus des traces de la voûte effondrée.
La seconde salle, où était la citerne, occupait la partir lu donjon qui regarde le couchant. Les quatre murailles du donjon s'élèvent de plusieurs mètres au-dessus des autres murailles de la forteresse.
Sur la façade sud, la muraille avait été démolie en deux endroits, au ras du sol, comme si on avait arraché les pierres. Ceci devait être le point où la barbacane venait se souder à la forteresse. Quelques pierres façonnées qui dépassent laissent supposer qu'un escalier, construit en dehors, faisait communiquer la barbacane avec le chemin de ronde.
À suivre
Source : l’Ariège et ses Châteaux féodaux (éditions Résonances)
Suite : L’environnement du Château de Montségur
Le Pèlerin