Algérie - Pour une politique industrielle plus hardie
Les effets d'une telle situation ont été essentiellement ressentis par notre appareil économique après l'entrée en vigueur de l'Accord d'association avec l'Union européenne en septembre 2005. La révision de quelques clauses de cet Accord en 2009 sur initiative de l'Algérie fait partie de ce mouvement général initié par le gouvernement vers des investissements productifs, créateurs d'emplois et de valeur ajoutée. Cette politique semble payante lorsqu'on considère par exemple la manière avec laquelle le partenaire français revient à de «meilleurs sentiments» dans le domaine des investissements sollicités par l'Algérie.
En janvier prochain, une réunion entre le gouvernement algérien et l'Union européennes va débattre de nouveau la demande de l'Algérie de renvoyer l'échéance de démantèlement tarifaire total pour les produits en provenance du territoire de l'Union à 2020 au lieu de la première date fixée à 2017.
Sur le plan de la stratégie interne conçue en direction de la relance économique, la nécessité de diversifier au maximum les recettes budgétaires en dehors de la sphère des hydrocarbures dépend de la vision et du plan que les autorités politiques et les gestionnaires de l'économie nationale comptent faire valoir dans la réhabilitation du tissu industriel national et dans la création de petites et moyennes entreprises. Le recul de la production industrielle du secteur public est une réalité établie par les statistiques officielles, soit -11% au cours des trois dernières années. La transition semble, dans ce domaine, trop longue. Une multitude d'hésitations ont pesé de tout leur poids sur le projet de la relance industrielle du pays. Du «tout privatisable», annoncé au début des années 2000, aux nouveaux assainissements financiers, les gestionnaires-décideurs du secteur industriel ont versé dans plusieurs valses-hésitations.
A l'occasion de la publication de son livre, Abdelhamid Temmar, actuel ministre de la Prospective et des Statistiques et ancien ministre de la Promotion des investissements, vient de revenir sur la scène médiatique en «déplorant» que la politique de la privatisation n'ait pas été menée jusqu'au bout.
Au cours des cinq dernières années, et pour l'ensemble des secteurs porteurs d'espoirs d'une relance de l'économie nationale, les pouvoirs publics ont identifié les plus importants blocages qui ont hypothéqué jusqu'ici les grands flux d'investissement que notre pays est en droit d'attendre dans une conjoncture qui était exceptionnellement propice – du moins jusqu'avant la crise financière mondiale – sur le plan des finances publiques et de l'équilibre des grands agrégats économiques. Le traitement des dossiers d'investissements par l'Agence nationale du développement de l'investissement ne semble pas donner tous les résultats escomptés. Les projets entérinés et validés par cette agences n'aboutissent pas automatiquement. Le processus de montage peut s'arrêter à n'importe quel moment au vu d'une bureaucratie tatillonne et d'un climat des affaires peu propice à l'investissement. Chargée depuis 2009 de suivre la réalisation des projets sur le terrain, l'ANDI peut jouer aujourd'hui son rôle en agissant par la suppression des avantages fiscaux consentis aux investisseurs de mauvaise foi.
Sur un autre plan, le gouvernement compte réviser le code des investissements pour fluidifier davantage les procédures et faciliter la réalisation des investissements créateurs d'emplois, de richesse et de ressources fiscales. Car, tôt ou tard, le gouvernement se retrouvera, sur le plan de la gestion du budget de l'Etat, dans une position inconfortable où il sera amené à faire appel à d'autres ressources fiscales autres que celles assurées par les hydrocarbures. Comme le recommandent des experts, la fiscalité issue des hydrocarbures ne devrait être qu'un appoint à ce qui sera considéré à terme comme le véritable moteur de l'économie (agriculture, agroalimentaire, tourisme, manufacture,…).
Source Les Débats Saâd Taferka
Le Pèlerin