Société. L'art de la séduction est pratiqué à Toulouse, avec ses codes et ses lieux.
Tour d'horizon sur ce phénomène que ne dédaignent pas les femmes.
Les terrasses de café restent un lieu de drague qui ne se démode pas
Comme beaucoup de villes du sud, Toulouse n'est pas timorée en matière de drague. Que ce soit dans des lieux classiques, comme les transports ou les salles de sport ou dans des endroits comme les terrasses de cafés ou les discothèques, rentrer en contact revêt une large palette jamais épuisée. Cet art de la rencontre possède ses codes, ses références, selon les âges et la personnalité de chacun. On ne drague pas en 2009 comme on draguait en 1970 : les codes ont changé au fil des années. En 2009, on n'offre plus un verre à l'élu(e), mais on donne son site à celui ou celle qu'on veut attirer dans sa toile. Au XXIe siècle, on drague aussi sur Meetic ou par SMS, se mettant à l'abri, croit-on, d'erreurs de casting. Œillade et salsa…
Autre nouveauté qui s'installe, les femmes draguent de plus en plus, exprimant avec aplomb à la gent masculine leurs désirs dans le jeu de la séduction. Ce qui n'est d'ailleurs pas pour déplaire aux hommes, ravis de se faire courtiser quand cette audace ne les effraie pas. Petite consolation pour les acharnés du romantisme absolu, offrir une rose séduit encore une femme, toujours flattée par ce geste délicat. Enfin, le regard et la façon de bouger, restent tous sexes confondus, les meilleurs atouts de drague : de l'avis de tous, une œillade et une salsa déhanchée peuvent en dire long sur la suite à donner à une rencontre d'un soir.
Les filles aussi s'y mettent !
En 2009, les filles sont audacieuses et ne jouent plus les timorées. Elles draguent, osant affronter celui qui leur plaît : « Quand un garçon nous attire, les filles ont des codes bien précis, précise Laetitia, 22 ans. Si on veut simplement rentrer en contact, on amorce un petit sourire et on enroule une mèche de cheveux autour de son doigt en le regardant droit dans les yeux. Le garçon concerné comprend très vite. Si on désire un peu plus, autre code : On passe sa main dans les cheveux l'air détaché, bien sûr ». Les hommes ne se plaignent pas de cette séduction amazone, bien au contraire : « J'adore me faire draguer, n'hésite pas à dire Jean-Roch, 46 ans, directeur de restaurant. C'est flatteur et j'aime jouer avec le feu. Dans mon métier, je fais beaucoup de rencontres, j'entretiens cette flamme très souvent sans l'éteindre. C'est plus bien plus excitant ». Selon certaines, les femmes auraient pris le flambeau de la drague, parce que les hommes n'assurent plus : « Ces messieurs ont peur. Certains repères leur échappent. Désormais, c'est la femme qui décide », note Sophie, les yeux pétillants de celle qui gagne.
les lieux classiques
La salle de danse : le contact physique entre deux partenaires au cours d'une danse facilite le rapprochement. Chez Raymond, il n'est pas rare de voir des couples se former. « Ils arrivent seuls mais repartent main dans la main. La danse facilite les tentatives d'approche, les corps se touchent, une confiance s'établit rapidement entre les deux partenaires », explique le professeur. Chaque année, cinq mariages sont célébrés grâce aux leçons de Raymond.
La salle de sport : l'effort physique attise les appétits comme le confesse Pascal, coach sportif : « À la fin d'une séance très intensive, nous organisions un apéro-dinatoire. Deux femmes qui avaient assisté à mon cours sont venues me voir en me disant : vous nous avez donné faim, est- ce qu'on peut passer à table maintenant ? »
Au travail : les rapports entre collègues quittent parfois le cadre professionnel. C'est ce qui est arrivé à Sophie. « Un jour sur ma boîte mail je vois un message de mon supérieur disant tu es très séduisante aujourd'hui ». S'en suit une longue romance.
Parfois ce sont les clients qui font du charme aux vendeuses comme cette coiffeuse à qui un habitué du salon a offert un énorme bouquet de fleurs.
Les transports en commun : les métros et les bus sont des lieux prisés par les dragueurs : Nadine lisait un livre quand un homme l'a abordé en lui disant « Est ce que tu voudrais partager une page de ton livre ou un moment de ta vie avec moi ? »
Le supermarché : faire ses courses en draguant permet de joindre l'utile à l'agréable : « Une jolie fille n'arrivait pas à attraper un produit placé en hauteur, je l'ai aidée en lui disant que c'était l'avantage d'être grand. C'est comme ça que j'ai pu entamer la conversation », raconte Jean.
Les lieux de l'été
En été, la chaleur, la lumière rend les corps plus désirables. On vit dehors et la rencontre prend une autre saveur : « Draguer en terrasse est un pur bonheur, remarque Franck, 41 ans, responsable de bar, qui chaque jour, peut témoigner du fait. Aujourd'hui, la drague en terrasse passe par la musique. On se branche sur un morceau et on entame la conversation. On peut aussi draguer sur la préparation d'un cocktail en échangeant son site ». Autre lieu, autre code : les bancs publics. Même si le mobilier urbain si cher à Georges Brassens a perdu un peu de son romantisme, question drague, ça marche plutôt bien. Rue d'Alsace, ce mobilier a ses adeptes : : « Je viens ici chaque jour vers 19 heures, avoue Cédric, 18 ans. Je mate les nanas qui sortent du métro. Si j'en vois une qui me plaît, je me lance. En attendant, je suis assis, c'est cool ». Et puis il y a les incontournables lieux estivaux : Toulouse plage est de ceux-là. Si on oublie l'aspect familial, l'espace est aussi un lieu de drague incontournable : « Les transats sont un excellent moyen pour draguer, note un fidèle de l'endroit. On s'allonge, le regard perdu au loin et on engage la conversation avec sa voisine d'à côté, si elle vous plaît bien sûr. On parle du paysage, du fleuve, ça marche très souvent ». Hyper glamour, l'Envol à Lasbordes est le rendez-vous idéal pour se confronter à de jolies filles version magazine mais aussi à de beaux garçons, bronzés, athlétiques, en un mot bien dans leurs baskets : « Je suis célibataire et j'y vais avec ma copine, c'est un peu notre petit plaisir d'été », lance Magali, belle blonde, qui attend le Prince charmant si possible riche ! Enfin, les discothèques sont toute l'année réputées pour la rencontre. Que ce soit au Purple ou au Studio One : « Le regard et la façon de danser restent toujours les meilleurs atouts pour draguer ». Propos de spécialiste.
Source La Dépêche du Midi
Le Pèlerin